C'est une tradition à Troyes depuis des décennies, celle de la Foire de mars. L'édition 2024, la 59ème, a lieu du vendredi 23 février au dimanche 17 mars. Cette année, 170 manèges seront présents parmi lesquels le Splendid 2000 que son propriétaire, Angelo Frisiello, monte ici pour la 44ème fois.
Lundi, 11h45. Au pied d’une montagne russe et d’un tourniquet géant, tuyau d’arrosage à la main, Angelo Frisiello nettoie les bâches décoratives de son manège. "Elles viennent de passer un mois dans l’entrepôt", précise le forain. Dans quatre jours, il faudra que tout soit propre et en parfait état de marche. Quatre jours, c’est le temps qui lui reste avant l’ouverture de l’édition 2024 de la Foire de mars à Troyes.
Maçon de formation, il a un peu exercé à l’aube de sa vie active, Angelo Frisiello est devenu forain par amour. Par amour d’une femme. Dans les années 1970, en embrassant la vie de celle qui est devenue son épouse, il a aussi été adopté par une famille dans laquelle la passion des manèges se transmet depuis cinq générations. Il s’est pris au jeu et, depuis, il sillonne les territoires de la Champagne et des Ardennes allant de foires en fêtes de village. "On est onze mois sur la route, on rentre cinq semaines sur le terrain. C'est une liberté qu'on paye cher parce qu'on n'a pas de week-end, on ne peut pas trop faire les fêtes familiales non plus".
Ça s’entretient comme une voiture.
Angelo Frisiello, forain
Ce matin-là, c’est sa fille qui aide Angelo à déballer le Splendid 2000. Madame Frisiello, elle, est au repos forcé, restée chez eux à côté de Brienne-le-Château, après s’être cassé le pied quelques jours plus tôt. Le Splendid 2000, c’est un vieux manège, fabriqué en 1976, qu’Angelo a acquis au début de sa carrière de forain. Leur première sortie commune à la foire de Troyes remonte à 1980 ! "Ça s’entretient comme une voiture". D’origine, le manège n’a plus grand chose, "il reste la carcasse du centre et deux voitures (NDLR : sur douze), tout le reste est récent".
Le montage du Splendid 2000 a débuté dimanche, il faut compter deux jours, en prenant le temps, pour qu’il soit prêt. Ensuite, avant de pouvoir accueillir des enfants, en général âgés de un à huit ans, Angelo Frisiello va ausculter son manège à la loupe. Il doit s’assurer du bon fonctionnement du compresseur, vérifier l’état des roulements à billes, faire une vidange et changer les ampoules éventuellement défectueuses. Tout ça en regardant le ciel…
Une vie à regarder le ciel
La météo, c’est l’ennemi du forain. Le problème avec le mois de mars, comme le rappelle, sourire en coin notre forain, "ce sont les giboulées". On peut passer en quelques heures d’une matinée douce et ensoleillée à un après-midi sous la pluie, du "maillot de corps à la veste". "Le temps, c’est 80% de la recette", indique Angelo qui n’ignore pas, malgré son visage jovial, que les prévisions météorologiques pour les dix prochains jours sont loin d’être printanières.
Mais il faudra plus qu’un ciel capricieux pour gâcher le plaisir qu’Angelo Frisiello goûte depuis 44 ans qu’il est devenu forain. À 72 ans bientôt, sa motivation est intacte et il attend patiemment que son petit-fils prenne sa suite. "Il a 18 ans, mais il va peut-être continuer un peu ses études". Notre homme n’est pas pressé, la retraite attendra encore un peu.