Quelques heures après la mort de deux agents pénitentiaires tués dans l'Eure lors d'une attaque visant à libérer un détenu, ce 14 mai, les organisations syndicales annoncent le blocage des principales prisons de Champagne-Ardenne dès ce mercredi 15 mai.
"On a tous vu les images, c'est une véritable exécution, c'est horrible". Julien Decurninge délégué Force Ouvriere Justice de Champagne-Ardenne est toujours sous le choc. "Je ne pensais pas qu'on en arriverait là".
Les syndicats de l'administration pénitentiaire ont décidé de réagir sans attendre et de lancer un appel à la mobilisation sur l'ensemble de la France, dès demain, suite à l'attaque mortelle d'un fourgon qui transportait un détenu dans l'Eure le 14 mai.
En Champagne-Ardenne de nombreuses prisons vont être bloquées ce mercredi 15 mai dès 6h30, à Reims (Marne) et devant la toute nouvelle prison de Lavau dans l'agglomération de Troyes (Aube) et à Chalons en Champagne. D'autres établissements pénitentiaires comme Villenauxe-la-grande (Aube), Charleville-Mézières, Chaumont pourraient être concernés.
"Pour l'ensemble des collègues, tristesse et colère mélangées"
Julien Decurninge est sous le choc. "Ils se sont retrouvés face à des armes de guerre avec des armes de poing", et le délégué syndical FO de dénoncer un manque de moyens humain et matériel. Il dénonce aussi le peu d'utilisation par la justice de la vision conférence pour limiter le transport des détenus, "il nous arrive de faire 300 kilomètres pour une simple signature chez un juge".
Parmi, les revendications des syndicats, figurent des demandes précises : la réduction drastique des extractions en favorisant l’utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements, une refonte et une harmonisation des niveaux d’escorte, la fin des escortes "panachées" et à minima à trois agents. La nécessité d'égalité de traitement en termes de moyens entre la métropole et les dom-tom, des équipements et du matériel mieux adaptés, mais aussi le déploiement accéléré des brouilleurs de téléphones portables et du contrôle des drones.
"Cette liste est loin d’être exhaustive et nous demandons une audience dès demain au Ministre de la
Justice et ses services afin d'évoquer l’ensemble des points et ceux qui en découlent. Nous avons déjà évoqué d’autres sujets connexes qui impactent directement nos détentions, dont les
extractions. Nous ne pouvons plus accepter la surpopulation pénale ainsi que la ventilation des
emplois qui délaissent mois après mois nos effectifs tant sur la coursive que dans nos équipages.
En tout état de cause, cette barbarie doit rester isolée et la réponse de l'administration doit être sans
équivoque. Au-delà du soutien indéfectible que nous apportons à l’ensemble de la famille pénitentiaire, nous attendons une réelle prise en compte des moyens nécessaires à mettre en place face à cette violence grandissante et au risque encouru".
Le mouvement de blocage des établissements devrait être important demain matin en Champagne-Ardenne, "ce qui prime, c'est l'union et la solidarité". Un mouvement grève reconductible "en fonction de la réponse de l'administration.