Il y a 12 ans, Simone Sommer a décidé de faire revivre le passé de son village. Elle a rassemblé des centaines d'objets dans ses dépendances pour retracer le quotidien des villageois et de leurs traditions.
Grand sourire aux lèvres, Simone Sommer se réjouit. Elle va pouvoir nous raconter toute l'histoire d'Hunspach (Bas-Rhin), village où elle est née, et des traditions d'antan du nord de l'Alsace. "Je vous propose un voyage dans le temps" nous lance-t-elle à notre arrivée et pour commencer, nous partons dans les rues du "Village préféré des Français".
Ce qui frappe tout de suite, ce sont toutes ces maisons et tous ces corps de ferme blancs. Devant l'une des demeures, Simone Sommer explique : "après la guerre de Trente Ans, ce sont des Suisses qui fuyaient leur pays qui ont reconstruit Hunspach. À l'époque, les maisons étaient plus petites, la paille sur le toit et les granges inexistantes. Sous l'impulsion du seigneur Christian IV, les nouveaux habitants ont construit des corps de ferme et des granges. Et à l'époque la sobriété était de rigueur, pas de chichis, d'où la couleur blanche".
Une histoire parmi tant d'autres que Simone Sommer raconte encore et encore. Poursuite dans son musée installé dans une ancienne écurie. Un musée renfermant des centaines d'objets et de documents familiaux ou récupérés chez des habitants.
Le Kelsch, signe de richesse
Et pour commencer, elle nous montre ses mètres de tissus kelsch. Tissu que l'on trouvait dans toutes les maisons avant 1830, car toutes disposaient d'un métier à tisser, "appelé kelsch, car le tissu était teinté de bleu pastel cultivé près de Köln. En alsacien, c'est devenu "bleu kelsch". Pour le tissage, on utilisait les fibres disponibles dans les champs, à savoir le lin et le chanvre". En nous montrant l'armoire pleine de tissu, elle poursuit "quand il y avait beaucoup de kelsch, c'était un signe de richesse".
Quelques pas plus loin, Simone revient sur la forme et les couleurs des coiffes de ce secteur-ci de l'Alsace. Chez elle, pas de grande coiffe. "Il y avait aussi un nœud, mais plus petit. Un nœud noir pour les filles protestantes, un nœud rouge pour les catholiques". Et ainsi ce sont une multitude de petites histoires qu'elle raconte au fil de la visite. Chaussettes crochetées, outils d'antan, ustensiles de cuisine, Simone est intarissable. Pour elle, également une façon de dynamiser un peu son petit village du nord Alsace.