Le service maternité de la clinique de Champagne est transféré à l'hôpital Simone Veil, à Troyes (Aube). Ce déménagement a suscité l'opposition d'une soixantaine de membres du personnel des deux structures, qui a manifesté récemment.
Le déménagement de la maternité de la clinique (privée) de Champagne ne passe pas. Le service est transféré à l'hôpital (public) Simone Veil de Troyes (Aube).
Le personnel des deux établissements conteste cette décision : il y a déjà trop de tension hospitalière à Simone Veil, et les patientes ne peuvent plus être accueillies dans de bonnes conditions. Une soixante de personnes, essentiellement des sages-femmes (mais aussi un bébé en poussette), a manifesté le dimanche 17 octobre 2021.
Avec leur corps, les personnes participantes ont formé un SOS visible du ciel. Le rassemblement a eu lieu devant les portes de la clinique de Champagne (visible sur la carte ci-dessous).
À l'hôpital Simone Veil, le personnel a été "stupéfait" en apprenant la nouvelle. La manifestation a reçu le soutien d'Amélie Jacquet, la cheffe de service de la maternité à Simone Veil. "Nous avons une vocation, nous faisons du mieux qu'on peut pour répondre aux besoins des patientes. Mais nos effectifs sont déjà insuffisants, et nos locaux étroits. Nous espérons désespérément de retrouver des forces." Il n'y a pas eu de travaux conséquents dans cette maternité d'une trentaine de lits depuis son ouverture en 1982.
Sur les pancartes de l'assemblée, on pouvait lire que "la santé n'est pas une marchandise". Ou encore : "on est une maternité publique, pas une clinique à fric". Dont acte.
Tout a commencé, explique-t-elle à France 3 Champagne-Ardenne, quand une partie de l'équipe de chirurgie de la clinique n'a plus voulu assurer des astreintes. Les anesthésistes ont alors argué que c'était trop dangereux de ne pas avoir d'équipe présente lors des accouchements, les poussant donc à ne plus intervenir. D'où le transfert des patientes de la clinique privée vers le bloc d'accouchement de l'hôpital public : des négociations sont toujours en cours entre les deux structures.
Les sages-femmes, déjà en colère, le sont donc encore plus. L'une d'elles, qui travaille à Simone Veil, témoigne. "On est dépitées, on ne sait plus comment se battre. Nous sommes en colère de ne pas avoir été prévenues avant, de ne pas avoir été informées. On a l'impression qu'aujourd'hui, on nous considère uniquement comme des pions."
Une cadre de l'hôpital (et sage-femme), Corinne Lemaire, explique le "partenariat" public-privé peut fonctionner. "Mais il faut le préparer. Il faut qu'on nous donne un peu plus les moyens, et qu'il y ait beaucoup plus de communication."
À l'hôpital Simone Veil, 2.000 accouchements ont lieu chaque année. Des mamans viennent parfois de Bourgogne ou d'Île-de-France pour y accoucher. À partir du lundi 25 octobre, il faudra donc y greffer les 400 qui avaient déjà lieu à la clinique de Champagne.