Adolescent, il pesait 107 kilos. Jérôme Tschirhart, 47 ans, s'est battu toute sa vie contre l'obésité. Doutes, rechutes, quête de sens, l'Alsacien devenu coach sportif raconte son histoire dans un livre "Le poids de ma vie". Son but: aider les gens à combattre un mal accentué par la crise du covid.
On dit parfois que c'est le mal du siècle. En 2016, l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, estimait que 39% des adultes était obèse ou en surpoids dans le monde, soit une proportion trois fois plus importante qu'en 1975. Et la crise sanitaire n'a rien arrangé, les Français ayant pris par exemple en moyenne 2,5 kilos lors du premier confinement, selon un sondage de l'Ifop réalisé en mai 2020.
L'obésité, la surcharge pondérale, Jérôme Tschirhart connait ça par cœur. "Je pesais 107 kilos quand j'étais adolescent", confie-t-il. Moqué par ses camarades de classe avant de devenir coach sportif, ce Haut-Rhinois de 47 ans originaire de Wittelsheim a voulu raconter son parcours dans un livre, "Le poids de ma vie", sorti en mars chez Terre en ciel éditons. Il s'y livre sans concession en racontant son histoire tourmentée, faite de victoires, de remises en question et de rechutes.
Mannequin, entraîneur de haut niveau... avant la rechute
"Ma vie c'est un peu un film, lance-t-il à propos de son parcours aux allures de montagnes russes. Gamin, j'avais réussi à perdre 40 kilos. Puis, j'ai passé un brevet d'Etat et un diplôme universitaire de préparateur physique. J'ai même intégré le staff des hockeyeurs de Mulhouse, les Scorpions, pendant sept ans. L'un des meilleurs clubs de France à l'époque. On a été notamment champion de France en 2005."
Prof de fitness diplômé, directeur d'une salle de sport à Paris, mannequin, il participe même en 2000 à une émission consacrée à l'obésité et animée par Jean-Luc Delarue sur France 2, Ça se discute. Voici l'extrait:
Tout semble aller pour le mieux pour Jérôme Tschirhart, jusqu'à ce qu'il perde ses deux parents en 2011. Son monde s'écroule. "Un immense traumatisme, se souvient-il. J'ai fait un blocage, j'ai été incapable de faire du sport et je me suis réfugié dans la malbouffe, en mangeant de la m..."
On a beau être le meilleur athlète du monde, si on ne sait pas pourquoi on court, on ne peut pas y arriver
Retour à la case départ. Tout devient dérisoire et il reprend rapidement tous ses kilos perdus. Des années d'efforts dilapidées en quelques mois. "Puis, un jour, je me suis mis à écrire. Une écriture thérapeutique d'abord, puis j'ai compris que ça donnait du sens à la manière dont je concevais la vie et le sport en général. On a beau être le meilleur athlète du monde, si on ne sait pas pourquoi on court, on ne peut pas y arriver."
La préparation mentale, pendant indispensable de la forme physique
C'est là qu'il se lance en parallèle dans la préparation mentale, passant un diplôme en 2018, tout en cultivant cette envie d'écrire et de partager. "Vouloir perdre du poids, faire un régime, se mettre au fitness, c'est bien mais ça ne suffit pas. Il faut un cadre mental et savoir qui on veut devenir. Autrement, on replonge", estime-t-il.
"On peut y arriver, j'en suis un exemple. Mon métabolisme est loin d'être idéal, je prends du poids facilement si je me laisse aller. Il y a des facteurs génétiques qui favorisent l'obésité. J'aimerais réveiller les troupes et faire comprendre aux gens qui souffrent que ce n'est pas une fatalité."
"Le poids de ma vie" s'attaque donc aussi à la "stigmatisation" dont peuvent être victimes les personnes obèses dans la société. Il est question également de l'addiction au sucre, à la malbouffe et à la façon dont s'en affranchir. Ce dernier aspect a particulièrement fait réfléchir Jérôme Tschirhart depuis qu'il a rejoint en janvier 2021 sa compagne américaine à San Antonio au Texas.
"C'est vraiment frappant, s'étonne-t-il. Aux Etats-Unis, on a de bons produits mais les gens mangent n'importe quoi et n'importe comment. Ce n'est pas un mythe, il y a énormément d'obèses et ils sont beaucoup plus larges encore qu'en France. A mes yeux, l'une des raisons de ce phénomène, c'est que les gens sont très stressés. Ici, ils ont peur pour leur emploi par exemple. Ça aussi, c'est un facteur important à prendre en compte."
Son objectif, former les coachs et repenser le fitness
Alors, comment lutter contre ce que les médecins considèrent comme un fléau provoquant diabète et maladies cardio-vasculaires? En outre depuis un an, nombre d'études démontrent aussi que les obèses présentent un risque plus élevé de faire des formes graves du covid-19.
"C'est là que les coachs sportifs sont à mon sens mal formés en France, alerte Jérôme Tschirhart. Il ne suffit pas de compter le nombre de répétitions dans un exercice de muscu ou de mettre au point des programmes de remise en forme, il faut s'intéresser aux gens, prendre en compte le côté humain, donner du sens. C'est ça que je veux mettre en avant."
Formateur dans deux écoles mulhousiennes et offrant ses services également sur le site Highcoaches, l'Alsacien reviendra bientôt dans sa région natale. Son objectif, c'est de penser le fitness autrement, d'ajouter à la sueur un peu de philosophie. Une histoire et des principes à retrouver dans "Le poids de ma vie", disponible en librairie ou sur le site de l'éditeur au prix de 19,90 euros.