"L'obésité n'est pas une honte, mais bien une maladie", cette patiente raconte sa renaissance au sein d'un centre spécialisé

En Alsace, le taux d'obésité est bien supérieur à la moyenne nationale. Pour tenter de contrer cette maladie, le centre de rééducation et de réadaptation de Morsbronn-les-bains propose une prise en charge individuelle et adaptée. Rencontre avec Caroline, une patiente au sein de cet hôpital de jour.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les chiffres sont "alarmants" en Alsace. La région est la deuxième la plus touchée avec près de 20% de la population atteint d'obésité, un taux supérieur au 17% comptabilisés en France métropolitaine. Depuis 2012, le centre de rééducation et de réadaptation de Morsbronn-les-Bains a ouvert un hôpital de jour afin de lutter contre cette maladie en prenant en charge des patients. Ce programme d'une durée de six semaines est accessible après consultation d'un médecin, et remboursé par la Sécurité sociale. 

Chaque patient est suivi individuellement par des diététiciens, des éducateurs sportifs, des psychologues, et même des ergothérapeutes. Le but n'étant pas de perdre du poids de façon spectaculaire, car "cela n'est pas efficace", explique le Dr. Patrycja Grosjean, médecin-chef en charge du projet stratégique au centre de rééducation. 

Plusieurs activités sont proposées et les participants vont à leur rythme tout en étant motivé par les équipes encadrantes. Au programme : renforcement musculaire, marche nordique, balnéothérapie, danse, piscine et pilâtes. "L'objectif est de montrer plusieurs sports aux patients afin qu'ils choisissent ce qu'ils préfèrent et reprennent une activité physique sur le long terme", affirme la médecin.

En effet, les patients ne séjournent pas à l'hôpital, ils n'y sont que pour quelques heures par jour et retourne ensuite à leur domicile. "Le but, c'est aussi de les confronter à la réalité et qu'ils puissent se prendre en main lorsqu'ils sont chez eux. Nous sommes là pour les accompagner et non pas les contraindre". 

Un programme physique et psychologique

Parmi les patients atteints d'obésité, Caroline Neumann, 32 ans, participe à la rééducation depuis le 30 janvier. "J'ai découvert cet hôpital de jour grâce à une collègue, puis j'ai demandé une prescription de mon médecin traitant", explique-t-elle. "J'ai rencontré plusieurs diététiciennes, mais il n'y avait aucun suivi psychologique et je sentais une privation de nourriture. Ce n'est pas du tout le cas avec ce centre". 

Dans ce programme, il n'est pas question d'interdiction, mais bien d'adaptation. "Nous avons des cours de cuisine chaque jeudi. Je découvre des façons de cuisiner qui peuvent être adaptées à ma vie mouvementée", sourit la trentenaire. "J'ai réappris à manger, et figurez-vous que je ne mangeais pas assez. Je me privais constamment pour au final craquer et manger des cochonneries. Aujourd'hui, je mange beaucoup plus, mais beaucoup mieux".

Je suis infirmière et mon poids était un problème. J'étais souvent essoufflé, j'avais très mal aux genoux

Caroline Neumann, patiente du centre de rééducation de Morsbronn-les-Bains

Pour Caroline, il devenait urgent d'agir et de reprendre sa santé en mains. "Depuis mes 20 ans, je suis en surpoids et cela ne s'est pas amélioré avec la mort de ma mère il y a 5 ans", déplore-t-elle. "Je suis infirmière et mon poids était un problème. J'étais souvent essoufflé, j'avais très mal aux genoux. Monter les escaliers, c'était le parcours du combattant". 

Après cinq semaines de programme, pendant lequel elle se rend à l'hôpital de jour chaque matin entre 8h15 et midi, Caroline a perdu 4 kg. "Il n'y aucune pression sur le poids, on n'est pas dans la rapidité. Ils veulent que ce soit dans la durée. Cela ne sert à rien de perdre 20 kg en un mois si c'est pour les reprendre dans quelques semaines", explique-t-elle. En effet, l'objectif est de changer le quotidien des patients par la suite. "Ce n'est pas une cure, c'est une rééducation", avertit la patiente. 

Combattre les discriminations 

Même si Caroline a le soutien total de sa famille et de ses collègues infirmiers, elle admet qu'il y a une discrimination de la part de la société envers les personnes atteintes d'obésité. "On nous recommande de faire du sport, et les magasins spécialisés n'ont parfois pas de grandes tailles, c'est incompréhensible", s'étonne-t-elle. "Il y a aussi le regard insistant des autres, et la honte de mon propre corps". D'autres patients racontent eux qu'ils ont déjà été victimes de remarques déplacées de la part de leurs médecins traitants. 

Grâce à l'encouragement des équipes du centre de rééducation, Caroline a repris confiance en elle. "J'ai rencontré des personnes dans la même situation que moi. C'est là que je me suis dit que je n'étais pas seule et que l'obésité n'est pas une honte, mais bien une maladie". 

Le centre de rééducation et de réadaptation a permis à Caroline de "revivre pleinement". Elle déplore toutefois de ne jamais avoir été avertie de l'existence de ce programme par les professionnels de santé. "J'encourage tout le monde à suivre ce type de programme, c'est vraiment bénéfique". 

Pour peut-être inciter d'autres personnes et surtout lutter contre l'obésité, une marche de 3 km est organisée, le vendredi 3 mars à 11h au départ de la Maison des sports à Haguenau. Chaussez vos baskets, médecins et patients vous attendent en nombre. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité