Ludovic Frey est un jeune Strasbourgeois de naissance. Il dirige une petite boulangerie, L'Ami du Pain, à La Rochelle (Poitou-Charente), et veut faire officialiser un record. Celui de la plus petite boulangerie de France. Du monde? La demande a été faite au Livre Guinness des records, le 2 août.
Il a 24 ans, et le nom de famille qu’il partage avec un ancien maire de Strasbourg trahit ses origines. Ludovic Frey est alsacien. Et si on en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il est le gérant d’une petite boulangerie, L’Ami du Pain, au 43 rue du Cordouan à La Rochelle (Poitou-Charentes). Ce serait banal si cette boutique n’était pas tellement petite… qu’elle pourrait être homologuée par le très officiel Livre Guinness des records (Guinness World Records).
La demande d’homologation a été faite le jeudi 2 août, et il faudra attendre trois mois pour que quelqu’un vienne vérifier officiellement les mensurations de la boutique pour valider le record. Avec sa devanture de seulement 1,15 mètre, cette boutique vise la première place de la catégorie plus petite boulangerie du monde. Une catégorie qu’il faudrait créer pour l’occasion: les auteurs du célèbre livre n’y avaient pas pensé.
Nos collègues de France 3 Poitou-Charentes ont repéré ce commerce et le record original qu’il pourrait décrocher. De notre côté, nous avons contacté le gérant pour qu’il réponde à trois de nos questions.
Qui est cet Alsacien devenu rochelais ?
"Je suis né à Strasbourg, ma mère est née à Haguenau… On est partis de l’Alsace avec ma mère quand j’avais quatre ans pour suivre mon beau-père, mais tout le reste de la famille y est resté, donc on passe encore souvent leur rendre visite. J’ai fait des études d’horticulture et un apprentissage dans ce domaine à Disneyland Paris. Mais comme je ne trouvais pas de débouchés, mon beau-père m’a proposé de remplacer ma mère, qui était malade, à la tête d’une boulangerie qu’on venait de reprendre à La Rochelle. Aujourd’hui, elle va mieux, mais j’ai continué à gérer la boutique car j’y ai pris goût."
Qu’a cette boutique de spécial ?
"Avant qu’on reprenne la boulangerie en 2016, c’était déjà une boulangerie depuis cinq ans. Les clients restaient déjà dehors. Et encore avant, c’était une petite auberge peu chère, dont les plats étaient à 5 euros. Comme il n’y avait pas encore le laboratoire de la boulangerie, il y avait de la place à l’intérieur pour quelques tables et chaises. La boutique survit grâce au marché, qu’on livre en triporteur: sans lui, on s’en sortirait pas. On a très peu de place à l’intérieur, les déplacements sont un peu compliqués pour Maxime [Poirier, le boulanger] et Basile [Gueichers, l’apprenti]. Donc on envoie la marchandise toute chaude au marché, le plus rapidement possible. C’est un peu Fort Boyard!
On est à l’opposé du secteur touristique, ça aide pas trop. On vend des sandwiches, c’est pratique pour les lycéens qui étudient à côté. Et aussi des spécialités alsaciennes, comme des bretzels ou des kougelhopfs. De nombreux retraités alsaciens habitent à La Rochelle, et ils sont contents de pouvoir retrouver ces spécialités chez nous, surtout au marché."
Pourquoi vouloir faire de son enseigne la "plus petite boulangerie du monde"?
"J’ai cherché dans le Guinness s’il n’y avait pas de plus petite boulangerie du monde… j’ai juste trouvé le plus petit skate-shop du monde. Ce serait une manière d’être reconnus dans le monde entier. Les gens viendraient devant la façade pour faire des photos, ils diraient: "Regardez, j’ai vu la plus petite boulangerie du monde!" C’est insolite, c’est marrant: ce serait une nouvelle attraction à La Rochelle. Et ça permettrait de mettre en valeur le quartier. On aura peut-être plus de monde, c’est vrai que depuis quelques jours, des curieux viennent nous voir. Mais on ne pourra pas produire plus. Ni agrandir: sinon, plus de record!"
Originellement tourné par les journalistes Florent Loiseau et Joël Bouchon de France 3 Poitou-Charentes, et monté par Marion Reiler ; le reportage sur cette petite boulangerie a été repris au journal télévisé de France 3 Alsace (présenté par Caroline Moreau).