Aube : à Soulaines-Dhuys, le centre de soins pour animaux sauvages se prépare à accueillir des œufs de rapaces

Dans la Champagne méridionale, les rapaces, les écureuils et autres petits rongeurs ont leur « hôpital ». On y  soigne les animaux sauvages de l’Aube, de la Marne et de la Haute-Marne. A l'arrivée du printemps, on y organisera le sauvetage des oeufs de Busard. La couveuse est déjà prête.

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Ces dernières années, la "Venise verte de l’Aube", Soulaines-Dhuys, a fait beaucoup parler d’elle, à cause de l’implantation d’un centre d’enfouissement de déchets radioactifs, de faible et de moyenne intensité. Mais un Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement y est aussi installé. Il a permis l’ouverture d’un centre de soins pour les animaux sauvages du secteur, en 2018.

Cet hôpital dédié à la faune sauvage est soutenu par le C.P.I.E., qui le subventionne , mais il reçoit également des aides de la Région Grand Est. Les dons de particuliers et les collectes effectuées dans des magasins apportent une aide non négligeable. Pour accueillir jusqu’à plus de 200 animaux, les dons financiers, mais aussi les croquettes, cages, lessives ou sacs poubelle, sont très utiles. Pour s’occuper des petits malades, une équipe de trois soigneurs, complétée par une alternante, un stagiaire et une dizaine de bénévoles permet de faire fonctionner le centre sept jours sur sept. Le centre de soins peut aussi compter sur des vétérinaires-partenaires, dans plusieurs villes de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne. Bénévoles, ce sont des professionnels qui connaissent bien la vie sauvage. Ils peuvent, par exemple, intervenir pour effectuer un brochage sur une buse ou une chouette, blessée.

Les couveuses prêtes pour les œufs

Manon Fiaschi soigne les animaux au centre. Elle raconte avec enthousiasme et passion son quotidien. "On travaille, notamment, à la protection des Busards. Ce sont des oiseaux qui pondent à même le sol, parfois dans les champs. Quand des œufs sont repérés, parfois, on propose aux exploitants d’installer un grillage autour, pour éviter qu’ils soient écrasés par les tracteurs. Sinon, les agriculteurs nous les amènent. Dans les toutes prochaines semaines, on s’attend à accueillir une trentaine d’œufs. Au centre, où vont naître les oiseaux, on installe d’abord les œufs dans notre machine à incubation, puis en couveuse, et en box, après éclosion. Ils resteront ensuite en volière jusqu’à leur remise en liberté".

Mais ce n’est que lorsqu’ils sauront se nourrir que les busards seront relâchés. Du cœur, du foie, puis des os pour le calcium et enfin des poussins entiers à déchiqueter, comme dans la nature. La nourriture des jeunes buses est adaptée à leur évolution. En cette période, l’activité est particulièrement intense pour toute l‘équipe. La nursery fonctionne à fond, d’autant qu’il faut également s’occuper de blaireaux, renards, martres, écureuils et hérissons, nombreux à fréquenter "l’hôpital".

Gare aux coups de bec !

Les soigneurs ont beau être passionnés, ils doivent se montrer prudents. Ainsi, pour s’occuper d’un héron, il faut porter des lunettes de protection. Un coup de bec dans les yeux, ça ne pardonne pas. "Il faut aussi se méfier des serres des rapaces", dit Manon Fiaschi. "On est impressionnant pour eux, alors ils se défendent. Et puis, il faut faire attention aux maladies comme la rage ou la paratyphose. Cela nous amène à refuser un animal qui pourrait contaminer tout le centre".

Quand des animaux meurent au centre de soins, les soigneurs doivent les mettre au congélateur, en attendant le passage à l’équarrissage, pour alimenter des cheminées et produire de l’énergie. Quelques animaux peuvent toutefois être envoyés au Museum national d’Histoire naturelle de Paris. D’autre part, il y a des analyses, un suivi des chauves-souris, pour approfondir les connaissances sur cette espèce. « Le problème », pour Manon Fiaschi, "c’est que les gens ne sont pas conscients de l’importance qu’il y a à protéger la faune sauvage".

Pas question de ramener chez soi un hérisson ou un oiseau...Pour des espèces, en voie de disparition, on peut écoper d'une amende sévère et de quelques mois de prison, notamment en cas de récidive.

Manon Fiaschi, soigneur

 

L’attitude à adopter

Lorsque l’on découvre un animal, on ignore souvent la conduite à tenir. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est absolument interdit de ramasser un chevreuil blessé, par exemple. Il y a un risque de maladies à contracter et c’est considéré comme du braconnage.

"Pas question de ramener chez soi, un hérisson ou un oiseau", dit Manon Fiaschi. "Pour des espèces en voie de disparition, on peut écoper d’une amende sévère et de quelques mois de prison, notamment, en cas de récidive. Quand on nous signale une biche blessée, par exemple, on doit l’inscrire dans un fichier, à l’Office Français de la Biodiversité. Il en existe un dans chaque département. Quand on trouve un animal, il faut d’abord nous appeler (03 25 92 56 02), afin qu’on pose un diagnostic, que l’on donne des conseils. Si l’on n’est pas loin, on pourra venir le déposer au centre de soins. Sinon, un bénévole viendra le chercher".

Il existe quelques C.P.I.E., en France. La préservation de la faune sauvage fait partie de ses missions. A Soulaines-Dhuys, le centre de soins, qu'il soutient, reçoit toute la faune sauvage européenne, sauf le gibier, trop gros pour la structure. L’hôpital pour animaux sauvages dispose, tout de même, d’une infirmerie sur deux étages, de quinze box et de volières. L’équipe de soigneurs s’y consacre aux soins, uniquement. Il n'est donc pas possible de venir rendre visite aux malades. La structure suscite des vocations. Elle reçoit de nombreuses demandes de stage ou de service civique, mais pour cette année, elle affiche déjà complet. Du côté des animaux aussi, car certains oiseaux qui auraient dû migrer, sont toujours en volière. Et pour l’heure, on se prépare à accueillir des œufs. Au printemps, les naissances de petits vont se multiplier.

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