En Dordogne, une quarantaine de familles animent depuis des décennies la fête foraine de Périgueux. Un rendez-vous devenu incontournable pour tous ces forains, attachés au territoire, et qui cherchent à transmettre leur héritage aux générations futures.
Il se souvient encore de sa toute première foire, "avec sa friteuse sous un parapluie". Trente-six ans plus tard, le stand de confiserie de Jean-Pierre Neissen, affectueusement prénommé "Chichi" dans les allées de la foire, fait maintenant partie du paysage de Périgueux.
S'il est originaire de Belgique, le forain est désormais de toutes les fêtes locales. "Mes parents sont descendus pendant la guerre et ne sont jamais repartis, glisse-t-il dans un sourire. On fait pratiquement toutes les fêtes de Dordogne, on a grandi ici et même si parfois, on s'en va loin, on revient toujours."
Un héritage familial
Les Neissen font partie de la quarantaine de familles installées sur les allées de Tourny à Périgueux, depuis de nombreuses années. De quoi tisser des liens particuliers avec la clientèle. "Ce monsieur, j'ai vu sa petite et maintenant, c'est elle qui a un petit. Mine de rien, ça fait pas loin de cinq générations qu'on voit maintenant. On a démarré à vingt ans, donc ceux qui étaient tout bébé ont grandi et les remerciements qu'on a ce sont justement ces petits qui reviennent."
C'est une petite corporation à part qui a beaucoup évolué. On est souvent mariés avec des forains ou des sédentaires.
Jean-Pierre Neissenforain
Pour la plupart d'entre eux, le monde forain représente une tradition familiale. Le manège de la famille Durieux, par exemple, porte encore le souvenir de ses premiers propriétaires. Le carrousel, acheté il y a quarante ans, est gravé du nom de son créateur, Jean-Yves Durieux. "C'est une coutume, ça fait plaisir de garder le nom de mon père, relève Jérémy, aujourd'hui aux manettes. Ça se passe de père en fils, c'est comme ça chez nous, c'est ancré, on vend du bonheur aux gens. "
Fierté familiale
Les manèges font le tour des générations qui se succèdent au fil des années. La quatrième est incarnée par Rocco, 19 ans, déjà aux commandes du carrousel. "Reprendre le travail de plusieurs générations, ça fait quelque chose, glisse-t-il. Chaque forain est fier de sa famille." Ici, le métier s'apprend d'ailleurs dès le plus jeune âge. "Moi, j'ai été au lycée jusqu'à mes 18 ans. J'ai passé un bac, donc j'ai un peu mélangé mes deux styles de vie, sédentaire et nomade", explique Rocco.
"On est nés dedans, on savait faire que ça, abonde le forain Benjamin Bredèche, originaire de Clermont-Ferrand. On a continué ce que nos parents nous ont appris et c'est ce qu'on éduque à nos enfants." Un héritage familial et surtout, un mode de vie.
En Dordogne, les familles de forains se retrouvent toujours au gré des évènements dans le département. "On est soudés, c'est un plaisir de revenir sur Périgueux d'une année à l'autre, on se sent périgourdins, indique Benjamin Bredèche. On est là les uns pour les autres pour s'entraider, c'est ça qui fait notre force."
À Périgueux, la fête foraine se prolonge jusqu'au 5 janvier inclus. Au début de l'année 2025, cette quarantaine de familles reprendra la route vers d'autres villes du département.