Le vidéaste Samuel Mangin est l'un des 30 finalistes du Wonder France Festival, une compétition de vidéos réalisées pour promouvoir le patrimoine historique et naturel de la France. Son incroyable vidéo en drone du château-fort de Sedan a été rendue publique le lundi 20 septembre.
Si vous ne connaissez pas Samuel Mangin, un vidéaste de 26 ans originaire du département des Vosges, peut-être avez-vous vu sa vidéo. Elle présente d'une façon originale et assez technique le château-fort de Sedan (Ardennes).
La vidéo a été réalisée à l'occasion du Wonder France Festival, qui propose un concours de vidéos visant à valoriser le territoire national. La vidéo de Samuel Mangin, qui réalise depuis 2019, est l'une des 30 sélectionnées pour la finale. Elle a été rendue publique le lundi 20 septembre 2021, et les récompenses seront décernées le lundi 11 octobre.
Samuel Mangin a utilisé un drone FPV (pour first person view, vue à la première personne). Il avait donc l'impression d'être dans le drone lors du survol du château, du sommet du donjon jusqu'aux souterrains garnis de torches. Pour un résultat époustouflant (visible en vidéo ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a questionné Samuel Mangin sur sa participation au concours, et son tournage dans ce qui est souvent qualifié de plus grand château-fort d'Europe.
Comment vous êtes-vous retrouvé à participer à ce festival ?
"J'ai vu passer une publication sur Instagram comme quoi le château de Sedan cherchait un vidéaste pour réaliser une vidéo en lien avec le festival. Mettre en avant leur château pour ce festival. La participation était libre."
Que représentait pour vous ce château ?
"Comme c'était le château de Sedan, que je ne connaissais pas d'ailleurs, j'ai postulé car j'avais très envie de faire une vidéo dans un château. C'est ce qui m'a motivé. En me renseignant un peu, j'ai vu que c'était le plus grand château-fort d'Europe en comptant toute la structure. Je me suis dit qu'il était dans le Grand Est - je suis dans les environs de Metz - et je me suis donc penché dessus. J'ai été interloqué : ne pas le connaître alors qu'il est si proche [voir sur la carte ci-dessous; ndlr] et si grand..."
Qu'est-ce qui vous a marqué dans ce château lors de votre tournage ?
"Déjà, à peu près tout sur son histoire. Comme je ne savais pas qu'il existait, tout était une découverte. Son architecture aussi : c'est un château impressionnant, ses murs... Les plus épais font, je crois, plus de 20 mètres d'épaisseur. C'est un château-fort... au sens propre."
Comment s'est passé le tournage ?
"Ça a été tourné à la mi-août. Vu le temps, ça a été assez compliqué de gérer le planning météo. La vidéo a été filmée sur l'idée d'un plan-séquence - mais ce n'est pas un plan-séquence car il y a des coupures comme tout le monde le sait - mais l'idée était de faire une vidéo immersive. D'où l'utilisation des drones FPV, qui permettent de filmer de manière bien plus dynamique et immersive que les drones classiques. Car ils n'ont pas de barrières, je peux m'approcher du sol ou d'un personnage tout en ayant un contrôle en direct, via mes lunettes. Je vois ce que le drone voit."
L'idée était de faire une vidéo immersive
Détail technique : comment avez-vous fait voler votre drone lors du plan en souterrain ?
"Les gros murs très épais dans le château de Sedan peuvent bloquer les ondes du drone. Je n'étais donc pas très loin : j'étais derrière les acteurs. Je fais sortir le drone de quelques mètres, puis je suis obligé de couper, car ça commence à perdre le signal. J'étais dans la pièce du jeu de paume, située derrière ce couloir. Quand le drone arrivait dans la cour extérieure, là où il y a les canons, le signal commençait à se dégrader. J'arrêtais le vol à ce moment-là. Ceux qui connaissent le château ne se font pas avoir, parce qu'ils savent bien qu'en sortant du couloir, on ne tombe pas sur le trébuchet."
Quelles autres difficultés techniques avez-vous dû gérer ?
"J'ai plutôt eu de la chance... Il y avait plusieurs contraintes quand même. Comme on filmait un jour d'ouverture - à 10 heures - il fallait tourner de 8 à 10 heures, c'est très restreint. Il y avait aussi l'histoire du vent, du soleil... Le plan final aussi, où la caméra est filmée au carreau d'arbalète : il lui fallait une trajectoire lisse sans perturber le vol. On a eu la bonne prise après trois-quatre essais. Mais tout s'est bien passé. Il a fallu pas mal de temps - une dizaine d'heures - pour le montage : soigner les transitions, effacer l'ombre du drone projetée sur les murailles quand il passe au soleil, recréer les bruits car aucun son n'est enregistré pendant la prise à cause des vibrations du drone. Il y a eu une bonne dizaine de versions."
Pourquoi ce drone était le meilleur outil pour votre travail ?
"Le drone classique n'a rien à voir avec le drone FPV. Tout ce que j'ai fait dans cette vidéo, le drone classique n'aurait pas permis de réaliser 1% des plans présents. C'est super intéressant d'avoir un outil qui peut à la fois filmer au sol - le plan dans les souterrains avec les torches - et prendre de la hauteur. Au début de la vidéo, je m'approche d'un cheval, ce qui demande du contrôle. J'ai eu de la chance : c'était un cheval qui avait déjà dû voir des drones."
C'est super intéressant d'avoir un outil qui peut à la fois filmer au sol et prendre de la hauteur.
Qui sont les figurants costumés qu'on aperçoit dans la vidéo ?
"C'est la Compagnie des chasseurs de dragons de Sedan. Ils font de la reconstitution médiévale et je les ai contactés. C'était super car ils avaient les costumes, les arbalètes... Et savaient manier l'épée. Et à cette période, il y avait aussi des spectacles de reconstitution de joutes, de chevaux. Je suis allé les voir un peu au culot, ce n'était pas prévu. Et les participants ont aussi bien voulu se prêter au jeu."
Que vous procure cette participation au festival ?
"Ma sélection fait plaisir, ça montre que mon travail a plu. Quand il avait été diffusé sur la page Facebook du château, ça avait aussi plu. Il y avait un bel accueil du public. Originellement, j'ai fait ce concours sans vouloir le faire puisque j'ai vu cette recherche du château de Sedan. Ce n'était pas forcément ma première recherche : c'était avoir les clés du château qui m'importait. Mais maintenant que j'y suis, la visibilité apportée, c'est super. Et ça m'a permis de faire un pas - j'espère le premier d'une longue série - dans la vidéo de patrimoine : le type de vidéo qui me tient à coeur avec celles de sport extrême. Prendre en pleine face dix siècles d'architecture, la mettre en lumière, c'était fantastique."