Passionnée du mont Sainte-Odile, elle raconte son histoire en BD

À 68 ans, Marie Thérèse Fischer est spécialiste de l'histoire du mont Sainte-Odile. Elle en connaît tous les recoins, la chronologie et les mythes à démonter. Avec l’aide d’un illustrateur, Christophe Carmona, elle raconte en bande dessinées l’histoire de ce lieu millénaire.

Marie-Thérèse Fischer, 68 ans et habitante de Wingen-sur-Moder, est passionnée d’histoire alsacienne. Plus particulièrement du mont Sainte-Odile, le célèbre monastère fondé au VIIe siècle, visité par plus d'un million de touristes chaque année. Une passion à laquelle elle a consacré une thèse, après des études de théologie.
 
« Ça, c’est ma thèse ! 750 pages ! Annonce-t-elle, saisissant un épais ouvrage. Puis pointe la bande dessinée, juste à côté. On arrive ensuite à ces 48 pages qui sont là. Une bonne cure d’amaigrissement ! »
 
Cette historienne locale est tombée dans la bande dessinée il y a huit ans, lorsqu’elle a été contactée par les éditions su Signe. Elle a déjà réalisé plusieurs albums de la série « Cette histoire qui a fait l’Alsace », avec l’aide de Christophe Carmona, illustrateur.

 


Historienne et dessinateur, main dans la main

Pour le Mont Sainte-Odile, au-delà des faits historiques qu'elle connait sur le bout des doigts restaient donc à tout mettre en image. Pas si simple :« Le premier dessin à vue [du monastère] est de 1646 : ça fait quand même vieux. D’autre part, on a quand même des descriptions de voyageurs. On sait par exemple qu’il y avait une église, dont en ne sait pas à quoi elle ressemblait, une croix sur la terrasse aussi ». Mais pas question pour l'historienne de transiger avec la réalité.
 
Le Mont Sainte-Odile, plusieurs fois reconstruit et sans cesse transformé, a été fondé par le père de la sainte au VIIe siècle. Mais les premiers écrits parlant du lieu ne datent que du Xe siècle. Elle ne commencera donc son récit qu'à cette époque-là.
 
Pour créer les bandes dessinées, ce travail en duo est une machine bien huilée. L'illustrateur reçoit pour chaque case le texte à insérer, ainsi que de les indications détailléessur les scènes à représenter, l'architecture des lieux et les costumes. Il doit surtout s'adapter.
 
Celui-ci détaille la construction de la couverture. « Marie-Thérèse se rend compte qu’ici, il y avait forcément un autel, dont on ne connaît pas encore l’aspect. Donc j’ai rajouté une jeune fille qui permet de cacher ce dont on n’est pas surs ».


L'histoire de l'abbesse qui faillit « griller comme une merguez »

Au fil des planches, Marie Thérèse Fischer entend surtout démonter les mythes et légendes qui entourent les lieux. En visite au Mont Saint-Odile, l’Alsacienne ne tarit pas d’anecdotes sur ce lieu millénaire.
 
L'incendie de 1546 qui détruisit totalement l'abbaye est parfois attribuée aux Protestants, textes à l'appui, elle livre une toute autre version. « C’est Agnès d’Oberkirsch qui était la dernière abbesse du monastère, qui était une petite vieille dame. Elle a voulu prendre un bain bien chaud, qu’on lui chauffe bien sa salle de bain. Mais on l’a si bien chauffée qu’il y a eu un feu de cheminée, et les flammèches sont parties sur les toits, faits de bardeaux de chênes. » Elle ajoute : « Elle a failli griller comme une merguez ! »

Marie-Thérèse Fischer s'intéresse autant à l'histoire ancienne de la bâtisse religieuse qu'à la contemporaine. En 2002, un cambrioleur amoureux des livres anciens en dérobe plusieurs centaines dans la bibliothèque du monastère. Pour commettre son larcin, il emprunte un passage discret et seulement connus de quelques initiés. De quoi attiser tous les fantasmes. 

« J’ai surpris des gens, en bas, des gens qui tâtaient des sculptures dans la chapelle, en pensant que ça allait faire pivoter en pan de mur pour libérer un souterrain, confie l’historienne. Eh bien non, il n’y aucun souterrain ! (…) Ce n’est pas un passage secret, ça ne servait pas à épier les décisions du chapitre, pour la bonne raison que le chapitre ne s’est probablement jamais tenu ici. »
 
Après huit ans de bande dessinée et 17 tomes publiés, Marie-Thérèse Fischer a décidé de faire une pause dans sa carrière de conteuse d’Histoire. L'histoire d'un lieu qui résonne avec celle, plus intime, de son auteur adoratrice perpétuelle et perpétuelle amoureuse du mont. « J’ai fait des expériences personnelles très fortes ici, des expériences spirituelles entre autres. J’ai l’impression que c’est un lieu qui m’aime ! »
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