"Si je ne pouvais plus produire de tabac, ce serait compliqué", face au changement climatique, des agriculteurs réfléchissent aux fermes du futur

Année très humide pour le tabac atteint de maladies
Sujet Rund Um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

De nouvelles méthodes et des diversifications des productions sont à l'essai chez sept agriculteurs d'un même secteur géographique. Face au changement climatique, ils cherchent à trouver les bonnes solutions pour garantir la rentabilité de leurs exploitations dans les prochaines années.

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Dans ses rangées de tabac, Matthieu Litt, ne peut que constater les dégâts : des feuilles pleines de tâches. "Ces taches indiquent la présence de la sclérotinia, un champignon. Elles sont dues à la pluie 
omniprésente cette année."

Année 2024 bien trop humide pour le tabac... Années beaucoup trop sèches par le passé... À Duntzenheim (Bas-Rhin), Matthieu Litt a dû s'adapter au changement climatique. Si cette année, il doit retirer les feuilles malades au moment du séchage dans ses fours, les années auparavant, il a dû faire face à la sécheresse. "En 2017 nous avons commencé à irriguer le tabac. Nous avons donc enterré des tuyaux dans les champs pour faire arriver l'eau depuis la nappe. C'est un système de goutte-à-goutte. Et donc chaque rangée de tabac à son tuyau qui irrigue les plants goutte-à-goutte. Le tuyau est enterré ce qui permet de ne pas gâcher d'eau."  

Du tabac blond destiné au marché de la chicha. Tabac sans lequel l'entreprise de Matthieu ne serait pas viable. "Je produis 30 tonnes de tabac par an. C'est mon objectif en tout cas. Cela représente 2/3 de mon chiffre d'affaires. Si je ne pouvais plus produire de tabac, ce serait compliqué. Il faudrait repenser toute ma production sur l'exploitation."  

Plusieurs scénarios à l'étude

Pour ne pas en arriver là, il a décidé, comme six autres agriculteurs du Kochersberg, de réfléchir à plusieurs scénarios qui pourraient être adaptés au changement climatique. "Nous avons imaginé différents scénarios et différents modèles de fermes : avec ou sans élevage, des fermes maraîchères,  des exploitations utilisant l'irrigation, etc.

L'idée étant de trouver les bonnes solutions pour poursuivre une production rentable. Dans sa ferme, Dominique Daul, lui, test l'agroforesterie. Il a planté arbres et haies au milieu de ses cultures céréalières à Pfettisheim (Bas-Rhin). "Quand il y a de gros orages, cette terre engendre des coulées de boue qui vont jusque dans le village. Les arbres sont là pour retenir la terre. La terre reste donc dans le champ  tout en laissant circuler l'eau. Avec les techniciens du comptoir agricole, nous allons aussi observer l'effet sur la température dans les prochaines années sur nos cultures."

Et nous observerons aussi l'évolution de nos notre maïs, blé, de nos betteraves autour de ces arbres.

Dominique Daul, éleveur

Y aura-t-il un effet ? Les arbres apportent-ils plus d'humidité à la terre ? Des points seront faits avec la Chambre d'agriculture dans cinq puis dix ans. "Et nous observerons aussi l'évolution de nos notre maïs, blé, de nos betteraves autour de ces arbres.

L'éleveur de bovins expérimente aussi les ventilateurs qui fonctionnent grâce aux panneaux solaires et qui améliore le bien-être animal. De son côté, Matthieu, lui, a décidé de se diversifier en semant colza, orge et tournesol. Et durant l'hiver, il opte pour les couverts végétaux qui protègent et nourrissent la terre. La terre est protégée et dessèche moins vite en été. "Ces plantes amènent du mulch qui va conserver l'humidité ce qui est très bien quand la terre devient trop sèche. C'est une bonne solution."

D'autres expérimentations de la sorte sont en cours dans le Haut-Rhin et en Suisse. Des méthodes qui vont être testées durant des mois. Les plus concluantes seront partagées à tous les agriculteurs qui le souhaitent.

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