Le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a rendu son jugement, mardi 21 septembre, dans le procès de sept opposants au projet de déchets nucléaires de Bure. De 12 mois de prison ferme à une relaxe en passant par de la prison avec sursis, le tribunal a fait du sur-mesure.
C'était un délibéré très attendu. Le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a rendu son jugement dans le dossier des anti-Cigeo et a condamné six des sept prévenus, quatre hommes et trois femmes, âgés de 28 ans à 48 ans.
Deux d'entre-eux ont écopé de prison ferme respectivement douze et neuf mois, quatre autres ont été condamnés à de la prison avec sursis. Le tribunal a relaxé le septième prévenu. Les faits remontent au 15 août 2017 où une manifestation non déclarée contre le projet d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure avait été émaillée d'incidents violents avec les forces de l'ordre. Quatre ans plus tard en juin 2021, sept personnes devaient répondre devant le tribunal "d'association de malfaiteurs" ainsi que de "destruction, dégradation ou détérioration de biens par substance explosive" et de "participation à une manifestation illicite".
Les avocats de la défense partagés
Présents au tribunal de Bar-le-Duc à l'occasion du rendu délibéré, les avocats de la défense ont estimé que les peines de prison ferme prononcées à l'encontre de deux prévenus étaient injustes et trop lourdes.
En revanche, ils se sont félicités de l'abandon du chef de délit en bande organisée pour l'ensemble des prévenus et notamment d'association de malfaiteurs.
"Cette infraction n'avait rien à faire dans ce dossier donc c'est une victoire politique de ce point de vue là" selon Etienne Ambroselli avocat de la défense.
"C'est tout de même rassurant pour la suite de cette lutte puisque si à chaque fois qu'on manifeste contre le projet Cigéo on peut être suspecté d'être un malfaiteur cela pose de vraies questions pour la démocratie. Pour le reste, je trouve que les décisions sont sévères. Participer à une manifestation anti-nucléaire et avoir 9 mois -parfois- ferme pour ça, c'est disproportionné".
Suite à ce jugement, Alice Becker autre avocate de la défense réfléchissait à l'opportunité de faire appel: "On a des condamnations, on a des relaxes. On se réserve le droit de faire appel. On va en parler avec les mis en cause qui sont assez nombreux et avec l'ensemble des conseils."
Rassemblement devant la cour d'appel de Nancy
Devant la cour d'appel de Nancy où s'étaient rassemblés une cinquantaine de militants opposés au Cigeo, chacun cherchait à analyser le jugement du tribunal correctionnel de Bar-le-Duc. Comme ce jeune homme au micro France 3 Lorraine de Yoann Rodier:
"Etant donné qu'ils ont retenu que pratiquement la participation à une manifestation illégale, on n'envoie pas des gens en prison ferme ou avec des peines de sursis aussi longues pour des histoires comme ça. En fait la justice, elle cherche à se justifier elle-même et à justifier toute l'enquête policière qui a eu lieu ces 4 dernières années à Bure".
Pour l'instant, les avocats étudient avec attention les motivations du tribunal de Bar-le-Duc -pas moins de 65 pages- pour décider s'ils vont faire appel. Cette affaire n'est donc peut-être pas définitivement terminée.