Aube : un élevage de cochons fournisseur d’Herta épinglé par l’association L 214, la préfecture ordonne un contrôle

Ce jeudi 2 décembre 2021, l’association L 214 de protection du bien-être animal sort une nouvelle enquête pointant du doigt un élevage de cochons basé à Ortillon dans l’Aube et fournissant Herta pour sa "filière Préférence." La préfecture de l'Aube a diligenté un contrôle.

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L’enquête a été réalisée en août et septembre 2021, dans un élevage de cochons basé à Ortilllon dans l’Aube. Fournisseur de la "Filière préférence d’Herta" qui se dit : "respectueuse du bien-être animal", l’élevage ferait preuve de cruauté d’après l’association L 214. 
L’organisation dénonce : "Des animaux vivant sur un sol en béton recouvert d’excréments, des truies enfermées dans des cages si exiguës qu’elles ne peuvent même pas se retourner, des cochons malades, certains présentant de très grosses hernies, d’autres agonisants, des mutilations pratiquées à vif sur les porcelets, des coups portés aux animaux. Malgré le recours à de nombreux antibiotiques, de nombreux cochons ne survivent pas à ces conditions de vie et meurent sur place".

En début d'après-midi, ce jeudi 2 décembre, la préfecture de l'Aube a annoncé un contrôle dans cette exploitation. "Suite à la diffusion de cette vidéo, cet établissement fait l'objet ce jour d'une nouvelle inspection par les services vétérinaires de santé protection animales et environnement de la DDETSPP de l’Aube. La dernière inspection, réalisée en octobre 2019, n’avait pas mis en évidence de non-conformités liées à la protection animale au regard de la réglementation en vigueur". 

Recommandations de la préfecture

Selon les services de l'Etat, cet établissement a présenté en février 2020, un dossier afin d’obtenir l’autorisation environnementale pour augmenter le nombre de places d’engraissement et de maternité. Ce dossier a fait l’objet d’une instruction, et, après enquête publique ayant donné lieu à un avis favorable du commissaire enquêteur, a recueilli l’avis favorable du Conseil Départemental de l'Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques.

L’autorisation préfectorale accordée à l’issue de cette procédure, prend en compte les mesures de bien-être animal en vigueur au jour de la signature de l’arrêté, et précise que : « la caudectomie (coupe de la queue) ne doit pas être pratiquée systématiquement, mais seulement lorsque la caudophagie (porcelets qui se mordent la queue) persiste malgré le recours à des mesures préventives. "L'exploitant devra néanmoins tenir compte de l'évolution réglementaire sur cette pratique et se conformer aux futures décisions ministérielles d'arrêt de la castration à vif des porcelets (interdiction à compter du 1er janvier 2022)", précise la préfecture. 

La réduction des coins (rabotage ou section partielle des dents pointues) ne doit pas être systématique et être pratiquée uniquement sur des animaux qui causent des blessures à leurs congénères. Dans ce cas, seul le meulage doit être pratiqué. "Les services vétérinaires de la DDETSPP de l'Aube sont mobilisés pour assurer le contrôle dans les élevages au titre de la prévention des maladies et du respect du bien-être animal, conformément aux consignes gouvernementales". Pas d'annonce sur une éventuelle fermeture, mais plutôt une mise en garde. 

Une plainte a été déposée par l’association de protection animale auprès du procureur de Troyes pour mauvais traitements envers les animaux et tromperie des consommateurs. L 214 a également déposé un recours pour l’annulation de l’autorisation préfectorale donnée par le préfet de l’Aube en septembre 2021.

La société Promontval détentrice de l’élevage d’Ortillon avait obtenu le droit de rajouter 5 000 animaux supplémentaires à son élevage de 20 000 cochons. Ce qui conduirait, d’après l’enquête de l’association, 42 000 cochons à l’abattoir chaque année, quand toujours d’après l’organisme de protection animale, la moyenne nationale s’élève à 4 400 porcs envoyés à l’abattoir par an.

Dans son enquête L 214, pointe du doigt des incohérences dans le dossier de demande d’extension de l’élevage entre les pratiques imposées par la "filière Herta Préférence" et celles qui ont lieu sur place, notamment concernant l’administration d’antibiotiques aux bêtes vendues sous Label Rouge. 

C'est la deuxième fois que l'association enquête sur les fournisseurs d'Herta et plus précisément ceux de sa "filière préférence". En septembre 2020, L 214 avait sorti une enquête sur l'élevage de cochons de la Limoise dans l'Allier. Une inspection avait suivie six mois plus tard, mais aucun animal en souffrance n’a été observé. Les problématiques soulevées par l'organisme de protection animale sont très similiares aux révélations de cette année : "Dans les salles de maternité, les truies mettent au monde des porcelets à la chaîne. Elles sont enfermées dans des cages à peine plus grandes que leur corps. L’espace est tellement exigu qu’elles peinent à se lever. Dans ces conditions, on voit qu’il leur arrive d’écraser l’un de leurs petits en se couchant."

L'association détaillait à l'époque : " Les porcelets naissent dans un environnement de métal, de plastique et de béton. Dès leurs premiers pas, ils se coincent les pattes dans les fentes du sol ajouré. Sans soins et sans attention de leur mère, totalement bloquée, de nombreux porcelets meurent à la naissance. On voit sur les images l’éleveur assommer des porcelets jugés trop chétifs."

Dans les deux cas, L 214 a lancé une pétition pour demander à Herta : "de s’engager à bannir l’élevage intensif de cochons de sa chaîne d’approvisionnement."

Dans un communiqué diffusé peu avant que la vidéo soit rendue publique, l'entreprise Herta indique avoir été informée "de la publication imminente d'une vidéo à charge contre un élevage de porcs". Elle affirme qu'elle analysera cette vidéo, dès qu'elle aura accès aux images, et lancera un audit. "Si des manquements aux règles venaient effectivement à être constatés dans cet élevage, Herta saura en tirer toutes les conséquences", ajoute le groupe, tout en déplorant "l'acharnement de L214 contre l'élevage".

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