Assises du Bas-Rhin : 20 ans de prison pour les deux accusés d'un meurtre lors du Nouvel An 2021 à Strasbourg

20 ans de réclusion : c'est la peine infligée, ce jeudi 23 novembre, aux deux accusés d'un meurtre commis la nuit du Nouvel An 2021, à Strasbourg. Le crime s'est produit sur fond de mésentente entre membres des communautés manouche et espagnole, quartier de l'Aéropostale.

"20 ans de réclusion criminelle", pour Jonay Hoffert, 25 ans. Même peine pour Christian Haas, 51 ans. Ces deux personnes étaient jugées depuis le 21 novembre aux assises du Bas-Rhin, pour le meurtre de Josué Gorreta. Un troisième accusé qui comparaissait libre, Gérard Haas, est condamné à "5 ans de réclusion".

Le gitan espagnol et père de famille, âgé de 38 ans, avait été tué de 18 coups de couteau. Le crime s'était produit dans la nuit du 31 décembre 2020 au 1er janvier 2021, pendant la soirée de la Saint-Sylvestre. Plusieurs autres participants avaient aussi été blessés, au cours d'une rixe généralisée entre communautés manouche et espagnole.

Le délibéré a débuté peu après 15 heures, pour se terminer trois heures plus tard. C'est la fin d'un procès qui a duré trois jours, pendant lequel les responsabilités ont été difficiles à établir.

Difficultés des preuves pour le procès

L'avocate générale le reconnaît dès le début de son réquisitoire : "L'enquête n'était pas facile." Avant de se prononcer sur les peines, elle décrit sa version de cette nuit violente. "À 6 heures 45, quand les pompiers et policiers arrivent sur place, c'est une scène de chaos avec une cinquantaine de personnes dans la rue. On retrouve des cartouches de fusils, des déchets de feux d'artifice et des flaques de sang de partout. Un mort et trois personnes grièvement blessées", détaille la magistrate.

Une "altercation" est survenue sous un chapiteau où avait lieu la fête. "Le frère de Gérard Haas jette une bouteille sur la voiture de Josué Goretta. Les gitans espagnols partent, et les manouches alsaciens les rejoignent. Jonay Hoffert et les jumeaux Haas s'acharnent sur Josué Goretta", complète la représentante du ministère public.

Même s'il est impossible de déterminer exactement qui a porté les coups mortels, il s'agit d'une "scène unique de violence" pour l'avocate générale. Autrement dit, ils sont tous les deux responsables de ce meurtre : "Il n'y avait pas d'ADN, ni de vidéo, mais le scénario n'est pas difficile à déterminer. Tout le monde était complètement alcoolisé, il y avait un mélange d'excitation due à l'alcool, de bêtise et de rancœur. Il y a tellement de témoignages que même si les personnes nient, elles sont responsables de ce meurtre."

Des témoignages fragiles selon la défense

Le prononcé du réquisitoire, puis de la peine finale, sur le fondement de témoignages, irrite la défense. Ce que rappelle l'avocat de Gérard Haas : "Il y a cinquante personnes qui ont été entendues. On est sur du témoignage et il n'y a pas de certitudes. On s'appuie uniquement sur la rumeur. Je demande donc l'acquittement de mon client", s'émeut Me Thomann.

Son confrère, Me Vacquez, représente Christian Haas. Il va dans le même sens : "Je demande l'acquittement. Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi lui et pas les autres ? Il y a des gens avec le sang des victimes sur eux. Des témoignages évoquent la présence de quatre, cinq, six personnes sur Goretta. Aujourd'hui, monsieur Haas est dans le box : doit-il payer pour un clan ?"

De son côté, l'avocat de Jonay Hoffert invoque "une enquête à l'ancienne, des témoignages de personnes ivres mortes". "On se base sur des témoignages et rien de tangible : voilà comment arrivent finalement les erreurs judiciaires", tonne-t-il. Il enjoint les jurés et les juges de "ne pas céder au chantage d'une condamnation, sans laquelle il y aurait des représailles, de ne pas céder non plus à la rumeur", et demande "le courage d'avouer qu'on ne sait pas". Le représentant de Jonay Hoffert plaide lui aussi "l'acquittement" de son client.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, les accusés ont l'occasion de prendre la parole. Jonay Hoffert s'excuse : "Je comprends la douleur des familles. Je suis désolé. Tout a commencé à cause de moi, mais je ne souhaite pas payer pour quelque chose que je n'ai pas fait." Christian Haas a déjà annoncé son intention de faire appel. D'après son avocat, Jonay Hoffert devrait "très probablement" faire de même.

Lors des procès aux assises, les accusés et le ministère public disposent de dix jours à compter du prononcé de l'arrêt, pour faire appel de la décision.

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