Contrairement à ce qu'affirment de nombreux titres de presse, ce n'est pas une météorite qui a heurté le toit d'une habitante de Schirmeck (Bas-Rhin) début juillet 2023. Le musée de minéralogie de Strasbourg est formel.
L'information a fait le tour des médias français le 13 juillet 2023 : une météorite serait tombée sur le toit d'une habitante de Schirmeck (Bas-Rhin) au début du mois alors qu'elle prenait un café sur sa terrasse tôt le matin. Sauf que d'après le musée de minéralogie de Strasbourg, c'est tout simplement impossible.
La nouvelle aurait pu réjouir tous les passionnés d'astronomie. Voir une météorite atterrir sur une maison relève du quasi impossible, ces pierres tombant la plupart du temps dans des zones dans lesquelles personne n'habite. Elle aurait pu devenir la petite sœur des météorites d'Ensisheim et d'Orbey, les deux seules répertoriées en Alsace, respectivement en 1492 et en 2005.
Sauf que non. La pierre tombée sur le toit de cette maison de Schirmeck le jeudi 6 juillet 2023 n'est pas une météorite. "Au moins une fois par semaine, on a quelqu'un qui vient nous demander d'examiner une pierre, pensant avoir découvert une météorite. Et à 99% des cas, ce n'en est pas une", témoigne Barbara Gollain, responsable du musée de minéralogie de Strasbourg.
Aucune anomalie détectée ce jour-là
Pourtant, Thierry Rebmann, un géologue du secteur, penche vers la version de la météorite. "Ça ne correspond pas à une roche volcanique du secteur du val de Bruche. Vu le témoignage de cette dame, c'est probable qu'on ait affaire à une météorite, surtout que la roche a été chauffée très fortement."
Dans les jours qui ont suivi, plusieurs planétariums ont commencé à émettre des doutes. À Strasbourg, le réseau vigie-ciel, spécialisé dans la détection de météorites, indique ne rien avoir remarqué ce matin-là. Certains avancent la thèse de cambrioleurs qui jettent une pierre sur la maison pour vérifier que personne n'est à l'intérieur...
On ne retrouve aucun des critères qui caractérisent les météorites.
Barbara GollainResponsable du musée de minéralogie de Strasbourg
Au musée de minéralogie de la capitale alsacienne, aucun doute n'est permis. "On ne retrouve aucun des critères qui caractérisent les météorites", tranche Barbara Gollain.
Sur des vraies météorites, comme il en existe exposées au musée, on retrouve généralement une fine pellicule noire, appelée "croûte de fusion". Pour la roche de Schirmeck, ce n'est pas le cas. "Elle est remplie de plein de trous, de bulles. On ne retrouvera jamais ça dans une météorite. C'est un caractère rédhibitoire", continue la responsable du musée.
La forme ne correspond pas non plus. "Une météorite aura une surface plane et des angles émoussés. Aussi, elle va être dense et avoir une couleur différente entre l'intérieur et l'extérieur. Et rien de tout cela ne correspond !"
Alors, qu'est-ce qui est tombé sur le toit de cette maison ? Barbara Gollain penche vers une scorie. "Il en existe deux types : une scorie volcanique et une scorie sidérurgique, qui provient de l'industrie métallurgique. D'après les photos, on partirait plutôt vers ce type de scorie, d’autant qu'on en trouve beaucoup dans le secteur."
Dernier argument avancé : en raison de la vitesse à laquelle tombe une météorite, estimée à 10 kilomètres par seconde, la roche aurait fait un trou dans le toit et n'aurait pas simplement rebondi sur les tuiles. Sur Twitter, un internaute s'amuse de l'histoire en saluant le savoir-faire des couvreurs alsaciens.
Reste maintenant à éluder un dernier mystère : comment cette roche est arrivée ici ? "Aucune idée, avoue la responsable du musée. Ça peut être quelqu'un qui l'a lancée sur le toit, je ne sais pour quelle raison. Est-ce qu'un oiseau peut transporter ça ? Je ne sais pas du tout ! "
Que faire si je pense avoir trouvé une météorite ?
Il existe en France un programme dédié à la détection d'objets qui entrent dans notre atmosphère : Vigie Ciel. Si une de ses caméras détecte une météorite, vous pouvez participer aux recherches dans la zone avec d'autres bénévoles.
Si vous avez chez vous une pierre mystérieuse, que votre grand-père affirme être une météorite, ou que vous avez découvert une roche mystérieuse, vous pouvez vous rapprocher du planétarium le plus proche de chez vous pour la faire analyser.