Depuis le 5 mars 2022, "Au cœur de la chèvrerie" offre aux citadins de l’agglomération troyenne fromages et yaourts. C’est la concrétisation d’un projet longuement mûri par une inconditionnelle des chèvres, Manon Vérité.
A Creney-près-Troyes, dans l'Aube, à quelques battements d’ailes du "Bouchon de Champagne", le centre historique de Troyes, Manon Vérité a installé son exploitation, "Au coeur de la chèvrerie". Elle a racheté 4,5 ha, à un céréalier qui partait à la retraite. Ce projet, elle en rêvait depuis longtemps. Elle l’a mûri pendant cinq ans, avant de se lancer.
Mes clients apprécient les fromages, mais également la visite au troupeau qu'ils font, à chaque fois.
Manon Vérité, éleveuse-fromagère.
Cette troyenne de 28 ans n’appartient pas à une famille d’agriculteurs. L’envie de devenir éleveuse s’est imposée au fil du temps. "Je ne voulais pas passer un bac général", raconte-t-elle. "C’est à 5 kilomètres de mon exploitation, à Sainte-Maure, que j’ai préparé mon bac "Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant".
Ensuite, j’ai enchaîné avec un BTS et une licence en produits laitiers, à l’ENIL, dans le Doubs". Elle a travaillé dans une fromagerie, en Haute-Saône, puis un an et demi, au Québec. Produire avec du lait de vache ne l’intéressait pas. Ce qu’elle souhaitait, c’était travailler avec un troupeau de chèvres.
L’investissement d’une vie
L’exploitation de Manon Vérité est proche des magasins d’usines installés à l’entrée de Troyes. Au milieu du champ, il a fallu monter le bâtiment, mettre en place les clôtures, mais aussi amener l’eau et l’électricité. L’éleveuse-fromagère ne s’est pas découragée.
"Les travaux ont débuté en avril 2021. Les premières chèvres sont arrivées en mai. Les travaux n’étaient pas finis. Je m’en suis sortie. L’ouverture officielle d' "Au cœur de la Chèvrerie" a eu lieu le 5 mars 2022".
Manon Vérité le reconnaît : "Cette chèvrerie, c’est l’investissement d’une vie ! On investit sur 25 ans". 500 000 € ont été nécessaires pour l’installer. Outre ses fonds propres, la jeune auboise a emprunté auprès d’une banque. Elle a également eu recours au financement participatif.
"Cela a bien fonctionné", explique l’éleveuse. "J’ai réuni 5 000 €. Cela représentait une avance de fonds. J’ai pu monter les clôtures. Mais ça m’a permis aussi de montrer à la banque que je pouvais récupérer de l’argent. Cette campagne de financement participatif m’a fait connaître. C’était de la pub, en quelque sorte".
Un troupeau d’Alpines
La chèvrerie compte 43 chèvres dont 39 laitières, des Alpines à 100 %. "C’est une race ancienne, une race rustique", explique l’éleveuse-fromagère. "C’est un animal que j’adore. Elles sont très intelligentes, affectueuses, et ce sont des petits gabarits. Il y en a peu dans l’Aube. J’ai eu envie de transformer leur lait, car il n’y avait pas de fromage qui me correspondait".
Chaque chèvre donne deux à trois litres de lait, chaque jour. Depuis qu’elle a ouvert sa boutique, à l’intérieur de la chèvrerie, Manon Vérité produit quotidiennement environ 12 kilos de fromages et yaourts.
Les clients sont au rendez-vous. Ils viennent de l’agglomération troyenne. Les premiers sont ceux qui ont participé au financement participatif. Bûches, crottins, yaourts constituent un remerciement à leur implication dans l’ouverture de la chèvrerie. "Mes clients sont également des consommateurs favorables aux circuits courts. Ils apprécient les fromages, mais également la visite au troupeau qu’ils font à chaque fois".
Des productions en vente directe
Les amateurs des productions de Manon Vérité sont, comme l’éleveuse, fans des biquettes. Les Alpines de la jeune femme pâturent. "Je ne peux pas produire de foin et de céréales. Quand elles pâturent, elles sont presque autonomes et se nourrissent principalement d’herbe fraîche. Mais je leur donne aussi du foin et des céréales".
Les chèvres sont très intelligentes , affectueuses, et ce sont de petits gabarits.
Manon Vérité, éleveuse-fromagère.
Manon Vérité fait de la vente directe sur son exploitation. Un supermarché tout proche lui a aussi commandé ses productions. Cette affaire est bien partie, mais "attention, c’est beaucoup de boulot !" insiste l’éleveuse.
Les chevreaux vont permettre d’agrandir le troupeau. Ils peuvent aussi finir en terrines. Quand elles ne donnent plus de lait, les chèvres sont parfois reprises par des particuliers. Elles deviennent alors des animaux domestiques.
D’autres partent à la réforme et finissent en saucisson. Cela, Manon Vérité le sait. Elle a bien conscience, qu’un jour elle sera confrontée à cette situation. Pour l’instant, elle câline ses caprins. Avec elles, elle réalise son rêve et régale les citadins.