C'est la seule équipe à n'avoir gagné aucun match sur la phase allée. Troyes est la pire équipe de Ligue1 de tous les temps. Une situation dont Jean-Marc Furlan est en grande partie responsable. En cause, les méthodes inefficaces de l'ancien entraîneur de l'Estac, tournées vers un football offensif.
Cinq points seulement en 16 journées, un statut de lanterne rouge indétrônable, et en prime des statistiques catastrophiques qui ont fait de Troyes la plus mauvaise défense et la pire attaque du championnat. Jean-Marc Furlan, l'homme qui a pourtant su faire remonter l'Estac à trois reprises dans l'élite, s'est montré une fois de plus incapable de faire face au défit de la Ligue1.
L'entraîneur emblématique de la bande à Benjamin Nivet a quitté le club début décembre par la petite porte. Alors pourquoi un tel fiasco ?Pendant que la planète-foot reprend son souffle pendant la trêve, nous avons tenté de répondre à cette question.
Un coach enfermé dans ses certitudes :
En accédant à la Ligue1, Jean-Marc Furlan n'a pas voulu renier ses convictions. Mais les méthodes qui font gagner en Ligue2 ne sont pas forcement celles qui mènent au succès dans l'élite !
Adepte d'une tactique offensive, avec une équipe qui se porte toujours vers l'avant quelque soit l'adversaire, le technicien s'est heurté à la dure réalité du championnat français : un football pas forcement beau à voir, mais des clubs qui bétonnent d'abord leurs défense avant de proposer du jeu. Face à de tels adversaires, les Troyens se sont trop souvent retrouvés à découvert. La défense à géométrie variable, minée par les blessures et des joueurs qui n'avaient pas encore l'habitude de jouer ensemble, ont fait le reste.
Dans une interview accordée à Metro-News Jean-Marc Furlan refuse de reconnaître ses erreurs : "On veut tous gagner les matchs. Mais moi je veux le faire avec mon football (...) Dans quatre ans, quand il n'y aura plus que deux descentes en fin de saison, on ne cherchera plus que des entraîneurs offensifs en L1. Les grandes villes n'auront plus peur de la relégation. Et là, les présidents vont demander du spectacle."
Furlan, un pro de la communication :
Malgré des statistiques calamiteuses en Ligue1 (20% de victoires seulement sur les 168 matchs qu'il a joué avec Troyes et Strasbourg) l'homme dispose d'un capital sympathie énorme. A Troyes les supporters ont quasiment tous essuyé une petite larme à l'annonce de son départ. Jean-Marc Furlan, qui reste avant tout celui qui a fait remonter le club à trois reprises dans l'élite, se serait "sacrifié". Dans sa première interview à la télévision depuis son départ, sur l'antenne de Be In Sports, il reste fidèle à son image d'homme souriant et ne répond à aucune question qui fâche.
La fiasco incomberait à l'arbitrage parfois très sévère c'est vrai, ou encore au manque de réussite avec ces innombrables poteaux touchés par l'Estac. En fustigeant la DNCG qui a placé les finances du club sous surveillance dans l'été, le technicien a aussi habilement pointé indirectement la gestion du président. Daniel Masoni, n'a pas su boucler le budget du club avant l'été alors que l'on savait depuis plusieurs mois que Troyes allait accéder à la Ligue1.
Ce n'est pas par hasard si Jean-Marc Furlan le rappelle encore dans l'Equipe de ce 26 décembre : le mauvais recrutement qui a suivi a mis à mal son effectif "Tous les joueurs qui sont venus n’étaient pas sur nos listes (...) Les entraîneurs ont l’habitude de dire que 85% d’une saison dépend de la période estivale".
Des dirigeants qui avaient laissé les clefs du club à l'entraîneur
"Je n'accepte pas et je n'accepterait pas que l'on critique Jean-Marc". Daniel Masoni a beau s'être séparé de celui qui aura régné plus de cinq ans sur le banc de l'Estac, il ne peut pas accabler celui sur lequel il avait tout misé. Car les dirigeants de l'Estac avait bel et bien donné un chèque en blanc à l'entraîneur : jamais une remise en cause de ses choix tant au niveau du recrutement qu'au niveau tactique.
Le système Furlan n'avait pas que des handicaps : ancré sur des valeurs humaines, il a pu prospérer à Troyes, un club familiale. Mais à l'heure du foot-business, cette gestion a atteint ses limites. En présentant Claude Robin, le successeur de Jean-Marc Furlan, à la presse, Daniel Masoni a promis des changements. Oui, il s'impliquera plus dans le quotidien sportif du club, et oui, il saura "dire non" quand les choses vont trop loin.