Un lauréat dans chaque département. La Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern, a dévoilé les 100 sites de métropole et d’outre-mer qui bénéficieront d’un soutien financier. C'est le cas en Champagne-Ardenne. Le montant de chaque dotation sera annoncé en fin d’année.
Cette 6e édition du loto du patrimoine débute ce lundi 4 septembre. Depuis sa création, plus de 850 sites ont été sauvés ou sont en passe de l’être dans toute la France. Ils sont choisis en fonction de quatre critères : l’intérêt patrimonial et culturel, l’état de péril, la maturité du projet et son impact sur le territoire.
Le châtelet d’entrée du château de Dampierre (Aube)
Exemple d’architecture défensive, le châtelet du domaine de Dampierre date du XVIe siècle. Il faisait partie d’un ensemble plus important, avec donjon, basse et haute cour, murailles. Le tout était entouré de douves avec un pont-levis. Derrière ce châtelet, se trouve le château. Il est attribué à François Mansart, précurseur de l'architecture classique en France. L'ensemble des bâtiments est en pierre calcaire blonde et est classé Monument Historique. Antoni Calmon, l'actuel propriétaire se réjouit : "Avec l'intervention de la Mission Bern, on est conforté dans l'idée que l'endroit plaît."
Antoni souhaite que le site retrouve tout son prestige. Il s’est lancé dans de grands chantiers pour le rendre habitable et l’ouvrir au public. Après les premiers travaux sur le portail en 2022, la restauration du domaine, situé dans le nord de l’Aube, va entrer dans sa deuxième phase. Entre 2023 et 2025, le châtelet et le château vont être à leur tour rénovés. "On avait candidaté sans être sûr que ça fonctionne. On va pouvoir réaliser des projets en plus, réinvestir de l'argent dans d'autres travaux."
La maison forte 21 de Mogues (Ardennes)
Ne vous fiez pas à son apparence. Cette maison à étage est en réalité un blockhaus camouflé. Construit en 1938 sur la ligne Maginot, cet ouvrage militaire est situé entre Carignan et Florenville, à 10 km du fort de Villy-la-Ferté. En tout, 22 maisons de ce type ont été édifiées dans le département des Ardennes sur les principaux axes de communication. Leur rôle consistait à donner l’alerte en cas d’infiltration ennemie. Le 18 juin 1944, durant l’occupation allemande, les maquisards du Banel capturés y furent torturés.
L’association locale "Sauver la maison forte MF21" se bat pour conserver ce patrimoine unique. "On veut garder une trace pour les générations futures. On va pouvoir faire la charpente et la couverture ", détaille son président Manuel Tejedo-Cruz. Actuellement à l’abandon, cette ancienne place forte est noyée dans la végétation. Seule la structure en maçonnerie subsiste. L’objectif est de réaliser une réhabilitation complète de la structure afin d’organiser des expositions temporaires, des rassemblements avec uniformes et matériels. Une collecte de dons a été lancée en décembre 2022.
La halle de Cheminon (Marne)
La particularité de cette halle ? Elle enjambe une route. Les voitures passent en dessous et les enfants y attendent le bus scolaire. Édifiée au XVIIIème siècle, cette halle de marché a pris modèle sur celles de l’époque médiévale. D’une superficie de 455 m², elle était située à l’origine, au cœur du village, près de l’église. Elle a été déplacée à son emplacement actuel en 1830. "C'est une joie pour nous que Stéphane Bern nous accompagne. Je le remercie non sans émotion", réagit Marie-France Castello, maire de la commune.
En novembre 2020, un accident de la route a conduit à sa destruction partielle. Les travaux à réaliser sont donc importants : reprise des fondations, reconstruction de la première travée, restauration de la deuxième travée et reprise intégrale de la couverture. "Tout cela va coûter 600 000 euros hors taxe. J'ai une pensée pour tous les habitants qui souhaitent que ce lieu soit refait rapidement." Il est prévu que la halle de Cheminon abrite à nouveau une brocante, des marchés et des représentations.
Les jardins du château de Donjeux (Haute-Marne)
Le château de style classique a remplacé, au XVIIIe siècle, un édifice fortifié. L'élévation du nouveau bâti s’est accompagnée de l’aménagement d’un grand jardin à la française. Les visiteurs peuvent déambuler à travers différents niveaux de terrasses reliés par des rampes en pierre de taille et un grand potager fermé par des grilles de fer. Cependant, la tempête de 1999 et un incendie en 2000 ont lourdement endommagé le domaine. Cinq années ont été nécessaires pour réparer les dégâts sur le monument.
Une nouvelle phase de travaux aspire à redonner aux jardins du château leur lustre d’antan de manière écologique. Une gestion "zéro pesticides" a été instaurée. Vendu à plusieurs reprises depuis sa construction au XIe siècle, le domaine de Donjeux appartient aujourd’hui à la famille Viney. "On pensait ne jamais pouvoir refaire certaines choses. C'est extraordinaire. Je suis heureux de voir que d'autres personnes s'y intéressent ", se félicite Jean-Michel Viney, co-propriétaire. L’association les Amis du château, créée en 2022, les aide également à animer le lieu.