Schiltigheim, troisième ville du Bas-Rhin avec 31.894 habitants, avait enregistré un faible taux de participation lors de ses élections anticipées de 2018. Ce dimanche 15 mars, ses électeurs pourraient marquer le pas de l’abstention. Les explications du politologue Richard Kleinschmager.
A 17h, la participation dans le Haut-Rhin est fortement en baisse : 31,87 %, soit plus de 20% d'écart avec le taux à la même heure aux municipales de 2014 (52,24 %).
À midi, la participation dans le Bas-Rhin est à la baisse avec 16, 93 % soit plus de 2 points de moins que lors des dernières municipales en 2014 à la même heure.
En ce dimanche d’élections municipales, comme toutes les villes françaises, la cité des brasseurs a les yeux rivés sur la participation. En pleine crise sanitaire, alors que selon un récent sondage Ifop, 28% des Français pourraient ne pas aller voter, le contexte politique national pourrait aussi déteindre sur le scrutin local.
Au bureau numéro 8 à Schiltigheim, cinq assesseurs étaient absents, dans le deuxième plus gros bureau de la ville.
« Nous sommes dans une tendance générale de montée de l’abstention. Dans le cadre des élections nationales, on constate une défiance croissante envers les partis politiques, des dissidences de plus en plus marquées au sein même des partis, notamment des partis traditionnels qui se trouvent également bousculés, qui ont du mal à affirmer leurs existence. Les repères traditionnels sont mis en cause et ça pourrait également se traduire dans cette élection de proximité » décrypte Richard Kleinschmager, politologue.
Richard Kleinschmager est politologue, géographe, professeur émérite de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg.
Suivant ce constat, comment les 18.523 électeurs schilikois inscrits sur les listes vont-ils se mobiliser ? « Les milieux populaires ont toujours moins voté que d’autres. L’abstention a parfois été un vote de protestation. C’est une façon de dire : l’offre politique ne me convient pas. Je ne trouve personne susceptible de me représenter. En conclusion, à Schiltigheim, qui concentre un fort taux de population issue des classes populaires, on peut s’attendre à une abstention non négligeable», analyse encore Richard Kleinschmager.
Cette année, la pandémie de Covid-19 pourrait jouer un grand rôle. Selon un récent sondage IFOP, 16% des français envisageraient de ne pas voter pour les municipales de 2020 à cause du virus. Une situation inédite qui pourrait, logiquement, profiter aux conservateurs et aux partis extrêmes.
“Très faible participation” en 2018
Les élections partielles de 2018, organisées après la démission d’un tiers du conseil municipal, avaient relativement peu mobilisé. Le taux de participation s’était établi à 36,3% seulement. « C’était une très faible participation. Ça fait une abstention qui est de l’ordre de 65%. Généralement aux municipales, nous sommes aux alentours de 35 à 40%. Mais dans le cadre d’une élection qui n’était pas programmée, une élection de rattrapage, il est difficile de mobiliser une large part de population » précise le politologue. Danielle Dambach, candidate victorieuse, avait obtenu 54,5% des voix contre 45,5% pour le Républicain Christian Ball, à l’origine de la fronde et du scrutin anticipé. L’élue écologiste était ainsi devenue la première femme maire de Schiltigheim.La liste des candidats
- Christian Ball (LR)
- Danielle Dambach (EELV)
- Denise Grandmougin (Lutte ouvrière)
- Francis Guyot (Divers)
- Hélène Hollederer (LREM)
- Raphaël Rodrigues (DIVERS)
Carte d’identité
- 31.894 habitants
- 4169 hab/km2 – la plus forte densité de l’Eurométropole
- Taux de pauvreté : 24% (13,1% pour le Bas-Rhin)
- Revenu médian : 17 856 euros (21772 euros pour le Bas-Rhin)