"C'est un projet d'un autre temps" : la perspective d'un nouveau stade de biathlon divise dans le Bas-Rhin

Trois collectifs écologistes manifestent samedi 23 mars contre un projet de stade de biathlon au Champ du feu, dans le massif des Vosges. La Collectivité européenne d'Alsace, comme les clubs de ski, invoquent pourtant l'adaptation au changement climatique comme principal argument en faveur du projet.

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Il y a de moins en moins de neige sur nos massifs montagneux. C'est un fait désormais établi, et il se vérifie un peu plus chaque année. Face à cette réalité, les stations de ski n'ont d'autre choix que de s'adapter, et c'est précisément ce qui est en jeu depuis quelques mois au Champ du feu. Cette station réputée du massif des Vosges, dans le Bas-Rhin, est en effet en pleine réflexion sur son avenir à court et moyen terme. L'une des pistes envisagées pour s'adapter à cette nouvelle donne climatique est... la construction d'un stade de biathlon.

Voilà qui peut sembler contre-intuitif, et qui d'ailleurs suscite l'ire d'une partie des habitants et des associations écologistes. Trois d'entre elles organisent une manifestation samedi 23 mars pour dénoncer un projet "anachronique et inopportun". Parmi les 271 contributions à l'enquête publique en amont du projet, 55% présentaient des inquiétudes sérieuses sur l'impact pour le milieu naturel. "Je ne comprends pas qu'on puisse envisager de détruire trois hectares de forêt pour construire un stade aujourd'hui", s'alarme Roland Storck, habitant du secteur et président de l'association Nature et Vie.

Il y a pourtant une certaine logique derrière l'idée du stade de biathlon, et Monique Houlné, conseillère d'Alsace en charge du dossier, le martèle : "Quand on entend biathlon, on pense neige. Mais aujourd'hui biathlon veut plutôt dire quatre saisons, c'est-à-dire une activité que l'on pourra pratiquer même sans neige et tout au long de l'année." Le modèle "quatre saisons" consiste à diversifier l'activité d'une station de ski de façon à ce qu'elle fonctionne tout au long de l'année. Il est évoqué dans le plan Avenir Montagnes du gouvernement et est de plus en plus développé par les stations de moyenne altitude en France.

Le modèle des "quatre saisons", la solution au manque d'enneigement ? 

Concrètement, le stade de biathlon pourrait permettre aux clubs de ski locaux de se réinventer. "Ce serait formidable pour les enfants qui s'entraînent sans neige par exemple, estime Philippe Scheppler, président du ski club Belmont. Aujourd'hui ils font du ski roues sur la route, au milieu de la circulation." À ceux qui évoquent le faible nombre de licenciés de biathlon, Philippe Scheppler rétorque que l'infrastructure servira "globalement" à tous les licenciés de ski. "90% de mes licenciés font du ski alpin. Je peux vous dire que s'il y a un stade de biathlon, la plupart vont se mettre au ski roues pour s'entraîner plus régulièrement. C'est parce qu'on manque d'infrastructures qu'il y a si peu de licenciés, il faut voir le problème dans l'autre sens. Moi je prévois déjà d'investir dans les skis roues."

L'ensemble des stations de ski doivent se questionner sur leur avenir. Nous, on propose de faire perdurer une activité existante.

Monique Houlné, conseillère d'Alsace

Il n'en reste pas moins que le stade entraînera une artificialisation des sols, puisque le ski roues se pratique sur terrain dur. "Je suis pour, mais je comprends ceux qui s'interrogent", concède le président de club. Monique Houlné, elle, n'en démord pas. "L'ensemble des stations de ski doivent se questionner sur leur avenir. Nous, on propose de faire perdurer une activité existante. Oui, il y aura de moins en moins de neige, mais on peut encore faire vivre toutes ces activités sans heurter l'environnement. Les arbres qui vont être coupés vont être replantés." Un argument qui ne tient pas selon les associations écologistes, qui rappellent que des études ont montré que la compensation ne permettait pas d'éviter une perte de biodiversité dans 80% des cas.

Face à cette mobilisation, la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), porteuse du projet, a décidé de lancer une nouvelle phase de concertation. "On s'est engagés à le requestionner, à revoir la taille et l'emplacement en fonction des discussions que nous avons avec les différents acteurs", nous confirme Monique Houlné, conseillère d'Alsace en charge du dossier. Une annulation n'est en revanche pas à l'ordre du jour. La manifestation des trois associations écologistes, le Chaudron des Alternatives, Vallée Debout et Nature et Vie, se tiendra le 23 mars au Chalet du Champ du feu à partir 11h30.

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