Gauvain Sers, le chanteur des "oubliés", commence sa tournée nationale dans les Ardennes

Chanteur limousin, Gauvain Sers donne le premier d'une série de 28 concerts à Vouziers (Ardennes), ce jeudi 2 mars. France 3 Champagne-Ardenne a rencontré celui dont la tournée sillonnera les quatre coins du territoire français jusqu'au au dimanche 16 avril.

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Gauvain Sers, c'est un univers musical qui parle à beaucoup de Français et de Françaises. Il s'inspire beaucoup des réalités quotidiennes rencontrées par la population. Comme il vient des campagnes de Creuse, France 3 Limousin l'avait longuement suivi.
Sa chanson, Les Oubliés, raconte avec affection l'histoire d'une petite école rurale. Alors certaines et certains ont surnommé le chanteur "La voix des oubliés", reprenant son oeuvre quand se multiplient les annonces de suppressions de classes... après, dans un premier temps, les fermetures de boulangeries ou encore les départs de médecins non-remplacés (écouter la chanson via le lecteur vidéo ci-dessous).

Dans la petite commune de Vouziers (Ardennes), de moins de 4.200 âmes, beaucoup font le déplacement à la salle des fêtes pour venir l'écouter. La date du concert de ce soir, jeudi 2 mars 2023, affiche complet. Il y en a 27 autres dans toute la France, jusqu'au dimanche 16 avril.

Tournée intimiste

Au micro de Clément Barbet, journaliste-présentateur de France 3 Champagne-Ardenne, l'auteur-compositeur-interprète a les yeux qui pétillent alors qu'il se trouve à quelques heures du premier concert d'une bonne série. "Je suis très heureux de démarrer une nouvelle tournée. C'est hyper excitant."
"L'idée de cette tournée, c'était de faire quelque chose de très intimiste." D'où le format acoustique, avec une minuscule poignée de musiciennes et musiciens : c'est un véritable nouveau spectacle, recommencé de zéro, différent de ce qui a déjà été vu de l'artiste auparavant.
L'idée également, c'est "une plus grande proximité avec le public. On peut aller dans des endroits où on ne peut pas forcément aller quand on est avec l'équipe au grand complet." Il est vrai qu'on imagine peu, par exemple, Big Flo et Oli, dotés d'une grosse équipe très habituée des Zéniths, venir se produire à la salle des fêtes vouzinoise.

"On peut jouer dans des salles à taille humaine. C'est le genre de lieux que j'aime beaucoup. Parce que je crois que les chansons s'y prêtent assez bien. On sera trois sur scènes, avec des guitares, pour raconter ces histoires." L'objectif assumé est de "faire voyager, rêver les gens pendant une heure-et-demie".
Interrogé sur l'étiquette de "chanteur de la France rurale" qu'on lui accole parfois, Gauvain Sers explique s'en accommoder en partie. "Dans un sens, c'est une partie de mes chansons, c'est clair. J'ai grandi dans un tout petit département au milieu de la France. Forcément, toute cette enfance et mes racines, mes souvenirs que j'ai là-bas m'ont donné plein de sujets de chansons."

Pas besoin d'opposer Guéret et Paris

"Maintenant, ça fait dix ans que j'habite à Paris", tient aussi à souligner le chanteur. "Je fais aussi des chansons plus parisiennes, on va dire. J'essaye un peu de réconcilier, de ne pas les opposer." Sans oublier d'ajouter qu'"à Paris, la plupart des gens vient de la France rurale."
La chanson Les Oubliés mentionne d'ailleurs des ministres et conseillers au sommet de l'Etat, "pour qui les enfants ne sont que des chiffres", fermant des petites classes dans les campagnes. Oubliant un peu vite qu'ils y étaient eux-mêmes assis quelques décennies auparavant.
Autre point soulevé par Gauvain Sers, tout sourire : la "revanche de cette France-là, mise un peu de côté, mais qui vit plutôt de belles heures après la crise sanitaire qu'on a passé. Beaucoup de gens changent de métier, y déménagement. Parce qu'ils ont besoin d'un confort de vie supplémentaire."

J'essaye de parler de la vie de tous ceux que je peux rencontrer.

Gauvain Sers, chanteur-compositeur-interprète

"Moi, j'essaye surtout de parler des vrais gens. De la vie de tous ceux que je peux rencontrer, qui m'inspirent, qui me bouleversent." Le constituant principal, la "matière" de ses chansons, "ce sont donc ces gens ordinaires".  

