Lianes, une association unique en France, propose la prise en charge d'un animal de compagnie lorsque son propriétaire ne peut s'en occuper momentanément. Ils proposent aussi des services à domicile et des vadrouilles dans les rues de Strasbourg. L'objectif est de préserver le lien entre l'animal et l'homme.
À chaque départ en vacances, de nombreux animaux de compagnie sont abandonnés sur le bord de la route. Pour ceux qui n'auraient pas les moyens de s'en occuper, l'association Lianes, située à Strasbourg, propose depuis 20 ans une prise en charge adaptée à votre situation sociale. L'animal sera accueilli dans un chenil mis à disposition ou dans une famille d'accueil. Elle peut aussi assurer des soins à domicile.
L'association, qui compte 13 salariés et plus de 200 bénévoles, assure d'autres missions : rencontres avec des personnes à la rue et de leur animal de compagnie, atelier de médiation canine auprès d'un public défavorisé, visites dans des structures comme les Ehpad, ou des établissements accueillant des personnes en situation de handicap.
C'est donc une belle panoplie de services que cette association propose. Il est également possible de demander la garde de son animal pour les vacances, néanmoins le tarif sera en fonction de vos revenus. Une personne en situation de grande précarité ne payera qu'un euro par jour. "Notre vocation, c'est de recréer du lien social et que les personnes puissent s'en sortir avant de pouvoir reprendre leurs animaux chez eux", explique Anne Trotzier, directrice de l'association.
Certains se tournent vers la SPA pensant qu’ils n’ont pas d’autres choix que d’abandonner leur animal.
Anne Trotzier, directrice de Lianes
Les gardes d'animaux à un tarif social bénéficient déjà, aujourd'hui, à plus d'une vingtaine de personnes. "Face à certains aléas ou accidents de la vie, comme la perte de logement, une hospitalisation, ou même une incarcération, les propriétaires d’animaux sont parfois démunis concernant la prise en charge de leur animal. Certains se tournent vers la SPA pensant qu’ils n’ont pas d’autres choix que d’abandonner leur animal", déplore la directrice.
Lors de leurs vadrouilles, les bénévoles rendent aussi visite à une trentaine de personnes SDF avec des animaux. Un planning chargé à quoi s'ajoute la visite d'une quinzaine d'établissements touchant près de 250 personnes.
Un témoin de la précarité galopante
Pour l'association, chaque été, c'est la même rengaine. Les bénéficiaires arrivent en masse, et l'activité bat son plein. Mais ce n'est pas ce qui inquiète le plus l'association. D'année en année, Lianes constate une précarité grandissante, avec des demandes urgentes. "On a des demandes de prise en charge tous les jours. Ce sont souvent des personnes aux problématiques multiples qui mettent davantage de temps à se régler. Il y a aussi des publics isolés ou des dépressions, et le Covid-19 n'a rien arrangé", ajoute-t-elle.
En étant sur le terrain, les membres de l'association constatent chaque jour les difficultés d'accès au logement dans l'Eurométropole de Strasbourg. "Même si on a un emploi, ça devient très compliqué. Le parc de logements sociaux se fait rare et les propriétaires sont de plus exigeants, que ce soit sur les salaires ou les garants, indique Anne Trotzier, il y a par exemple beaucoup d'hommes qui travaillent, mais n'arrivent pas à se loger". En 2022, l'association a parfois dû refuser des demandes par manque de place, notamment en famille d'accueil.
Lors des maraudes, l'association apporte son aide à de plus en plus de personnes sans domicile fixe, notamment en ville. "Certains ne trouvent même plus un travailleur social pour et les accompagner. Ils sont donc démunis".
Un manque de subventions et de bénévoles
Cette année, contrairement aux précédentes, certaines des partenaires financiers de Lianes leur ont signifié un report, voire un refus de subventions qu'ils accordaient jusqu'alors. "Sans subventions, notre association ne pourra pas tenir le coup longtemps", indique Muriel Koun, ajointe administratif de Lianes. Une seule subvention est tombée récemment, mais cela ne suffit pas à l'association pour assurer tout le travail effectué.
En cause, la hausse des prix de l'énergie et l'inflation. Plusieurs structures ou entreprises ont dû mettre la main au portefeuille, au détriment des subventions aux associations. "Pour essayer de compenser, nous faisons appel aux dons et nous essayons de dépenser le moins possible", déplore Anne Trotzier.
De leurs côtés, les bénévoles se font de plus en plus rares. "Nous avons de plus en plus de mal à recruter des personnes qui s'engagent. La problématique est que nos activités ne s'arrêtent jamais. C'est du 7 jours sur 7. Tout le monde ne peut pas", constate-t-elle. Malgré ces mauvaises nouvelles en cascades, l'équipe de Lianes assure avoir la niaque et vouloir préserver l'association. Une réflexion sur des nouveaux projets est en cours et viendra compléter leurs champs d'action.