En 2020, le club de foot de Zellwiller (Bas-Rhin) montait une première équipe de filles. Quatre ans plus tard, les effectifs ont explosé. Même les mamans s'y sont mises. Un vrai succès, grâce à une bonne ambiance, et tout le club en profite.
Le président Jean-Marie Risch n'en revient toujours pas. Pour le tout premier match amical de son histoire, en mai 2024, l'équipe senior féminine des SR Zellwiller a fait un tabac : 150 spectateurs au bord du terrain pour soutenir la bande de copines. "C’est du jamais-vu à Zellwiller, sourit-il. Quand notre équipe première masculine joue, il y a plutôt 20 ou 30 personnes. Là, il y en avait 150 ! Les parents, les grands-parents, les enfants, les copains… c'était magnifique."
Pas sûr qu'elles rencontrent à chaque fois un tel succès, n'empêche que cela veut dire beaucoup. Au club, les "mums" (c'est ainsi qu'elles se sont baptisées) font déjà partie des meubles, quelques mois seulement après leur "naissance". Il faut dire que leur entrain fait plaisir à voir. Leur bonne humeur est contagieuse. Elles sont heureuses d'être là, tout simplement.
"C'est génial ! On sort de notre zone de confort. C'est un vrai effort, car il faut tenir dans la durée sur le terrain. Et apprendre ! Au début, on ne savait même pas faire des passes. On est parties de zéro, c'est génial !", répète Élodie Valentin. Elle fait partie des pionnières, comme Laetitia Wachenheim : "C'est vrai qu'avec le boulot, les enfants, la maison, on ne prend pas forcément le temps de bouger. Et là, on y va ! Chaque mardi soir, avec le sourire."
Lors d'une soirée pizzas, les mamans ont décidé de se mettre au foot
Elles sont déjà près de 30 à s'entraîner une, voire deux fois par semaine. Impensable lorsque tout a démarré, par hasard, "sur un délire", pendant une soirée pizzas. À Zellwiller, le responsable de la section féminine, Sébastien Ledig, organise chaque mois des moments conviviaux pour les jeunes joueuses et leurs parents. C'est là que quelques mums ont décidé de s'inspirer de leurs filles.
"On s'est dit qu'au lieu d'attendre passivement pendant leurs entraînements, on pourrait jouer nous aussi. Ça a commencé comme ça... On était cinq, et maintenant, on est 30 !", s'étonnent encore Élodie et Laetitia, qui attendent déjà les premiers matches contre leurs enfants. Le groupe de mamans a commencé par marcher, avant se mettre à courir, puis de monter sur le terrain ensemble. Un vrai défi : "Ma fille joue depuis trois ans. Elle m'a dit « allez maman, viens jouer avec moi ». Donc j'ai sauté le pas et je suis super contente", confie Stéphanie Pfleger.
Cette légèreté et cet enthousiasme font la force du club de Zellwiller, qui a choisi de miser sur les féminines il y a quelques saisons. Sébastien Ledig a monté une première équipe en 2020, avec 11 joueuses de la catégorie U11 (9-11 ans). Quatre ans plus tard, les footballeuses sont huit fois plus nombreuses, 85 précisément, de 7 à 49 ans : "On a toutes les catégories, c'est vraiment chouette."
Jouer entre copines séduit les filles
S'il reconnaît que le jeu n'est pas tout à fait le même que celui pratiqué par les garçons, le dirigeant est un fervant défenseur du foot féminin : "C’est peut-être un peu plus lent, mais c’est beau quand même. Les filles ont davantage la niaque, elles ont envie de jouer et ne passent pas leur temps à se rouler par terre. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, elles répondent présent."
Avec d'autres bénévoles, il a organisé des campagnes de communication sur les réseaux sociaux et des journées "découverte" pour recruter. Le pari est gagné. Pouvoir jouer entre copines a incité beaucoup de filles à oser se lancer. "Avec les garçons, ce n'est pas pareil", estime Charline, qui veut faire taire tous ceux qui critiquent le foot féminin. "Je suis à l'aise avec elles, il y a une super ambiance", complète Élena.
La plupart des joueuses de leur catégorie U15 (13-15 ans) ont débuté ce sport relativement "tard", vers 13 ou 14 ans. Seules quelques-unes évoluaient auparavant et depuis toutes jeunes dans des équipes masculines.
Fort de son succès, le club a maintenant un autre défi à relever : trouver assez d'entraîneurs pour encadrer toutes ces footballeuses motivées et augmenter rapidement le niveau pour conserver les meilleures d'entre elles. Son engagement a été récompensé par la Fédération Française de football : les SR Zellwiller ont obtenu le "label Bronze" pour leur école de foot féminin.