Coronavirus : comment leur vie d'entrepreneurs est chamboulée

Hervé et Stéphanie sont chacun à la tête d'une PME. Ils ont respectivement sept et vingt-cinq employés. A cause du Covid 19, elle a dû fermer son salon de coiffure et d'esthétique, lui fait télé-travailler l'essentiel de ses employés. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Hervé, quarante-quatre ans, est patron d’un groupe d’entreprises en informatique à Sélestat, en Centre-Alsace. Il emploie vingt-cinq salariés. Une de leurs activités consiste à imaginer, concevoir, créer des logiciels pour d’autres entreprises, d’en assurer l’installation et le suivi. Ils font ce qu’on appelle du « B to B », soit du « Business to business » ou des affaires entre entreprises.

Stéphanie vient de fêter ses quarante ans, elle dirige depuis douze ans un salon de coiffure et de soins esthétiques à Plobsheim, dans le Bas-Rhin. Elle paie pour son espace, un loyer mensuel à un propriétaire privé. Suite à l’annonce du confinement, pour freiner, voire arrêter la propagation du coronavirus /covid 19, elle a dû mettre ses sept salariés au chômage technique. Couper les cheveux, poser de faux-cils, raser une barbe ou faire un soin du corps…ça n’est simplement pas possible par télétravail. Avec elle, cela fait huit personnes qui ne peuvent pas travailler. Aucune entrée d'argent donc.


Premières réactions et questions, suite à l’annonce de confinement imposé par l’épidémie

Stéphanie :« Je me suis posée beaucoup de questions dès le premier discours du président de la République, et puis samedi, il y a eu l’annonce par le premier ministre de la fermeture des bars et restaurants dès minuit et, dans la foulée, celle de -tous les commerces non indispensables à la vie du pays-. Je m’étais demandée si on allait être impactés, là c’était confirmé ! »

Annonce par le Premier ministre Edouard Philippe, de la fermeture des lieux publics non-essentiels


Chômage technique ou congés ?

Mes premières réflexions : «Comment je fais pour mes employés ? Je les mets au chômage, en congés ? Puis j’ai compris que le chômage partiel serait possible, alors j'étais rassurée, pour eux ça va aller. J’ai vu que pour l’employeur, les reports de charges seront possibles, mais il y aura quand-même un manque à gagner. Là, on entre dans la période de Pâques, c’est une période où on fait un bon chiffre d’habitude, en coiffure et en esthétique… Mais bon, l’essentiel est que ce virus diminue. Je n’ai pas peur de ne plus avoir de monde après, on est tous dans le même bateaux …on fait comme on nous dit.

Certains frais continuent

C’est sûr que l’impact sur une entreprise, si elle est faible et mal gérée, doit être terrible. Car certains frais continuent : le loyer, on continue à le payer pour l’instant. Les frais fixes comme l’électricité, les charges comme l’eau, bien sûr, il y en aura moins... Mais les fournisseurs qui nous ont déjà livrés, il faut les payer, il y a le prêt bancaire pour des travaux réalisés dans le salon, la location d’un des appareils en esthétique. J’ai été livrée d’une commande de produits récemment, et maintenant c’est un stock qui dort.C’est le cumul du tout qu’il va falloir prendre en compte.On verra après l’impact. »

La reprise, vous y pensez dejà ?

«  Il y aura beaucoup de travail, car après cette période tout le monde voudra venir. Pour l’instant j’appelle les gens qui avaient rendez-vous, pour leur assurer une place au moment du redémarrage. J’ai une grande équipe, mais quand on va reprendre, il y aura du boulot ! En plus, tout le monde a prévu des vacances, on risque même de manquer de personnel. On s’adapte, on voit. Je serai heureuse de reprendre une vie normale, mais il y aura un avant et un après. »

Réécouter les discours d’annonce de restrictions, puis de confinement, liés au Covid 19

Pas le temps de s'organiser


Hervé :« C’était vraiment brutal. J’ai pensé aux restaurateurs qui n’ont pas eu le temps de se préparer à ces fermetures. Et finalement, nous non plus n’avons pas eu le temps de nous préparer. Nos instances auraient dû communiquer en amont… on nous a avertis trop tardivement. Dès que le Ministre de l’économie, Bruno Lemaire a annoncé un report ou une annulation des charges Urssaf, nous avons envisagé cette solution. Une partie de notre équipe pourrait bénéficier du chômage partiel. Concernant le report annoncé de l’impôt sur la société, c’est bien, mais la tva de février est due. Quant à l’annulation de l’impôt, elle me parait difficile à tenir, quelqu’un devra bien payer au bout du compte. »

Les fournisseurs de logiciel ne peuvent-ils pas eux-mêmes télé-travailler facilement ?

