La famille de Merter Keskin, mort lors de sa garde à vue au commissariat de Sélestat, veut la vérité sur la nuit du 13 janvier 2021

Le 13 janvier 2021, au petit matin, Merter Keskin meurt au commissariat de Sélestat (Bas-Rhin), en garde à vue. Une première expertise pointe une intoxication à la cocaïne vite nuancée par "Libération" qui, vidéos de caméra de surveillance à l'appui, met en évidence un plaquage ventral pratiqué par quatre policiers. Aujourd'hui, la famille veut la vérité.

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Le 12 janvier 2021 Merter Keskin vient voir ses filles chez son ex-compagne à Sélestat. L'homme, sous le coup d'une interdiction de l'approcher suite à des violences conjugales tarde pourtant à partir. Elodie Hugel patiente, elle le laisse profiter de ses enfants. Vers quatre heures du matin, elle se résout finalement à appeler la police. Un geste que, elle l'ignore encore, elle regrettera toute sa vie.

"ll est rentré dans la chambre des enfants pour sauter parce que c'est l'endroit le moins haut. Je pense qu'il a eu peur de la police et qu'il a voulu s'échapper. Je l'ai vu sauter par la fenêtre et retomber sur ses pieds. Il ne s'est pas blessé" raconte Elodie Hugel, son ex-compagne.

S'en suit une course poursuite avec les forces de l'ordre qui l'arrêtent. Sur les vidéos du commissariat que s'est procuré le journal Libération, Merter Keskin arrive vers 4h25 menotté et la bouche en sang au poste. D'après les témoignages des agents présents ce soir-là, ce dernier se serait plaint d'avoir "mal au cœur".

Une vidéosurveillance qui sème le doute

L'homme est conduit en cellule. Là, les images de la caméra de surveillance sont plus confuses. On y voit quatre policiers qui tentent d'enlever les menottes de Merter Keskin, allongé sur le ventre, sur le banc. Le plaquage ventral aurait duré 3 minutes 30, les policiers ne possédant pas la bonne clé.

Quand, enfin, ils relèvent Merter Keskin, ce dernier semble sans connaissance. Les policiers puis les secours tentent de le réanimer. En vain. Le décès est constaté à 5h. "Je suis allée au commissariat le matin, en pensant qu'il avait passé la nuit en garde à vue. Ils m'ont expliqué qu'il y avait eu un incident, un petit incident, qu'il était décédé d'une crise cardiaque. Un journaliste de Libération m'a informée de ce qui s'était passé au commissariat. Il a été malmené en fait" poursuit Elodie Hugel.

Le parquet de Colmar ouvre alors une enquête pour rechercher les causes de la mort. Une première expertise médicale conclut alors à une "intoxication potentiellement létale à la cocaïne." Le magistrat instructeur ordonne pourtant une expertise supplémentaire, confiée à un collège de médecins, qui n'a pas encore rendu ses conclusions.

Près de 17 mois après le drame, la famille veut comprendre ce qui s'est réellement passé. Le plaquage ventral a déjà été mis en cause dans plusieurs décès dont ceux d'Adama Traoré, et de Cédric Chouviat.

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