Les biodéchets représentent jusqu’à 30% du volume de nos poubelles. Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, plusieurs moyens. Parmi eux : les poules ! Ce printemps, Châlons Agglo propose à 70 foyers du territoire d’en acheter trois pour 15 €. Pour adopter vos poules et réduire vos déchets, c’est jusqu’au 15 mai.
Depuis toute petite, Nathalie Tabourin n’a jamais vraiment quitté ses poules. Elle grandit avec celles de son père, qu’elle récupère il y a trois ans. En 2021, elle décide d’agrandir son cheptel, à Recy, en participant à l’opération de la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne (Châlons Agglo). « Celles que j’avais, étaient âgées. Elles ne pondaient plus », débute cette cadre de La Poste au milieu de son poulailler où l'on trouve des coqs et des poules. Elle en adopte trois nouvelles : Rox, Rocky et Danielle. « Je voulais également optimiser ma réduction de déchets », poursuit-elle en disposant des fanes de radis sur son terrain. Désormais grâce à ses poules, fini la case poubelle.
Jusqu’à 250 œufs par an
Depuis, Nathalie a le même rituel. « Chaque soir, je récupère mes œufs et le lendemain matin, je leur amène mes épluchures », raconte-t-elle. Sans oublier, les résidus de son jardin. Car les poules ne sont pas difficiles. A vrai dire, elles mangent (presque) tout. « Je n’utilise plus mon composteur, à part pour y déposer mes épluchures de banane ou d’avocat qu’elles n’aiment pas », ajoute la bénéficiaire de l’opération 2021.
En moyenne, les poules peuvent picorer jusqu’à 150 kilos de déchets par an, soit près d’un tiers des biodéchets d’une famille de quatre personnes. Une alternative optimale pour détourner de la poubelle un grand volume de déchets, surtout lorsqu’en retour « les familles peuvent se régaler avec des œufs frais ! », ajoute Gaëtan Louis-Riché, chargé de l’opération de Châlons Agglo. Et ce n’est pas la moindre des récompenses : en un an, une poule pond entre 200 à 250 œufs. Un chiffre intéressant, à l’heure où le prix des œufs devrait encore augmenter.
Un intérêt pédagogique
« Avec les déchets verts qu’on leur donne, c’est vrai qu’on mange des œufs de bien meilleure qualité ! », souligne Gérard Lecoq lorsqu’il récupère ses poules à la ferme du Moulin Picot de Saint Memmie, partenaire de l’initiative « Des poules pour réduire mes déchets ». C’est la deuxième fois qu’il participe à l’opération. En 2017, il en avait déjà acheté deux.
Cette année, encore une autre raison l’incite à renouveler l’expérience. « C’est pour mes petites filles ! Quand je les ai en vacances, c’est une attraction quotidienne. Aller ramasser les œufs, les nourrir», raconte Gérard, tout sourire. Des poules chez soi, pour satisfaire toute la famille : réduction des déchets pour les grands, animaux de compagnie pour les petits. Un intérêt éducatif et pédagogique pour les enfants, que Gaëtan Louis-Riché, chargé de Misson Développement Durable, met en avant : « Les poules peuvent leur permettre de se rapprocher de la nature et de s’occuper d’un animal ».
Critères d’éligibilité
Mais cette chance n’est pas donnée à tout le monde. Pour adopter ses poules avec Châlons Agglo, il faut répondre à plusieurs critères : famille nombreuse, grands espaces ou encore déchets suffisants pour les nourrir. Une fois chez soi, pas de contraintes particulières assure Nathalie Tabourin : « On peut partir trois ou quatre jours sans problème, elles s’autogèrent tant qu’elles ont à manger et à boire. Au bout d’une semaine, il faut par contre que quelqu’un vienne les nourrir. »
Economies sur le coût des collectes
Peu de contraintes et beaucoup d’avantages. Pour les foyers, mais pas seulement. La collectivité y trouve aussi ses comptes : « Notre intérêt est de détourner les biodéchets du système de collecte, donc d’en réduire les fréquences », argumente Gaëtan Louis-Riché. Car détourner les déchets des bacs verts, c’est aussi moins de camions de collecte. Avec cet effort collectif, des économies sur le coût des collectes sont également attendues. En 2022, la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne espère économiser 31,5 tonnes d’Ordures Ménagères non collectées, soit un gain estimé à 8164 euros. En attendant, l’opération est déjà un succès : trois jours seulement après l’ouverture des candidatures, 40 personnes s’étaient inscrites, sur les 70 au maximum.