« Evidemment oui.  90% des collaborateurs ont été en télétravail au lendemain de l’annonce, mais pour combien de temps ? Ma société, Progys, est un groupe de sociétés dans les métiers du développement spécifiques de logiciels, du conseil, du service en infrastructures informatiques. Notre bureau d’étude continue à créer des programmes, mais comment les livrer à des clients en incapacité de les recevoir ?
L’activité de services,elle, aété fortement sollicité la première semaine pour équiper nos clients en solutions de télétravail. La mise en œuvre du télé-travail nécessite pour certains clients des matériels qu’ils n’ont pas.Or un approvisionnement en matériels informatiques spécifiques peut prendre plus d’une semaine…La majorité de notre matériel provient d’Asie et nos fournisseurs n’ont plus de stock. Les délais de livraison sont actuellement longs, si toutefois nos fournisseurs eux-mêmes sont encore, ou de nouveau, ouverts.

L'activité économique globale est impactée

Le risque pour nous est de subir une réelle baisse d’activité dans les prochaines semaines. L’activité économique générale est suspendue, donc la majorité de nos prestations aussi.
Même dans l’immatériel c’est compliqué, car nous sommes aussi directement liés à nos clients. »
Les aides dont on aura besoin (Les prêts des banques aux entreprises seront garantis par l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros)

« Nos clients sont des petites et moyennes entreprises. Nous avons donc des encours (sommes d’argent mobilisées mais pas encore récupérées ndlr) qui aujourd’hui grandissent, car les entreprises elles-mêmes n’ont plus systématiquement les moyens de nous payer. Nous avons entendu parler de l’aide BPI,(Banque publique d'investissement) et la CCI et le Médef nous communiquent des informations. Les banques et le comptable nous informent et conseillent également, mais c’est à nous de trouver la solution adaptée à notre situation. Sur l’une de nos entreprises, la facturation de mars sera faible, donc un emprunt peut s’avérer nécessaire.

La reprise ?

« La reprise est attendue impatiemment, mais sera peut-être compliquée. Quand l’activité redémarrera, les entreprises auront-elles encore des fonds? L’inactivité actuelle fait fondre des trésoreries nécessaires à un fonctionnement normal. Il faudra un temps pour relancer le commerce, les études et les productions. Et il faudra le soutien des banques.
Se pose aussi la question des congés des salariés. Il nous faudra tous être au rendez-vous du redémarrage. Cette situation inédite aura un impact réel sur nos entreprises.»

                       
>A lire aussi : 
Coronavirus : la région Grand Est promet d’assister les entreprises en difficulté. 
> La Région déploie un bouquet de solutions pour accompagner les entreprises face à la pandémie.
Les aides du conseil régional
En étroite relation avec l’État et les partenaires concernés (Bpifrance, agences de développement économiques), la Région Grand Est propose un ensemble de dispositifs pour accompagner les entreprises impactées :

un « Prêt Rebond », à effet immédiat, pour soutenir les entreprises en difficultés conjoncturelles liées à une baisse d’activité ou à une perte de chiffre d’affaires (rupture de la chaîne d’approvisionnement, diminution d’activité, annulation d’événement, etc.) et leur permettre de contribuer au maintien de leur trésorerie pendant la période de crise. La Région mobilisera dans un premier temps 25 millions d’euros.

Un seul point d’entrée pour les entreprises :  ge.pole3e@direccte.gouv.fr
En cas de besoin, contacter la Région Grand Est: pacte.tresorerie@grandest.fr
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité