Chaussures, chemises, cravates, pour lutter contre la discrimination à l’embauche, la "Cravate Solidaire" propose à Troyes des tenues professionnelles aux demandeurs d’emploi. Une démarche qui permet de renforcer la confiance en soi et d’optimiser les chances de décrocher un poste.
"L’habit ne fait pas le moine, mais il y contribue". Voilà le slogan de La Cravate Solidaire, une association qui lutte contre la discrimination à l’embauche liée à l’apparence. Le principe est simple : fournir une tenue professionnelle aux personnes en recherche d’emploi. "L’objectif, c’est d’améliorer l’image de soi, explique Carole Parent, responsable opérationnelle de la Cravate Solidaire de Troyes. Lorsqu’un bénéficiaire se présente, il est pris en charge par un coach en image bénévole qui va l’accompagner dans le choix d’une tenue."
Chaussures, pantalons, chemises, vestes, tailleurs, cravates. Tout y est pour habiller les futurs candidats. Les vêtements ne sont pas prêtés ni loués, mais bien donnés aux bénéficiaires, avec un ticket de lavage utilisable dans un pressing. Les vêtements sont collectés auprès de particuliers qui font don de pièces de seconde main, mais aussi auprès d’entreprises ou d’organismes comme la Chambre de Commerce et d’Industrie.
"Une nouvelle tenue, ça booste la confiance en soi"
"On prend le temps de cibler les besoins de la personne, de faire des essayages, raconte Carole Parent. C’est l’occasion pour les bénéficiaires d’essayer de nouvelles choses. Certains sont repartis avec des costumes alors qu’ils n’en avaient jamais porté. D’autres ont osé de nouvelles couleurs. Se voir dans une nouvelle tenue, ça booste la confiance en soi."
Une fois la tenue validée, on propose au bénéficiaire de le prendre en photo. "La plupart des demandeurs d’emploi de longue durée n’ont pas de portrait d’eux à mettre sur leur CV ou leurs réseaux sociaux professionnels, précise Carole Parent. C’est une étape importante pour mettre en valeur leur image."
Une association nationale déclinée localement
La Cravate Solidaire est lancée à Paris en 2012 par trois étudiants en école de commerce. Très vite, ils sont rejoints par une équipe de bénévoles, puis développent des antennes dans d’autres villes de France. Aujourd’hui, l’association est présente dans 12 agglomérations, dont Troyes depuis quelques semaines seulement.
"Il y avait un vrai besoin dans le bassin troyen, confie Pascale Varnier-Girardin, présidente de La Cravate Solidaire. C’est un modèle innovant, qui n’a pas d’équivalent, et qui est complémentaire avec d’autres organismes ou institutions de retour à l’emploi. On travaille beaucoup avec les associations d’insertion, la mission locale, Y School, et Pôle Emploi évidemment."
Depuis peu, l’association dispose d’un local rue Robert Keller à Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, où elle accueille les bénéficiaires chaque mardi et jeudi après-midi.
Des vêtements, mais surtout des conseils
La démarche ne s’arrête pas à l’apparence. Les demandeurs d’emploi bénéficient d’entretiens individuels pour optimiser leurs chances de décrocher un poste. "On propose une heure d’échange avec des bénévoles issue du monde de l’entreprise et des ressources humaines, indique Carole Parent. C’est un moyen de préparer le candidat à l’entretien, de répondre à ses questions, de lui donner des conseils."
Ali Osman fait partie de "Second Souffle", un dispositif de formation pour adulte, et est actuellement accompagné par la Cravate Solidaire pour préparer son retour à l’emploi dans quelques mois. "C’est la première fois que j’entendais parler d’une association comme celle-là, raconte-il. On m’a fait essayer un costume, puis j’ai été coaché sur la communication verbale et non-verbale : comment présenter mon parcours professionnel, comment m’adresser au recruteur, comment argumenter… Je pense que ça va vraiment m’être utile au moment de passer un entretien."
Depuis son lancement effectif fin janvier, l’association troyenne a déjà accompagné 18 demandeurs d’emploi. "La moitié des bénéficiaires sont des jeunes de moins de 26 ans, précise Pascale Varnier-Girardin. Ce sont pour la plupart des personnes éloignés de l’emploi depuis un certain temps, peu qualifiées. Mais on a aussi des bénéficiaires diplômés avec des parcours de vie chaotiques."
Appel à bénévoles
La Cravate Solidaire de Troyes compte déjà une trentaine de bénévoles. Mais l’association espère encore recruter quelques bras supplémentaires. "On est en cours de création, donc on a besoin de personne pour nous donner un coup de main, que ce soit régulièrement ou plus ponctuellement, confie Carole Parent. On cherche évidemment des gens avec des compétences en Ressources Humains, mais aussi des personnes avec une appétence pour l’image, la mode… Et puis bien sûr, on a toujours besoin de bonnes volontés pour un peu de bricolage et de rangement !"