En 25 ans d'activité, l'école du chat libre d'Alsace, une association située à Sessenheim, a capturé près de 3 300 chats errants pour les faire castrer ou stériliser. Cependant, le piégeage n'est pas sans défis, et il arrive fréquemment de capturer des chats par erreur. Pour remédier à ce problème, l'un des fondateurs de l'association a proposé une solution innovante : des caisses électroniques conçues pour réduire les erreurs de capture
Les associations qui se mobilisent pour capturer et stériliser ou castrer les chats errants savent à quel point la tâche est compliquée. Il faut de la patience, de l'obstination pour arriver à ses fins. Les pièges mécaniques qui sont habituellement utilisés ne font pas la différence entre un chat errant et un autre. Les marges d'erreur sont donc très importantes.
Fort de ce constat, Jean-Claude Deschamps, secrétaire de l'Ecole des Chats Libre d'Alsace et cofondateur de la structure, a réfléchi à la manière de faire évoluer le système. Et il a trouvé la solution. Le piège, c'est-à- dire la caisse, doit être doté d'un système de caméra pour visualiser le chat, et une télécommande pour refermer la trappe lorsqu'il s'agit effectivement d'un chat errant.
Évidemment, pour que cela fonctionne, il faut encore que l'humain qui détient la télécommande sache identifier le chat comme étant véritablement un chat errant. Mais c'est une difficulté que Jean-Claude Deschamps balaye d'une phrase. "Quand nous arrivons sur un site où on nous a signalé des chats à capturer, nous avons aussi des photos des chats du voisinage qui sont répertoriés comme étant déjà domestiqués, castrés ou stérilisés. Et à force, on sait les reconnaître... Il y a les chats dont le pelage est en écaille de tortue, il y a les tricolores, ceux qui sont un peu amochés, on les reconnaît aussi à la couleur de leurs yeux"... Bref, question d'habitude, d'observation et de passion.
Des pièges sélectifs
L'avantage, donc, avec la caméra, c'est que l'on ne déclenche la fermeture de la trappe que lorsqu'on est certain qu'il s'agit d'un chat errant. La télécommande d'une portée de 80 mètres permet de garder le contact visuel sur la caisse. Mais d'autres systèmes encore plus évolués permettent une surveillance à distance.
Ces pièges électroniques sont commercialisés depuis un peu plus d'un an, à des prix allant de 115 à un peu moins de 200 euros. 47 unités ont déjà été vendues, et notamment à des SPA un peu partout en France. "Nous ne vendons qu'à des associations, précise Jean-Claude Deschamps. Il n'est pas question que ces pièges tombent aux mains de personnes mal intentionnées, ou qu'ils soient achetés par des chasseurs. Notre objectif, c'est quand même la protection des animaux"
Chats capturés, chats libérés
La capture des chats errants permet de les stériliser, ou de les castrer, afin de contenir leur prolifération. Une fois cette opération réalisée, l'association cherche une famille adoptante, lorsque le chat peut être socialisé. Dans le cas contraire, il est tout simplement relâché dans la nature, sous le statut de "chat libre".
Le chat libre n'est pas un chat errant. Il a un tatouage dans l'oreille ou une puce du côté gauche du cou. C'est un animal qui a gagné son autonomie, qui peut se promener où bon lui semble sans être menacé de fourrière, et qui est protégé par la loi. La réglementation prévoit même une obligation d'assistance en cas de nécessité, et notamment en fournissant l'eau et la nourriture, sous peine d'amende pouvant aller jusqu'à 750 euros pour acte de maltraitance.
Les pièges électroniques servent donc aussi à cela : capturer les chats errants pour mieux leur rendre la liberté.
Article initialement publié en avril 2024