Pour déjouer les pronostics et accéder directement aux 8es de finale de la Ligue des champions, le LOSC a su s'appuyer sur tout son groupe, jonglant avec brio entre blessures, suspensions et calendrier surchargé. Éléments d'analyse.
Interrogé mercredi 29 janvier après la victoire contre le Feyenoord de Rotterdam 6 - 1, l'entraîneur nordiste, Bruno Genesio remarquait : "Je ne pense pas que beaucoup de gens auraient pu croire à ça." Au coup de sifflet final d'une soirée européenne comme le Stade Pierre-Mauroy en a rarement connu, le coach en convenait : la qualification directe de son LOSC pour les huitièmes, obtenue en finissant 7e sur 36 au bout d'un parcours du combattant, était à l'origine "inespérée".
5 victoires, 2 défaites et 1 nul
Tout au long de cette phase de ligue, le club nordiste a surpris, réussissant des exploits face aux deux clubs de Madrid, le Real (1-0) puis l'Atlético (3-1), des performances solides contre la Juventus (1-1), et convaincantes à Bologne (victoire 2-1) et face à Sturm Graz (victoire 3-2), avant l'apothéose contre Feyenoord (6-1) mercredi 29 janvier 2025. Au total, après les barrages de l'été, gagnés contre Istanbul et Prague, le LOSC a enchaîné les bonnes performances, cumulant 5 victoires, 2 défaites et 1 nul dans la phase de ligue.
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"Franchement, quand il y a le tirage, on ne se dit pas top 8", admet Lucas Chevalier, le gardien de but lillois. "On s'est dit qu'on allait chercher les barrages, (...) on savait qu'avec deux trois victoires, on pouvait faire le truc. L'ambition est montée au fur et à mesure. On se surprend aussi soi-même parce qu'on voit qu'on a un regain d'énergie à chaque fois, qu'il y a un supplément. C'est vraiment une sensation très agréable de sentir que, même à un moment donné où ça peut paraître un peu compliqué, on s'en sort."
Rotations permanentes, réussite constante
Jamais leur entraîneur n'a aligné le même onze lors des huit rencontres, surprenant jusqu'aux suiveurs les plus assidus du club. La fête finale de cette phase de ligue l'a encore confirmé : Jonathan David et Hakon Haraldsson, les deux meilleurs atouts offensifs du LOSC, étaient encore dans la manche de Genesio au coup d'envoi, tout comme Gabriel Gudmundsson, d'ordinaire incontournable.
Le technicien de 58 ans avait préféré relancer Mohamed Bayo en pointe et Angel Gomes en soutien. Pari réussi, comme à Madrid où Lille avait renversé l'Atlético avec trois jeunes qu'on avait très peu vus jusqu'à présent : Matias Fernandez-Pardo, Ngal'ayel Mukau et Ousmane Touré.
"Ménager, redonner du temps de jeu"
"On est l'une des équipes qui a le plus joué en Europe depuis le début de saison, j'ai besoin de ménager les uns, les autres, redonner du temps de jeu aussi à des joueurs qui en ont besoin", justifie Genesio. J'ai aussi des joueurs en qui j'ai confiance et qui doivent se montrer parfois."
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Au terme de cette première phase, jamais les absences de joueurs majeurs pour certains matchs n'ont semblé affaiblir Lille.
La réussite du LOSC doit beaucoup aux coups de maître et aux rotations impeccables de son entraîneur, qui a accroché à son palmarès d'autres grands noms des bancs européens comme Carlo Ancelotti (Real Madrid) et Diego Simeone (Atlético Madrid) au passage. Après la rencontre, durant la liesse collective qui a suivi l'annonce de la qualification, son nom a été chanté à tue-tête par les ultras du club.
Un mental né le 19 mai dernier
Mais le mérite en revient à "l'esprit de ce groupe", selon le Lyonnais, dont les "joueurs appliquent à la lettre la plupart du temps les consignes tactiques, sont très bien préparés athlétiquement" et bénéficient d'"un petit peu de réussite dans certains matchs".
Étincelant sur la plus grande scène européenne au point d'être appelé en Bleu pour la première fois, Lucas Chevalier cite comme genèse la désillusion d'une fin de saison gâchée contre Nice en mai dernier sur cette même pelouse, où un match nul rageant (2-2) avait fait tomber les Nordistes du podium.
"Il faut se rendre compte aussi de la situation le 19 mai 2024 quand Nice climatise le stade, on se dit que ça passe à la trappe et au final, c'était un mal pour un bien", analyse-t-il. Alors plongé dans l'amertume, ce groupe s'est forgé un mental d'acier, parvenant, dans un premier temps, à rallier la plus prestigieuse compétition européenne entre clubs après un troisième tour de qualification et des barrages, ce qui est rare pour une formation française. Les Dogues étaient lancés, ils ne se sont plus arrêtés depuis.
Avec AFP