Les commerces pourront ouvrir dimanche 4 Juillet : les Vitrines de Strasbourg ont obtenu l'autorisation de la préfecture. La CGT et la CFTC, qui avaient saisi le tribunal administratif pour s'y opposer, ont été déboutées. Les syndicats craignent une banalisation des ouvertures dominicales.
Et si l'ouverture des commerces le dimanche n'était plus une exception? C'est la crainte de plusieurs syndicats, parmi lesquels la CFTC et la CGT. Leur inquiétude est d'autant plus grande que les Vitrines de Strasbourg ont réclamé et obtenu auprès de la préfecture une journée d'ouverture le dimanche 4 juillet, premier dimanche des soldes.
Les syndicats avaient saisi en référé le tribunal administratif qui les a débouté "sans même prendre la peine de motiver sa décision" fulmine Laurent Feisthauer, le secrétaire général de la CGT. Pour lui, c'est le signe que les ouvertures dominicales sont en train de se banaliser, alors il est prêt à aller en cassation s'il le faut, dit-il, pour remettre la question sur la table.
Ouverture le 4, mais aussi le 11 juillet
Du côté des Vitrines de Strasbourg, l'association de commerçants du centre-ville, cette ouverture le 4 juillet doit permettre aux commerçants d'écouler leurs stocks, après les semaines de confinement dû à la pandémie. Absolument nécessaire, selon Pierre Bardet, le président des Vitrines de Strasbourg, qui a prévu de nombreuses animations afin d'attirer le chaland "d'autant que les bus et tramways seront entièrement gratuits pendant deux jours, le samedi et le dimanche" précise-t-il.
Les grands centres commerciaux seront ouverts, de nombreuses boutiques aussi. L'idée selon Pierre Bardet serait d'éviter la cohue du samedi, en étalant les possibilités d'achat le dimanche... voire, le week-end suivant. Il vient tout juste d'obtenir le feu vert de la préfecture.
La pandémie a bon dos.
Pour Laurent Feisthauer, ces arguments ne tiennent pas. Toutes les restrictions ont déjà été levées : plus de jauges dans les magasins, plus de limitations d'horaires, pour lui, c'est amplement suffisant. Et d'ailleurs "la pandémie a bon dos" dit-il. C'est devenu un prétexte pour pérenniser le travail du dimanche. Mais le porte-monnaie des consommateurs n'est pas extensible, et d'ailleurs, explique-t-il les gens n'achètent pas forcément. Ils viennent faire du tourisme".
L'ouverture le dimanche ne serait donc pas rentable pour le commerçant et dommageable pour les salariés, obligés de sacrifier leur vie de famille "car on sait bien que si vous n'êtes pas volontaire pour travailler le dimanche, vous êtes dans le prochain wagon de licenciement, c'est un faux volontariat" affirme-t-il.
Un mauvais calcul ?
Les syndicats soutiennent que l'ouverture des commerces les dimanches ne rapporte rien, ou pas grand chose. Dans le tout nouveau Shopping Promenade au nord de l'agglomération strasbourgeoise justement, les boutiques ont pu ouvrir durant les quatre dimanches de juin. Un mois mi-figue mi-raisin, à l'image de la météo, commente Jonas Schodel, le directeur du site.
De très fortes chaleurs, ou au contraire de la grisaille... Dans tous les cas, le rush des journées découvertes en mars (jusqu'à 30.000 personnes par jour) ne s'est pas reproduit. Même les soldes connaissent un démarrage assez timide "dans la fourchette basse de nos prévisions" admet-il, sans vouloir s'avancer sur les chiffres.
Et les fameux dimanches d'ouverture? Là encore, l'essai ne semble pas très concluant. "Nous avons eu une clientèle familiale qui voulait profiter des infrastructures (petit train, jeux, manèges) sans forcément dépenser", reconnait-il. Malgré ce constat, il ne regrette pas l'opération : "pour moi, l'objectif est atteint lorsque la famille a passé un bon moment. Les enfants vont inciter les parents à revenir, et il y aura forcément, à un moment, un achat d'impulsion." Autrement dit, les ouvertures dominicales du mois de juin ont été une façon de fidéliser un public, un investissement.
Eteindre la polémique
Pour Pierre Bardet, le président des Vitrines de Strasbourg, il faut dépoussiérer et harmoniser le cadre règlementaire. "Ce n'est pas normal que dans la quasi-totalité des communes d'Alsace, c'est le maire qui décide d'autoriser ou pas les ouvertures, alors qu'à Strasbourg, c'est la préfecture. Du coup, chacun tire dans son coin. Il faut siffler la fin de la récréation", dit-il. Ce qui permettrait de loger tout le monde à la même enseigne.
Lui a certes obtenu des ouvertures exceptionnelles pour les commerces du centre-ville de Strasbourg les 4 et 11 juillet. "Mais elles sont réellement exceptionnelles" souligne-t-il. "D'ailleurs, je m'engage à ce qu'il n'y ait plus d'ouverture dominicale avant la période de Noël. Je suis d'accord avec les syndicats, il faut que le dimanche reste un jour non travaillé." En attendant, il espère une belle affluence dans les commerces le 4 juillet, journée qu'il qualifie de stratégique.