Autour de la visite du dalaï lama à Strasbourg, l'essor du bouddhisme en France

Environ 8000 personnes devraient suivre les conférences du dalaï lama lors de sa visite à Strasbourg lundi prochain. Preuve qu’en France, le bouddhisme ne séduit pas que ceux qui le pratiquent.

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Dans le petit temple du bois de Vincennes à Paris, près des offrandes de fruits et de lumière, un portrait du dalaï lama tout sourire rappelle l'aura du maître spirituel sur le bouddhisme tibétain, et au-delà.

Bernadette Ota, secrétaire générale du centre Kagyu-Dzong, se réjouit de la première visite en France depuis cinq ans du 14e dalaï lama, 81 ans, attendu à partir de lundi à Paris puis Strasbourg.

600 000 bouddhistes en France

"C'est un être d'exception - +Kundun+, la présence - qui incarne l'amour, l'espoir", dit cette ancienne catholique qui a fait sa "prise de refuge" - son engagement dans le bouddhisme - en 1987 en rencontrant Kalou Rinpoché (1905-1989), l'un des premiers maîtres tibétains ayant enseigné en Occident.

On estime à au moins 600 000 le nombre de bouddhistes en France, aux deux tiers d'origine asiatique. Les effectifs, approximatifs faute de statistiques, ont triplé en un quart de siècle, selon certaines sources. Parmi les occidentaux, le tantrisme tibétain, censé permettre d'atteindre l'éveil en une vie en empruntant le "véhicule du diamant", est majoritaire.

8000 personnes attendues à Strasbourg

Havre de paix loin des rumeurs de la ville, le temple du bois de Vincennes appartient à l'école kagyupa dirigée par le karmapa, autre moine "réincarné". Il ne dépend pas directement du dalaï lama, qui est de la lignée gelugpa. Peu importe pour ses fidèles. "Le dalaï lama est reconnu par toutes les écoles tibétaines mais au-delà par les bouddhistes et des laïques pour sa personnalité remarquable", dit Bernadette Ota. Signe de ce capital de sympathie : à Strasbourg, les interventions publiques du prix Nobel de la Paix 1989 réuniront près de 8 000 personnes, selon les organisateurs.

A Paris, le centre Kagyu-Dzong organise à l'année des rituels scandés par les cloches, le tambour et les cymbales, des entraînements à la méditation, des enseignements... "On prend un peu le bouddhisme à la carte. Certains vont venir écouter des enseignements, ils reviendront ou pas, mais il en restera quelque chose", veut croire la responsable. 

"Réponse à la souffrance" 

Elle, comme beaucoup, s'est engagée dans une relation de disciple à maître pour avancer dans sa quête spirituelle. Qu'elle pourrait résumer ainsi : "être bien en essayant d'être altruiste""Le bouddhisme est avant tout une réponse à la souffrance", explique Dharmacharini Vassika, responsable du Centre bouddhiste Triratna de Paris, dans le IXe arrondissement. Cette communauté non tibétaine s'emploie à adapter au monde moderne le dharma, l'enseignement du Bouddha.

"C'est souvent le développement personnel que les gens cherchent quand ils viennent ici. Mais le bouddhisme offre plus que ça: un chemin de transformation complet menant vers quelque chose de transcendant, au-delà d'une amélioration de sa petite vie de tous les jours", dit-elle avec une pointe d'accent anglais. Michelle, une infirmière qui fréquente le centre depuis deux ans, ne regrette pas son christianisme: "Aujourd'hui je me retrouve mieux dans le bouddhisme, une approche beaucoup plus libre. C'est un enseignement pour avoir une meilleure vie maintenant, on ne travaille pas pour notre salut".

"Le bouddhisme déspiritualisé en Occident"

Historien du bouddhisme, lui-même pratiquant dans son Périgord érigé en "petit Tibet de l'Occident" dans les années 70, Laurent Deshayes relève "une incompréhension de ce qu'est la méditation d'un point de vue bouddhiste, qui n'est pas un moyen de se détendre".

"On voit le bouddhisme transmis dans une forme déspiritualisée pour rappeler ses points fondamentaux: la bienveillance, la non-violence", note-t-il, alors que "si on n'est pas dans relation de maître à disciple, on n'atteint pas un certain point de méditation". Pour le reste, "l'étiquette" (zen, tibétaine, vietnamienne...) "importe peu", estime-t-il: "Ce sont juste des chemins d'expérimentation différents".
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