Ce vendredi 2 décembre, autour de 11h du matin, plus de 100 000 clients se sont retrouvés privés d'électricité dans l'Aube. Le courant a pu être rétabli pour tout le monde vers 12h, selon Enedis. Si cette fois-ci, une panne est à l'origine de la coupure, les commerçants s'inquiètent des coupures programmées qui pourraient avoir lieu en janvier.
Les lumières qui s'éteignent, les feux tricolores aussi, les ordinateurs qui ne répondent plus. La coupure d'électricité qui a touché la ville de Troyes et une partie du département de l'Aube ce vendredi 2 décembre a surpris les habitants comme les commerçants.
Au Café de la Paix, rue du Général-de-Gaulle à Troyes, on était en train de terminer de préparer le service du midi quand le courant a été coupé. Finalement, l'électricité est revenue après "un quart d'heure ou vingt minutes", explique son directeur Alexandre Melin. "Mais j'en connais beaucoup où ça a été rétabli après plus d'une heure", ajoute celui qui préside l'association des commerçants de la ville, les Vitrines de Troyes.
Une panne matérielle en cause
Lui a cru, comme beaucoup, qu'il s'agissait d'une coupure volontaire d'électricité, d'un délestage, comme il est possible qu'il y en ait dans les prochaines semaines. Cet hiver, la France fait face en effet à des difficultés énergétiques liées notamment à l'indisponibilité d'un certain nombre de réacteurs nucléaires.
Mais concernant la coupure du jour, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, explique qu'il s'agit bien d'une panne matérielle sur un poste haute-tension à Creney-près-Troyes. En cas de coupures programmées, comme elles sont envisagées pour cet hiver, les clients seraient prévenus trois jours à l'avance et l'électricité serait coupée de manière tournante pendant deux heures maximum.
Une fois passée la surprise de la coupure de ce vendredi, Alexandre Melin s'inquiète surtout des conséquences sur son activité et celle des autres commerçants si des coupures sont amenées à se répéter en janvier. "On est tous professionnels, on a de la marchandise. Je pense qu'ils pourraient faire des économies ailleurs en France que sur l'électricité", confie-t-il.
Dans son établissement, seule la caisse est équipée d'un onduleur, pour éviter toute perte de données en cas de panne électrique. Au-delà du risque qui pèse sur le contenu de ses frigos, il craint, si les coupures se multiplient, de devoir faire remplacer certains équipements qui pourraient être endommagés. "Une carte électronique d'une machine à café, ça coûte les yeux de la tête". Il assure que des commerçants avec qui il a échangé suite à la panne se renseignent déjà pour acheter des générateurs.
"Si on n'a pas d'ordinateur, on ne peut plus rien faire"
Dans les supermarchés, certains ont dû patienter plus ou moins longtemps avant de retrouver le courant. Au Colruyt boulevard Danton, après l'extinction soudaine de la lumière, des frigos et des caisses, l'énergie a pu revenir rapidement, "cinq ou dix minutes après".
Du côté de l'Intermarché de la rue des Marots, les caisses peuvent compter sur un système électrique de substitution. Pour les frigos, il n'y a pas de source d'énergie alternative, comme un groupe électrogène, mais rien n'a dû être jeté suite à la coupure qui a duré un peu plus longtemps.
Une pharmacie de la ville a été privée d'électricité pendant "dix minutes ou un quart d'heure". Un laps de temps durant lequel il a été impossible de travailler. Si la porte automatique s'est mise en sécurité en s'ouvrant toute seule, le personnel n'a pas pu traiter les ordonnances des clients durant ce laps de temps.
"Dans notre commerce, si on n'a pas d'ordinateur, on ne peut plus rien faire", nous explique-t-on. Il est certain qu'entre les cartes Vitale et le tiers payant qui se généralise, un accès informatique est indispensable.
Ce secteur s'interroge aussi en cas de coupures programmées en janvier. Si des assurances peuvent venir couvrir les pertes de produits stockés au frais comme certains médicaments et vaccins, en cas de coupure inattendue, elles pourraient ne pas s'appliquer lors de manœuvres programmées, car les professionnels auront été prévenus au préalable. "On a des produits très chers qui sont dans les réfrigérateurs et qu'il va falloir gérer avec prudence", précise-t-on.
Hausse des appels au Samu
Au centre hospitalier, avenue Anatole France, on assure que la coupure n'a pas eu d'impact sur l'activité. Les groupes électrogènes du bâtiment "ont assuré le relai immédiatement". Ces dispositifs font régulièrement l'objet de tests afin de vérifier que leur fonctionnement est normal. Cette fois-ci, la situation réelle a permis de s'en assurer également.
Les appels au Samu ont toutefois augmenté de manière importante. Ils émanaient essentiellement de personnes hospitalisées à domicile et inquiètes d'être ainsi privées de courant. Le centre hospitalier a dû renforcer les équipes avec du personnel supplémentaire pour pouvoir traiter l'afflux d'appels. En cas de coupure programmée, ces patients font partie des clients jugés prioritaires, qui ne devraient pas être coupés.
Les pompiers sont eux intervenus à cinq reprises, pour venir en aide à une personne bloquée dans un ascenseur et suite au déclenchement d'alarmes incendie. Aucune victime et aucun sinistre ne sont à déplorer.
Suite à cette coupure, la préfecture de l'Aube a prévu d'organiser un retour d'expérience dès lundi 5 décembre. Seront autour de la table des représentants d'Enedis et de RTE, des collectivités et des membres des services de l'État.