La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, autorise l'utilisation de drones par la police nationale lors de la manifestation du 6 juin 2023 contre la réforme des retraites. Les autorités pourront procéder à la captation, l'enregistrement et la transmission d'images lors de l'évènement.
La préfète du Bas-Rhin, Josianne Chevalier, a pris un arrêté, ce 2 juin, autorisant la police nationale à procéder à la captation, à l'enregistrement et à la transmission d'images aux moyens de caméras installées sur des drones pour la prochaine manifestation contre la réforme des retraites le mardi 6 juin.
Le communiqué de la préfecture indique que la "loi du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure et son décret d’application du 19 avril 2023 autorisent les forces de sécurité intérieure à utiliser des caméras installées sur des aéronefs pour des missions de police administratives telles que la sécurité des rassemblements ou la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens".
Cette décision intervient en réaction aux "incidents" survenus lors des précédentes manifestations à Strasbourg. En effet, plusieurs confrontations entre manifestants et forces de l'ordre avaient eu lieu, avec des jets de grenades lacrymogènes et la dégradation d'abribus et de banques.
Les autorités pourront utiliser ces drones entre 14h et 22h dans un périmètre géographique "strictement délimité" et répondront aux besoins des forces de l'ordre sur place.
Les syndicats craignent des dérives
La CFDT rappelle que des caméras sont déjà présentes sur tout le long du parcours des manifestations à Strasbourg. Le syndicat n'est pas formellement opposé à l'utilisation de drones, mais émet des réserves. "Ce n'est pas un outil de contrôle illégitime, mais il ne faut pas que cela provoque d'arrestations arbitraires et d'excès de zèle, comme cela a été le cas lors de la visite du président de la République à Sélestat", indique Sabine Gies, secrétaire générale de la CFDT Alsace.
De son côté le syndicat Alternative Etudiante Strasbourg (AES) y voit une "atteinte aux droits individuels". "On peut voir les même pratiques dans les régimes les plus autoritaires à travers le globe [...]. On a déjà vu du fichage de militants politiques à Lille, l'utilisation d'un tel outil ne ferait que faciliter ce fichage. [...] C'est un recul de nos libertés publiques", déplore Simon, président de l'AES. Les représentants syndicaux assurent qu'ils resteront viligeants à ce qu'il se déroulera après la manifestation.