Emblème national, le coq de race gauloise est menacé de disparition. L'unique conservatoire de France dédié à cette espèce, situé à Méry-sur-Seine dans l'Aube, mène une étude scientifique avec l'INRAE. Objectif : sauver cet animal français. Mais au fait, c'est quoi un coq gaulois?

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Entourés par les ânes, les moutons ou encore les paons, les coqs gaulois gambadent fièrement, au beau milieu de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine, dans l'Aube. C'est dans ce parc arboré de plus d'un hectare que Damien Vidart, amoureux de cet animal a installé son conservatoire. Ici, il se bat pour sauver cette espèce ancestrale. 

Un peu d'histoire...

Cocorico ! Le coq gaulois est la plus vieille espèce de volaille fermière de France. "Déjà présente sur notre territoire à l'Antiquité, cette race est vite devenue l'emblème des gaulois, pour sa combativité" raconte fièrement Damien Vidart, référent du conservatoire du coq gaulois de Méry-sur-Seine. " A l'époque, les gaulois et les romains s'affrontaient militairement pour conquérir l'Europe. Le coq était alors considéré comme un animal vigoureux. En latin, Gallus signifiait d'aileurs à la fois coq et gaulois." Il n'en fallait pas plus pour apparenter le gaulois au gallinacé. Le coq s'affiche jusqu'aux pièces de monnaies gauloises. Au Moyen-âge, la mascotte du peuple français est quelque peu délaissée pour réapparaitre à la Renaissance. Sous la 3e République, le coq orne même les boutons des uniformes des gardes républicains. Aujourd'hui, il est d’ailleurs toujours présent sur les grilles du parc du Palais de l’Élysée et il surplombe de nombreux clochers d'église. Symbole de vaillance et de fierté, le coq a également été adopté par nos sportifs pour nous représenter.

Alors comment expliquer son déclin?

La poule gauloise a été peu à peu délaissée des élevages, à cause de sa ponte moyenne. "Une poule gauloise pond en moyenne 150 oeufs par an, quand une poule pondeuse pond quasiment un oeuf par jour", explique Damien Vidart. "Par ailleurs, il faut compter 9 mois pour le coq gaulois arrive à maturité, contre à peine 4 mois pour un poulet industriel", commente-t-il." Les industriels ont préféré opter pour des espèces à croissance rapide, plus rentables. D'autant plus que le coq gaulois a besoin d'espace. "C'est un animal dynamique, volage, il aime bouger. Il ne peut pas être élevé en cage, au risque de dépérir," affirme l'expert. Il ajoute que "c'est un coq athlétique, il y a donc moins de chair à consommer". Pour lui, il n'y a pas de filière commerciale possible pour cette espèce, à l'heure actuelle. Mais Damien Vidart ne trouve que des qualités au coq gaulois, plus rustique et qui vit plus longtemps. "Cette espèce est plus résistante aux maladies comme la grippe aviaire et aux intempéries. Il n'est pas rare de voir un coq gaulois vivre plus de 10/15 ans!" se réjouit-il.  

"Quand j'ai commencé à communiquer sur le coq gaulois, nous n'étions que 18 en France à détenir la race. Aujourd'hui, nous sommes 250!"

Damien Vidart, référent du conservatoire du coq gaulois de Méry-sur-Seine

Aujourd'hui éleveur et à la tête du conservatoire du coq gaulois, il cherche à préserver cet animal, qui fait partie de notre patrimoine vivant. Et ça marche : "quand j'ai commencé à communiquer sur le coq gaulois, nous n'étions que 18 en France à détenir la race. Aujourd'hui, nous sommes 250! On compte désormais 1500 volailles!" se félicite-t-il. La demande existe : "de plus en plus de gens veulent un coq gaulois, parce qu'il est très beau. Il va apporter de la couleur, de la vie à leur poulailler! C'est très bien, parce que tous ces amateurs participent à la sauvegarde de l'espèce!". Il faut dire qu'il a fière allure notre coq gaulois, avec sa masse de 2,5kg, ses plumes aux couleurs chatoyantes, rouge-orangées, tout comme ses yeux. On reconnait aussi un coq gaulois à ses oreillons blancs, son pompom blanc à la base de la queue, sa crête rouge et à ses tarses (pattes) gris ardoise. Chez la poule, le plumage du camail est saumon doré (poitrine) et elle pèse 1,8 kg en moyenne.

Mais toutes ces caractéristiques ne suffisent pas pour reconnaître un coq ou une poule gauloise. Certains specimen peuvent avoir été croisés. Le conservatoire de Méry-sur-Seine a donc fait un recensement national et croit détenir 22 souches théoriques, mais elle peuvent être impures. C'est la raison pour laquelle une véritable étude scientifique va maintenant être réalisée. Des chercheurs en biologie animale de l'INRAE vont effectuer des prélèvements sanguins sur 60 coqs et poules reproducteurs du conservatoire, afin de déterminer leur taux de parenté, de consanguinité. Un génotypage complet sera réalisé dont le but est "d'essayer d'éviter la perte de biodiversité", explique Agathe Vieaud, chercheuse à l'INRAE, l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. Et d'aider les éleveurs à sélectionner les bons animaux pour la reproduction et la sauvegarde de l'espèce". Cette étude va également permettre une mise en cryobanque (préservation des semances dans l'azote liquide à -70 degrés celsius) afin de compléter les 7 ADN déjà extraits, poursuit la chercheuse.L'objectif de cette démarche est de réaliser des brassages génétiques, qui devraient permettre de renforcer le plan de conservation du coq gaulois.

"Un génotypage complet sera réalisé dont le but est "d'essayer d'éviter la perte de biodiversité"

Agathe Vieaud, chercheuse en biologie animale à l'INRAE

Cette espèce au fort caractère, homologuée il y a tout juste un siècle, a toute sa place dans les basse-cours... Et sur les terrains de sport! Damien Vidart rêve d'entendre un coq gaulois chanter lors du match d'ouverture de la coupe du monde de rugby cette année ou lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cela représenterait un beau coup de projecteur pour notre mascotte nationale!

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