Rund Um. À Bischtroff-sur-Sarre, en Alsace Bossue, des patcheuses se retrouvent chaque semaine depuis près de 30 ans. Certaines se déplacent de loin et l'engouement ne cesse de croître. Car il paraît que lorsqu'on attrape le virus du patchwork, on ne s'en remet pas.
Une épidémie frappe le petit village de Bischtroff-sur-Sarre, 350 âmes, et cela dure depuis une vingtaine d'années. Des habitantes ont attrapé la fièvre du patchwork. Moins préoccupante qu'une autre infection, mais relativement énergivore en temps et en argent, tout de même. Quand on aime, on ne compte pas...
Chaque mardi, les patcheuses se retrouvent pour s'adonner à leur plaisir favori. Un groupe l'après-midi, un autre le soir, il a fallu ajouter une séance devant le succès du cours. Certaines font même plusieurs dizaines de kilomètres pour participer. Et cela ne s'arrête pas là, "on en fait tous les jours", affirment-elles, à l'unisson.
"Ça nous détend, ça nous vide la tête, c'est le meilleur des médicaments", poursuivent-elles en riant, dans un joyeux vacarme. L'atelier du mardi est une récréation - "on vient aussi pour l'ambiance" - au milieu de dizaines d'heures dédiées au patchwork à la maison chaque semaine. "J'ai besoin de ça", confie ainsi Liliane Bricka.
"Une philosophie de vie"
"On vit, on dort, on se couvre et on mange avec le patchwork, s'esclaffe sa sœur, Evelyne Brehm, après avoir fait la visite guidée de sa maison. Il y a du patch partout."
Aux murs de chaque pièce, comme couvre-lit, comme nappe, comme décoration, sur le canapé, les fauteuils, les buffets... Les deux sœurs ont lancé les ateliers à Bischtroff-sur-Sarre en 1994 après être devenues accrocs peu de temps plus tôt. Le patchwork, une "philosophie de vie".
Elles récupèrent des chutes de tissus pour leurs créations, mais se déplacent aussi loin, à la recherche d'autres tissus. Car chaque boutique a ses spécialités et surtout, car les magasins sont de plus en plus rares. "Là, par exemple, je reviens d'un salon à Nantes, on va aussi en Belgique, en Allemagne, on commande via internet en Hollande", affirme Liliane Bricka. "Ça nous coûte pas mal d'argent, on ne le dit pas à nos maris", s'amuse sa sœur Evelyne.
Les mordues de patch de Bischtroff-sur-Sarre créent des dizaines de pièces de toutes les tailles chaque année. La pandémie les a empêchées de présenter leurs œuvres au public depuis 2019. D'où leur impatience : elles exposeront enfin les 14 et 15 mai 2022 en différents lieux du village (l'église, des granges, la salle communale...). Avec leur bonne humeur légendaire et une invitation lancée aux amatrices - et amateurs ! - qui seraient tentés de les rejoindre le mardi.