Construit par le gendre du baron de Fleckenstein vers 1740, le manoir de Lembach était inhabité depuis des années. C'est en 2015 que trois amoureux du patrimoine alsacien en sont littéralement tombés amoureux et ont décidé de le restaurer à l'identique.
Un chantier titanesque, c'est le moins que l'on puisse dire. Etanchéité, tuiles, colombage, fenêtres, tout était à refaire. Construit par le gendre du baron de Fleckenstein vers 1740, le manoir de Lembach (s'Schlessel en alsacien) était inhabité depuis des années et se délabrait de plus en plus. C'était sans compter sur la pugnacité de trois amis passionnés par le patrimoine alsacien.
Quand Denis Elbel, son épouse Malou et leur ami Jean-Paul Mayeux ont visité le manoir en 2015, ils en sont littéralement tombés amoureux. Dans un premier temps Malou a pensé que son "mari était fou" mais quand, par un jour d'automne, elle est arrivée sur le domaine et qu'elle a vu "ces dalles en grès et ces belles portes" elle a dit "soyons fou et fonçons !".
Les trois amis ont donc acheté la bâtisse. Et là, a démarré un chantier de six ans. Vice-président de l'Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne, Denis Elbel a su s'entourer de tous les artisans nécessaires. Ce sont 50 entreprises régionales différentes qui ont été embauchées avec un seul mot d'ordre : restaurer le manoir à l'identique c'est-à-dire lui redonner son parfait lustre d'antan.
Des artisans rares pour recréer une ambiance 18ème
Tuiles Biberschwantz faites à la main, dégagement des colombages cachés par du plâtre, structures des fenêtres et vitres spécifiques, décorations au pochoir... Le manoir est passé par des mains expertes, des artisans au savoir-faire quasi "unique" qui ont dû trouver les bonnes techniques pour rester fidèles au style et aux matériaux d'origine.
Un chantier "défi" pour les artisans. Jean Rapp, ébéniste à Rangen, à par exemple dû imaginer une porte extérieure en bois qui devait se rabattre sur elle-même pour s'ouvrir. Pierre Seene, menuisier à Uttwiller, à lui, dû innover et trouver le moyen de restituer les fenêtres d'époque. Un chantier financé, en partie par le programme "Patrimoine" de l'Etat et soutenu par la Drac et la Région. Et si le montant de l'achat et des travaux restera secret, Denis Elbel a bien voulu nous faire visiter les lieux.
Le rez-de-chaussée, l'étage des salons
En entrant, l'Histoire nous rattrape. "Dans ce grand salon, les Allemands ont abattu une cloison pour agrandir l'espace et en faire une salle de classe durant la Seconde Guerre mondiale" raconte le propriétaire. Salon dans lequel tombera un obus et dans lequel tout a été refait. "Juste à côté dans cette pièce, nous avons retrouvé le parquet d'origine qui était stocké au musée Westercamp de Wissembourg ( ... ) Et là dans ce petit salon, il y a un papier peint panoramique réalisé par l'entreprise Zuber qui reprend une photo de Rixheim (Haut-Rhin - ndlr) au 18ème siècle".
Le premier étage réservé aux parties privées
Suite de la visite à l'étage avec un couloir aux poutres apparentes. "Nous avons tout dégagé car ce colombage était caché sous du plâtre" explique Denis Elbel qui poursuit sa description dans une chambre où tout est comme autrefois. "Les décors sur les murs ont été réalisés au pochoir et ils sont identiques à ceux retrouvés sur ce mur d'époque" se félicite l'heureux co-propriétaire.
Destinée à être la maison secondaire des trois amis propriétaires, la demeure vous ouvre ses portes ( sur réservation) ce dimanche 19 septembre 2021 dans le cadre des Journées du patrimoine.