On l'aime ou on le déteste, il y a rarement un entre-deux. Avec ses parfums de cannelle et d'agrumes, le vin chaud est devenu une boisson incontournable quand arrive la fin d'année et que les marchés de Noël animent les centre-villes. Si certains revendeurs ont opté pour la préparation toute faite à réchauffer, d'autres préfèrent proposer une recette qui leur est propre, pour ne pas dire secrète.

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Dans les allées du marché de Noël de Troyes, un cercle d’amis… Benjamin, Benoit, Philippe et Aurélien sont en pleine discussion, chacun un gobelet à la main. Il est midi passé, plus l’heure du café allongé et pas encore celle de l’expresso, alors c’est autour d’un vin chaud qu’ils organisent cette petite réunion amicale. "C’est la saison !", lance l’un d’entre eux avant de porter le récipient à sa bouche. Et ce n’est pas Alexandra, à quelques mètres de là, qui dira le contraire. Elle aussi a son verre de vin chaud à la main, un incontournable de ses mois de décembre : "C’est chaud, il fait froid dehors, c’est réconfortant au moment de Noël".

Pour son grand retour après 15 ans d’absence, le marché de Noël de Troyes n’a pas échappé à la folie "vin chaud", une boisson devenue incontournable dans ce type d’événements. Cette année, 25 cabanes ont trouvé refuge au pied du sapin, devant l’Hôtel de Ville. Des odeurs de cannelle, d’orange et de vin (forcément) émanent de plusieurs d’entre elles. "Ça sent fort le vin chaud", confirme Roxane Coudrat, assise derrière son chaudron, "Tout le monde veut en boire sur un marché de Noël". Rien que pour la soirée d’ouverture, samedi, elle en a écoulé plus de 100 litres. En proposer cette année était donc une obligation pour plusieurs exposants, mais comment se démarquer quand on n’est pas seul sur le créneau ? En laissant les papilles effectuer leur travail.

Tout le monde veut boire du vin chaud sur un marché de Noël.

Roxane Coudrat

La recette, justement, parlons-en ! Ou pas, d’ailleurs. Car les producteurs de vin chaud perdent très vite l’usage de leur langue quand il s’agit de dresser la liste des ingrédients qui composent cette boisson. "La recette est propre à chacun", explique Caroline Graupner, "Chacun met sa petite touche personnelle. Nous, il y a du vin, des épices, des agrumes, et beaucoup d’amour… Le reste, c’est notre secret". On croirait entendre le druide Panoramix, guère plus disert quand on s’intéressait à sa potion magique.

Quelques cabanes plus loin, Anthony Salgado ose à peine se livrer davantage : "En vin, on va dire qu’il faut un vin pas trop vieux et pas trop fort, et je pense que ce n’est pas tant les épices qui sont secrètes mais les dosages". Au milieu de ses produits cosmétiques faits maison, de son pain d’épices et de son miel, il propose lui aussi de goûter sa version du vin chaud. Après plusieurs essais, après avoir mis sa famille à contribution, il a fini par trouver le bon équilibre. "Notre petit secret, chuchote-t-il, qui n’en est plus un puisqu’on le dit à tout le monde, c’est qu’on ne sucre pas avec du sucre mais avec du miel. Et ça change clairement le goût". Il ajoute qu’il lui faut "au moins 30 minutes" pour en refaire quand la marmite est vide, car "il faut laisser le temps aux épices et aux agrumes de donner le goût au vin chaud.

Ce n’est pas tant les épices qui sont secrètes mais les dosages.

Anthony Salgado

Jusqu’au 29 décembre, jour de clôture du marché de Noël à Troyes, le vin chaud risque donc de couler à flots mais il reste une boisson à consommer avec modération. S’il représente "un moment de convivialité et de partage", comme le soulignent les 4 acolytes du début de cet article, Caroline Graupner précise qu’on ne fait jamais bouillir le vin, "il reste donc de l’alcool". Pour celles et ceux qui n’aimeraient pas cette boisson, ou qui n’auraient cure de cette tradition venue tout droit des marchés de Noël allemands de la fin du XIXe siècle, ils pourront toujours demander un verre de bière chaude ou de jus de pomme chaud. C’est ça, aussi, la magie de Noël.

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