La miroiterie Flabeg France, installée à Sarrewerden (Bas-Rhin) devrait être placée en liquidation judiciaire. Selon les syndicats, la direction va redéployer une partie des clients vers sa filiale hongroise. 122 emplois sont menacés.
Sa voix traduit sa tristesse et sa résignation. "On est écœuré", lâche Christian Henry. L'homme, délégué syndical à la Confédération autonome du travail (CAT) et qui a passé 38 ans au sein de l'usine alsacienne du groupe allemand Flabeg, n'y croit plus. "Il n'y a presque plus d'espoir, nos clients sont partis les uns après les autres donc nous allons être placés en liquidation judiciaire." Comme lui, 121 salariés sont menacés de perdre leur emploi.
Comme l'ont rapporté nos confrères des Dernières Nouvelles d'Alsace, le groupe Flabeg, installée à Sarrewerden (Bas-Rhin) et spécialiste des miroirs de rétroviseurs, va demander d'ici quelques semaines son placement en liquidation.
L'information a entraîné un débrayage des salariés le 12 janvier. Les employés ont alors symboliquement installé des croix funéraires en bois devant le site en y inscrivant leur nom et leur date d'entrée au sein de l'entreprise.
Une histoire à travers les siècles
Fondée en 1884, l'usine, qui produit des miroirs, a résisté aux deux grandes guerres mondiales, au choc pétrolier ou encore à la crise des subprimes. "Il a toujours fallu se battre pour continuer à exister. Nous avons dû robotiser, automatiser, supprimer des postes. De 400, il y a quelques années, nous ne sommes plus que 122", raconte Christian Henry.
Depuis janvier, nos clients nous appellent pour nous dire qu'ils souhaitaient partir. Beaucoup vont aller dans notre filiale hongroise
Christian Henry, délégué syndical
Mais c'est la crise de la covid-19, la hausse des matières premières et la main-d'œuvre plus attrayante des pays de l'Est et de l'Asie qui devraient finalement avoir raison de l'usine. " Le coût de la main-d’œuvre en France et le coût de l'énergie font qu'on est passé par une augmentation des prix que nos clients ont acceptée dans un premier temps. Mais depuis janvier, tous nous appellent pour nous dire qu'ils souhaitaient partir. Beaucoup devraient aller dans notre filiale hongroise".
"Nous n'avons plus lieu d'être"
Et si certains rêvent de voir un repreneur pour l'usine, l'espoir est mince, selon Christan Henry. "Le groupe s'est clairement positionné, ils ne veulent plus de nous. Avec la perte de nos clients, nous n'avons plus lieu d'être. Si un repreneur venait à vouloir relancer notre activité, ça se ferait au prix de suppressions de postes. Mais nous ne misons pas dessus."
Désormais, le syndicaliste espère pouvoir obtenir pour l'ensemble des salariés "une prime extralégale" de la part du groupe allemand. Une maigre consolation qui n'est pas sûre de voir le jour.