Basé à Molsheim, myfood conçoit depuis près de 10 ans des serres connectées. Ces installations particulièrement innovantes permettent à une famille de profiter de fruits et légumes frais tout au long de l’année, de façon autonome. 1200 serres ont déjà été vendues en Europe et l'entreprise vient de lever 900 000 euros à l'occasion d'une campagne de financement participatif.
En 2024, myfood n'est plus une jeune pousse, mais bien une véritable PME. Elle compte une vingtaine de salariés et son chiffre d'affaires a dépassé les quatre millions d'euros en 2023. Après bientôt dix ans d'existence, l'entreprise implantée à Molsheim (Bas-Rhin) a lancé en septembre une levée de fonds lors d'une campagne de financement participatif menée en collaboration avec Crowdcube. En deux semaines, elle a récolté 900 000 euros.
"L’objectif est d'assurer notre plan de croissance d'ici à 2030, explique Matthieu Urban, l'un des fondateurs de myfood. Nous aimerions vendre un millier de serres chaque année et nous pourrions réaliser un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros par an".
Se nourrir plus sainement en produisant sa propre alimentation
Cette idée d'un nouveau concept d'agriculture urbaine est née à la fin des années 2010. Les fondateurs de myfood voulaient proposer aux gens de se nourrir plus sainement en produisant leur propre alimentation dans leurs jardins ou sur leurs balcons, le tout avec moins de déchets, en utilisant moins d'eau, et en préservant la biodiversité. Leur idée a séduit, elle était dans l'air du temps. Alors les entrepreneurs ont travaillé et développé le concept.
Entre 10000 et 15000 euros
La jeune société fabrique aujourd'hui plusieurs modèles de serres allant de 3m,50 à 40m². Leur prix moyen varie entre 10 000 et 15 000 euros. Tous les éléments, depuis la structure, jusqu’aux plants bio qu’elle cultive elle-même, en passant par les bacs, la tourbe et même les poissons, dont les déjections enrichissent l’eau pour nourrir les plantes, proviennent de l'usine de Molsheim.
Une communauté qui rassemble 1200 personnes
Depuis son démarrage en 2015, myfood en a aussi profité pour développer une véritable communauté autour de ses produits. "La communauté représente environ 1200 personnes, assure Matthieu Urban, ce sont nos clients, nos prospects et aussi nos followers qui partagent nos valeurs et qui nous aident à grandir en investissant dans l'avenir de l'entreprise".
Cuisiner plus et manger mieux
Un Ephad alsacien, situé sur la commune de Saint-Pierre, a fait le choix de s'équiper d'une de ces serres dès 2018. "On avait l'habitude de planter dans de la terre et là, on a des fruits et des légumes qui poussent dans des colonnes avec uniquement de l'eau... C'est adapté à toutes les saisons et on peut en profiter tout au long de l'année", se réjouit Rebel Abi Kenaan, le directeur de cet Ehpad, dont les résidents profitent pleinement de la serre.
Même satisfaction pour cette maman de deux enfants rencontrée à Eschau, une commune située à quelques minutes de Strasbourg. Elle s'est offert une petite serre il y a deux ans et depuis, elle assure manger différemment : "on mange par exemple de la blette, ce genre de chose qu'on ne mangeait pas forcément avant. On cuisine aussi un petit peu plus et puis on va faire des conserves".
"Les gens n'ont plus le temps, plus la place, ils n'ont plus la connaissance et les aléas climatiques sont très compliqués, ajoute Matthieu Urban, cet été, il n'a fait que pleuvoir, donc on essaye de résoudre ces problématiques-là avec (notre) serre bioclimatique, l'aquaponie et la permaculture". Après bientôt dix ans d'activité, les créateurs de myfood affirment qu'environ 3500 personnes se nourrissent en autonomie grâce à leur innovation.
En France, comme myfood, d'autres entreprise se distinguent dans le domaine de l'agritech. Dans le cadre du plan France 2030 dévoilé en 2023 par le gouvernement, 115 projets ont été présentés dans le cadre de l'objectif "Investir dans une alimentation saine, durable et traçable".
Parmi eux, on peut citer l'entreprise de machines agricoles Kuhn à Saverne. Son projet baptisé PRK3 est de développer un système autonome pour effectuer les opérations courantes sur les grandes cultures.
En Bretagne, le projet RS Smart de la Coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Ouest veut aider les éleveurs de porcs pour les accompagner dans la transition de leur modèle de production vers un élevage plus durable et moins consommateur de ressources en ayant recours aux nouvelles technologies.
Une autre façon de produire et consommer
Que les Alsaciens qui n'ont pas de jardin ou aucun balcon pour accueillir ce genre de matériel se consolent, ils ne seront pas obligés de renoncer aux fruits et légumes cultivés en circuit court pour autant. Depuis 2001, des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) se sont développées en France. Il s'agit de partenariats entre des consommateurs et des fermes, basé sur un système de distribution de paniers composés de produits de la ferme. Quarante associations de type existent dans le Haut-Rhin, et 23 dans le Bas-Rhin.