Un petit cube de six faces qu'il faut manipuler pour rassembler les couleurs. Tout le monde en a eu un : un Rubik's Cube. Certains ne peuvent plus le lâcher, tellement accros qu'ils participent à des compétitions. Plongée dans cet univers qui donne le tournis.
On entendrait une mouche voler. Quelques cric-cracs insistants viennent, seuls, briser le silence de la salle polyvalente d'Eckbolsheim (Bas-Rhin). Bienvenue dans l'univers impitoyable du Rubik's Cube. Cet étrange univers où tournent les doigts et les têtes à 360°. Et quand il s'agit de dégainer le plus vite les quatre faces d'une même couleur, là on ne rigole pas. Le Bretzel Open n'est pas un jeu d'enfants mes amis.
40 ans et toute ses dents à facette
Ben non, ça ne nous rajeunit pas. Quarante ans que ce cube démoniaque nous en fait voir de toutes les couleurs. Pour ma part, je n'y suis jamais parvenue. Un jour peut-être avant que je n'aie de l'arthrose. Le Rubik'sCube. Vous vous souvenez de ce machin composé de 26 petits cubes de couleurs différentes, fixés sur trois axes de rotation ? Six faces monochromes à reconstituer jusqu'à en perdre la face oui.
Y en avait même des Master, des pyramidaux. Pour les balèzes. Les vrais.
Figurez-vous que ce jeu inventé par un prof hongrois particulièrement retors, très populaire dans les années 80 a fait son retour en grâce dans les années 2000. Il est même devenu une discipline reconnue dont les compétitions sont encadrées par la WCA (World Competition Association). C'est du sérieux là.
La Bretzel Open 2023 organisée ce week-end à Eckbolsheim (Bas-Rhin) fait partie de ces compétitions officielles. 80 compétiteurs, français pour la plupart, mais aussi suisses, allemands, canadiens, et même kazakhs s'y affrontent. Les épreuves donnent le tournis. Outre la classique 3x3 ( neuf cubes sur chaque face), la compétition propose des épreuves en 2x2 (quatre cubes sur chaque face), 5x5, 6x6, 7x7, en pyramide, en 3x3 d’une seule main, en 3x3 les yeux bandés… On joue dans la cour des grands quoi, même s'ils ont entre dix et 25 ans.
Une passion
Et comme souvent, les choses les plus sérieuses naissent de passions immodérées. Valentin Hoffmann organisateur de ce speedcubing ne pourra pas le nier. Lui le cubeur effréné. "Ce n'est qu'un petit cube oui mais une fois qu'il vous a, il ne vous lâche plus. Les gens pensent que c'est impossible à résoudre, c'est un mythe. Faut juste appliquer une méthode. C'est comme un instrument de musique : on s'entraine, on devient accro, on a toujours envie de s'améliorer et de battre son record puis celui du voisin. C'est une lutte constante pour aller plus vite. Comme un athlète sur le 100 mètres." Un vrai carré vicieux.
Tom Nehme, 15 ans est co-fondateur de l'évènement. "D'un jour à l'autre on tombe dans l'addiction. Tu essaies, tu réussis la première fois et puis tu veux faire plus vite, t'apprends les algorithmes. Je m'entraîne une heure par jour, plus le week-end. Je suis assisté par ordinateur qui me donne un mélange, un enchaînement. Je le fais ensuite des centaines de fois, en gros."
D'un jour à l'autre on tombe dans l'addiction
Tom, cubeur
Tant et si bien que Tom est capable de résoudre une combinaison en onze secondes. Il en connait près de mille. Encore loin du record du monde mais c'est pas mal.
Le mot de la fin sera pour Pierrick, 13 ans. "Le Rubik's Cube est un bon moyen d'entrainer la mémoire, la dextérité et de se dépasser. Il ne faut pas nécessairement être intelligent il faut par contre avoir une bonne mémoire pour retenir le plus de combinaisons possibles." Voilà décidément le sport parfait pour ma retraite de plus en plus lointaine. Mieux que l'application du docteur Kawashima.