Sedan : ils dénoncent la réalisation d'un téléfilm sur Michel Fourniret, "c'est odieux pour les familles de victimes"

Une quinzaine de personnes ont participé ce samedi 5 septembre à Sedan (Ardennes), à une première manifestation contre la réalisation d'un téléfilm "La Traque" sur Michel Fourniret. Par égard pour les familles des victimes. 

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150 personnes étaient annoncées ce samedi 5 septembre 2020 après-midi, pour cette marche dans les rues de Sedan (Ardennes) contre la réalisation d'un téléfilm sur le tueur en série, Michel Fourniret, originaire des Ardennes. Ils n'étaient finalement qu'une quinzaine à s'être mobilisés. L'idée de manifester contre ce projet de téléfilm a germé dans la tête de Marie-Thérèse Fraiture. Une Sedannaise qui n'a pas eu d'enfant et qui veut éviter la peine que ce film va causer aux familles. Avec son chapeau noir et ses banderolles, elle crie son indignation sous le regard des passants. 

"Je pense énormément aux familles, confie la quinquagénaire. Yves Rénier, le réalisateur, a commencé à tourner en août, est ce qu'il y a déjà une bobine d'enregistrée ? Je veux que ce film ne soit jamais diffusé à la télé. Je me mets à la place des familles, elles découvrent ça à la télé. Vous voyez pas un peu ? C'est encore trop récent. Cela fait des années que Fourniret sévit et son procès n'est même pas fini". 
 

"La mésange et l'ogresse"

Le téléfilm en question dans lequel le comédien Philippe Torreton incarnera Fourniret, s'intitule "La Traque" et sa date de sortie n'est pas encore connue. Le synopsis permet de se faire une idée de ce qui sera proposé aux téléspectateurs. L'histoire débute le 26 juin 2003, Michel Fourniret est arrêté pour tentative d’enlèvement sur mineure. Il ne risque, au mieux, que quelques mois de prison. "Pourtant les policiers sont convaincus d'avoir affaire à un tueur en série. Mais ils n'ont aucune preuve... Fourniret n’avoue rien, ne craque pas. Une personne, pourtant, doit savoir : sa femme, Monique Olivier. Que sait-elle ? Est-elle témoin ? Complice ? Mais surtout comment la faire parler ?  Le compte à rebours commence et s’engage alors une véritable traque psychologique pour faire tomber l’un des serial killers les plus célèbres et énigmatiques de l’histoire". Le téléfilm est tiré de l'ouvrage "La mésange et l'ogresse", d'Harold Cobert.

Ce samedi de septembre, masquée comme tout le monde, Claudette est venue manifester de Givonne. Par amitié pour Marie-Thérèse et parce qu'elle a des amis qui habitaient à côté de chez Fourniret. Ils les cotoyaient de près, "c'est honteux, lorsque on fait des horreurs pareilles de faire des films. Alors que des familles sont dans le deuil. La famille de cette jeune fille de Sedan est encore là. Piur eux, je pense que c'est notre devoir de manifester contre ce film". 
 


"C'est trop tôt"

Un peu à l'arrière dans le cortège. Trois Sedannaises sont venues pour défendre les familles, Elyane et Marie-Thérèse ont elles-mêmes des enfants, et elles ont connu la petite victime, de Michel Fourniret. "On la voyait partir à l'école. C'est un manque de respect pour les victimes, de faire de l'argent là dessus. De donner du crédit à Fourniret, il n'en vaut pas la peine, il est content d'entendre parler de lui, ça lui donne de l'importance. L'instruction est encore en cours. Peut-être dans quinze ans, mais là, c'est beaucoup trop proche des faits pour en faire un film aujourd'hui". 

Les souvenirs de "l'ogre des Ardennes" sont encore bien présents. "On habite à Sedan, ici encore, beaucoup de gens le connaissent ou sont allés en classe avec lui. Il a sévit devant la médiathèque de Sedan , dans des endroits qu'on connait bien, ça fait froid dans le dos. S'il le sait qu'un film se prépare, il doit être heureux". Remonté, le petit cortège est bien conscient que sa taille ne pourra empêcher le tournage. "Mais s'il faut manifester une nouvelle fois, on sera là assure Marie-Thérèse. 
 

Au-dela du fait que Fourniret soit Ardennais. On touche à l’odieux. Je trouve ça déplacé. Je comprend que des gens manifestent, on va raviver des douleurs extrêmes, or les tueurs n’ont pas de patrie.

Didier Herbillon, maire de Sedan



Contacté, le maire (PS) de Sedan partage l'émotion des manifestants. Si Didier Herbillon est sceptique sur le pouvoir de cette manifestation, il reconnaît que "ça pose question. Ce qui m’attriste dans cette affaire, c’est que on va quand même raviver les souvenirs des proches des victimes, des moments douloureux. Ces familles n’ont pas besoin de ça. On va mettre en valeur un assassin tueur en série. C’est encore trop frais trop proche dans les têtes. Qu’il y ait un documentaire, pourquoi pas, mais là c’est une interprétation, je crains le pire, on va pas mettre en vedette ce type là !"

Le lourd dossier sur Michel Fourniret a connu un nouveau rebondissement début septembre, dans l'enquête sur la petite Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes, en Seine-et-Marne. Des traces ADN partielles d'Estelle Mouzin ont été retrouvées à deux endroits différents sur un matelas saisi dans l'ancienne maison de la sœur de Michel Fourniret à Ville-sur-Lumes, dans les Ardennes. "La juge attend le retour des analyses de certains éléments", a révélé vendredi 4 septembre sur franceinfo Éric Mouzin. "Je pense qu'elle va confronter le couple à ces éléments-là pour essayer de leur faire préciser à la fois la chronologie et l'implication des deux intervenants dans la disparition d'Estelle."

Et cette fois ce n'est pas un film, mais la vraie douleur d'un père. 

 
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