Quitter le monde scolaire pour entrer rapidement dans le monde professionnel, c'est le choix effectué par 4.850 apprentis en Alsace. Et même si le coronavirus a quelque peu compliqué la voie d'accès aux centres de formation, les jeunes sont au rendez-vous. Rencontre.
Certains ont découvert qu'ils n'aimaient pas l'école, d'autres en avaient fait le choix depuis leur enfance, tous ont voulu entrer dans le monde du travail le plus rapidement possible. L'Alsace compte 4.850 apprentis, bien décidés à percer dans l'artisanat et ceci malgré les obstacles liés à la crise sanitaire. Rencontre avec trois d'entre eux.
Cordélia, Elisa et Pierre-Lou ont quitté le collège au printemps dans un contexte inédit : cours à distance, brevet obtenu sur la base du contrôle continu et incertitudes quant à leur avenir d'apprentis. Leurs projets professionnels étant murement réfléchis, ils ont décidé de ne pas baisser les bras. Ils viennent d'intégrer le Centre de Formation des Apprentis d'Eschau (Bas-Rhin), l'un des deux centres de formation que propose la Chambre des métiers d'Alsace.
Après la troisième, Cordélia a fait son entrée au CFA d'Eschau, lundi 14 septembre comme 840 autres apprentis. Elle est en première année de CAP Pâtissier car "depuis toute petite je fais de la pâtisserie le mercredi avec ma mamie", nous confie-t-elle, "cela me plaisait et donc j'ai continué, maintenant je suis en CAP".Depuis toute petite, je fais de la pâtisserie avec ma mamie
Des milliers d'entreprises étaient à l'arrêt et leur personnel au chômage, ce qui n'était pas sans conséquence sur l'apprentissage, comme le montre les nouveaux chiffres publiés par l'Institut Supérieur des Métiers et la MAAF. Sur les 13.000 apprentis formés, près de 2.000 ont été impactés par les cessations d'activités dans le Grand Est. Une situation qui est en passe de s'améliorer en Alsace. Cordélia, elle, a fini par trouver une boulangerie pour effectuer son alternance.
De base déjà c'est pas facile mais alors avec le coronavirus, les stages et tout ça c'était très compliqué.
Dans l'atelier de menuiserie-ébénisterie du CFA Pierre-Lou fait connaissance avec l'outillage derrière sa table de travail. Il fait partie des douze apprentis qui ont intégré la première année de cette spécialisation. ''J'adore le bricolage. Lors de mon stage de 3e, je suis venu ici et là j'ai découvert l'ébénisterie", pour lui l'apprentissage n'est pas une voie de garage mais un vrai choix.
Nous sommes à + 5% par rapport à l'année dernière
Cordélia, Elisa et Pierre-Lou, trois profils, trois parcours et trois exemples qui illustrent bien la situation générale de l'apprentissage en Alsace. "Nous avons eu moins de jeunes au début mais là nous rattrapons le retard grâce à l'aide de l'Etat mais aussi grâce à nos développeurs de l'apprentissage. Avec tout notre lobbying nous sommes à + 5% par rapport à l'année dernière dans nos deux CFA d'Alsace" nous dit Jean-Luc Hoffmann, président de la Chambre des métiers d'Alsace.
Si certains secteurs comme la coiffure, l'art floral ou la restauration ont été plus durement touchés par la crise, les voyants sont globalement au vert partout. Il reste même des places dans les centres de formation comme au Centre Adrien Zeller d'Illkirch (Bas-Rhin). Son directeur, Sébastien Malgras, reçoit de nombreux artisans en recherche de jeunes : "si vous me trouvez 60-70 jeunes, je leur garantis une place dans une entreprise des métiers de la bouche d'ici la fin de la semaine". Alors si vous cherchez encore une dans le domaine, n'hésitez pas.