Très dépendants du gaz, les potiers subissent la hausse des tarifs depuis l'été. À Soufflenheim (Bas-Rhin), les gérants de la poterie Beck ont dû fermer leur plus gros four et certains employés sont au chômage partiel. Autre conséquence, une hausse des prix.
L'explosion du prix de gaz n'épargne aucun professionnel, et certains secteurs y sont plus dépendants que d'autres. C'est le cas des potiers, comme ceux de la poterie Beck, à Soufflenheim (Bas-Rhin). Ils n'ont d'autre choix que d'augmenter leurs prix.
C'est dans un post Facebook que la poterie a voulu alerter sur sa situation, par soucis de transparence : "Nous voilà aujourd'hui heurtés à une nouvelle crise", peut-on lire sur le message publié le mercredi 5 octobre. Si les prix de l'argile ont déjà augmenté, comme beaucoup de matières premières, celui du gaz encore plus : "La facture annuelle est passée de 25.000 à 260.000 euros", se désole le patron, Richard Beck.
Les potiers dépendent énormément du gaz, eux qui ont besoin de beaucoup de temps pour faire cuire leurs produits : "Quand j'ai commencé, on faisait ça au bois, puis au fuel. Aujourd'hui, c'est le gaz naturel. Comptez sept à douze heures pour faire cuire un plat ou une terrine de baeckeoffe."
Les prix multipliés par dix
Richard Beck estime que la consommation de gaz est passée de 5 à 25 % dans le prix de revient, c'est-à-dire l'ensemble des charges nécessaires pour fabriquer un produit : "Avant que les factures n'explosent, le gaz nous coûtait environ 90 centimes pour faire cuire une terrine de 6 litres. C'est passé à 9 euros!"
Première conséquence de l'explosion des factures, la poterie a décidé de complètement arrêter son plus gros four, grand de 10 m³ : "Les deux autres, de 3 et 4 m³, fonctionnent toujours. Mais forcément, on produit beaucoup moins." Sur la vingtaine d'employés que compte l'entreprise vieille de plusieurs siècles, cinq ont été placés en chômage partiel.
On a arrêté de produire les premiers prix.
Richard BeckPoterie Beck
Les potiers ont également dû adapter leur offre, essentiellement basée sur des commandes : "On a arrêté de produire les premiers prix, ceux vendus en grande distribution, explique Richard Beck. Ce sont ces produits qui ont augmenté le plus, jusqu'à 40 %. Maintenant, on ne fait que des pièces à valeur ajoutée, avec des décors. Et forcément, nos prix grimpent."
Énormément de soutien
Sous leur post Facebook, la poterie a reçu de nombreux soutiens : "On a eu une très bonne nouvelle en mars avec l'obtention d'une IGP (indication géographique protégée), et là ça nous arrive en pleine figure. Mais une grande partie de nos clients et détaillants comprend notre situation."
Richard Beck se dit pessimiste quant à la suite des choses : "Est-ce que les gens vont continuer à acheter ? Eux aussi, ils ont des factures à payer... J'ai connu d'autres cas de figure, comme le choc pétrolier de 1979. Mais là c'est encore autre chose."
Pour pouvoir continuer à exister, la poterie compte élargir sa gamme pour trouver une nouvelle clientèle, en espérant que la surchauffe de la facture ne soit que passagère.