Un cas d'école : "Les Oubliés"

Beaucoup de gens se retrouvent, notamment, dans la chanson Les Oubliés, l'un de ses titres les plus connus, et parfois repris dans des manifestations. Sollicité également par France 3 Champagne-Ardenne, le manager de Gauvain Sers, Thomas Bonardi, évoque "une chanson qui parle à beaucoup de gens subissant la désertification des campagnes, notamment, mais pas que. Il y a aussi des oubliés dans les villes. Cela ressemble plutôt à une désertification des services publics."
Au premier desquels figure l'école, centrale dans la vie d'une part majeure de la population (qu'elle envoie ses enfants à l'école ou qu'elle enseigne). Et objet de la chanson. Le sujet monte en force depuis le début du mois de février, les manifestations se multiplient. "Certains s'emparent de cette chanson-là, car elle raconte malheureusement l'histoire de la fermeture d'une école de campagne. Et ce contre le cours de la volonté des habitants du village, du maire, du professeur." 
Une récupération qu'il juge "plutôt naturelle. Cette chanson raconte avec beaucoup de tendresse, sans donner de leçon. Ce n'est pas un pamphlet politique, mais un constat social, tout simplement." Et les revendications s'étendent au-delà du milieu scolaire. "Depuis quatre ans que cette chanson est sortie, des infirmières, des hôpitaux, divers services publics s'approprient cette chanson. Il y a toujours eu des chansons dans les manifestations." 

Tout le monde aime Gauvain Sers

On pourrait croire que la population des campagnes adule particulièrement Gauvain Sers, mais ce serait laisser entendre que ce n'est pas le cas en ville. Et c'est justement le cas : on l'y apprécie beaucoup également, il ne plaît pas plus en campagne qu'en ville. "Il va partout", soutient Thomas Bonardi. 
"On constate que, et dans les grandes villes, et dans les plus petites, les gens sont là." Malgré l'époque qui est aux chansons assez châtiées, expédiées, ou tonitruantes, cet artiste-là détonne un peu "en parlant, avec énormément de tendresse, de la campagne". La chanson Sur ton tracteur raconte par exemple... tout simplement la vie de son voisin, dans la campagne où il a grandi. 
Même si l'artiste n'est pas paysan pour autant. Et ne s'adresse pas qu'à ce monde-là, mais à tout le monde. Et le monde le lui rend bien. "Il a des textes à la fois engagés, tendres, relativement accessibles. Qui font que ces chansons qu'on avait un peu perdues de vue - désuètes? ou d'une mode qui revient ? - reviennent."

Les gens dans les villes ou dans les campagnes sont heureux de retrouver quelque chose d'aussi accessible, où on va très vite comprendre et ressentir la tendresse et l'émotion des textes.

Thomas Bonardi, manager de Gauvain Sers

Le manager se garde bien "de juger", mais "constate" que "les gens dans les villes ou dans les campagnes sont heureux de retrouver quelque chose d'aussi accessible, où on va très vite comprendre et ressentir la tendresse et l'émotion des textes sans devoir toutefois rentrer dans des références complexes et trop intellectuelles. On sent que cette simplicité-là, cette popularité, touchent beaucoup les gens." 
À ce titre, la chanson Dans la bagnole de mon père est le meilleur exemple. Son thème : le jeu des plaques d'immatriculation, qu'on devait compter, deviner, retenir si on partait en vacances dans son enfance. Qu'il vienne de la campagne ou de la ville, beaucoup de monde est passé par là et s'attache à ce souvenir collectif. Une anecdote comme tant d'autres faisant partie de celles abordées par Gauvain Sers au cours de ses spectacles (à écouter via le lecteur vidéo ci-dessous).

Ces chansons, Renaud lui-même, maître du genre, ne les auraient pas reniées. "Il a été très touché par ses textes." Il a ainsi invité Gauvain Sers en première partie de sa grande tournée de 2016, intitulée Phénix Tour (plus de 70 dates). C'est ainsi qu'on a commencé à le connaître.
Tous et toutes ont alors pu découvrir le talent de cet artiste à qui on pouvait prédire un bel avenir. Ce fut le cas. Preuve en est de cette tournée initiée le 2 mars, "très dense", mais avec déjà la moitié des dates déjà complètes. "L'accueil est là, l'intérêt aussi. C'est un grand plaisir de pouvoir participer à cette aventure."

À retrouver lors de 28 concerts

Gauvain Sers donnera un autre concert à Fismes (Marne), le vendredi 3 mars. Ses autres dates impliquent plusieurs petites villes où les concerts ne sont pas forcément légion (toutes les voir sur la carte ci-dessous).

Après ses 6.800 kilomètres (à vol d'oiseau) de trajet, la tournée doit prendre fin pour une double-date à Guéret (Creuse), dans le Limousin natal du chanteur. Un égard seulement partagé avec Paris...

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