Depuis sept ans, ces amis jouent de la musique ensemble dans les bistrots et lors d'événements. Rencontre avec Babüsk, un groupe de musique sundgauvien qui réinterprète des titres traditionnels alsaciens et alémaniques.
"Babüsk, c'est l'acronyme de Baïza Büewa Speziàl Klub", explique d'entrée de jeu Ludovic Renoir. En français, cela donne le "club très spécial des garçons des bistrots". Une description qui convient parfaitement aux quatre membres du groupe : Ludovic Renoir, au chant et à la flûte traversière, Bernard Schittly, à l'accordéon, François Chu Sin Chung, guitariste et Jean-Sébastien Ineich, percussionniste.
En ce moment, ils répètent dans une yourte, à Guevenatten. Ils reprennent des chansons traditionnelles alsaciennes, dont certaines très connues de Roger Siffer ou René Egles. "Nous aimons notamment interpréter des chansons nostalgiques. Elles peuvent faire mal, mais faire tellement de bien en même temps", s'exclame Ludovic Renoir. Dans leur répertoire figurent également des chansons traditionnelles rhénanes. "Ce qui nous intéresse, c'est vraiment toute la vallée du Rhin", poursuit le chanteur.
Le groupe décrit son style comme étant de la "Elsass pop folk". Autant dire que leur musique n'a rien à voir avec des musiques traditionnelles alsaciennes. Les chansons sont réinterprétées, à leur manière, avec toujours ce côté folk. Depuis peu, ils se sont même mis à la composition. François Chu Sin Chung s'est occupé de la musique et Bernard Schittly des paroles. "Il s'agit d'une chanson que l'on dédie à Louis Schittly, que nous connaissons bien et qui est quelqu'un de très important, dans le Sundgau et au-delà", explique l'accordéoniste. "J'ai tout de suite écrit les paroles en alsacien, je ne les ai pas traduites du français", poursuit-il.
L'alsacien, justement, a d'abord fait peur à François Chu Sin Chung, qui a rejoint l'aventure il y a un an et demi. "Je me suis demandé dans quoi je m'embarquais ! A présent, je suis ravi que l'on revalorise l'alsacien. Et je trouve que le style de musique est très intéressant", estime le plus jeune membre du groupe. Quand à l'alsacien, lui qui ne le parlait pas du tout l'apprend au fur et à mesure. "Cela se fait tout naturellement, en apprenant les paroles des chansons. Je comprends presque tout ce que disent les autres membres du groupe, lorsqu'ils parlent entre eux !", s'enthousiasme-t-il.
Babüsk tient à interpéter des chansons en alsacien. "Personnellement, c'est ma langue maternelle", explique Jean-Sébastien Ineich. "Malheureusement, on le parle de moins en moins. Le dialecte fait partie de notre culture, ce sont nos racines, c'est quelque chose de très fort", dit-il, ému.
D'ordinaire, le groupe répète au Café de la Largue à Wolfersdorf, tous les jeudis soir. "Il y a une ambiance d'enfer ici, on trouve ça nulle part ailleurs !" estime Ludovic Renoir. Les musiciens jouent et rejouent les mêmes morceaux pour s'améliorer, sans jamais lasser le public présent. "Ce qui est bien, c'est d'être au même niveau que les gens. On n'a pas besoin de scène ou de projecteurs, on joue pour et avec les personnes présentes", précise le chanteur.
Une animation qui ravit aussi Denis Weigel, le propriétaire du bistrot. "C'est toujours sympa quand ils viennent mettre l'ambiance !". Les musiciens sont des habitués, le bistrot est devenu leur deuxième maison. Après des mois séparés du public, le groupe se réjouit d'enfin pouvoir à nouveau passer de bons moments musicaux avec les habitants du Sundgau.