Un petit coup d'œil de l'autre côté de la frontière, direction la Belgique. Le pays a dépénalisé l'euthanasie il y a plus de 20 ans. Les demandes affluent chaque année auprès des médecins qui en acceptent la charge. Enquêtes de région vous propose des témoignages de personnes malades, de leurs familles et de médecins qui ont choisi de les accompagner dans leur choix de mourir dans la dignité.
C'est une émission ouverte sur les habitudes de nos voisins. Le Grand Est possède trois frontières. Avec l'Allemagne, le Luxembourg et la Belgique. En matière de santé, la Belgique a dépénalisé en 2002 l'euthanasie, permettant aux équipes médicales d'accompagner les malades incurables qui souhaitent mettre un terme à leurs souffrances.
Une équipe de France 3 Champagne-Ardenne est allée à la rencontre de ces médecins qui s'engagent dans ce soin ultime et accompagnent leurs patients et leurs proches jusqu'à la mort. Les journalistes ont recueilli les témoignages poignants de malades et de familles qui sont passées par cette épreuve ou la préparent.
Voici trois raisons de voir "Enquêtes de région : à saute-frontières" en lien ici.
1. Pour écouter le point de vue des familles
C'est Anne qui a accepté de témoigner. Anne est la veuve d'André, qui a eu recours à l'euthanasie le 14 mars 2024. Elle nous présente une photo d'André qui orne le buffet de son salon. "Je l'adore cette photo, je l'ai prise il y a quelques années ; il n'avait pas beaucoup changé." Elle désigne le portrait "je peux lui parler, comme ça".
Anne a accompagné André, atteint d'une maladie cardiaque, dans son projet d'euthanasie. "Il souffrait énormément moralement aussi parce qu'il était complètement diminué". Elle confie que la décision, c'est ensemble qu'ils l'ont prise. Puis, elle raconte avec une grande douceur le moment où André est mort. "Il regardait le soleil, il y avait des jonquilles qu'on avait cueillies dans le jardin… et puis tout le monde est venu l'embrasser". L'émotion étreint sa voix, mais elle continue son récit "en fait, il était heureux parce qu'il allait être délivré."
2. Pour écouter le point de vue du médecin
C'est un médecin qui a accepté l'idée qu'accompagner ses patients jusqu'au bout relevait aussi de sa charge. Jean-Marie Guiot, est le médecin qui a donné le dernier soin à André. Il revient prendre des nouvelles d'Anne. Pendant leur échange, Anne exprime sa reconnaissance "même si ça n'enlève pas la peine du départ". Le médecin explique sa méthodologie : "mon rôle, c'est d'écouter, de respecter le fait que monsieur et son épouse me donnent la conviction que ce que je ferai est vraiment une aide pour eux. Qu'on est arrivé à un moment de la vie de monsieur, où la dernière étape ne serait que souffrance."
Il forge ainsi sa conviction de médecin. "Je considère l'euthanasie, à ce moment-là, comme un soin".
Mais ce raisonnement n'étant pas évident d'emblée, pour le médecin retraité. "Je n'avais jamais imaginé ça, quand je me suis engagé dans les études de médecine. (...) Et puis la loi est parue et je me suis dit, je dois me former, je dois pouvoir répondre à l'attente des patients".
Il a vu les demandes d'euthanasie augmenter au fil des années. Alors que le nombre de médecins acceptant de prodiguer cet ultime soin n'augmente pas d'autant. Il forme désormais ses confrères pour permettre à chacun patients et soignants de trouver des solutions.
3. Pour assister à un entretien entre une équipe soignante et une patiente
À Namur, au centre hospitalier régional Sambre et Meuse, se tiennent à la demande de patients des consultations de fin de vie. Ces consultations réunissent patient, famille du patient, médecin, psychologue et infirmier. Afin de déterminer si les termes de la loi sont respectés et si la demande du patient de mettre un terme à sa vie est recevable. Les conditions sont les suivantes :
- le patient doit être atteint d'une affection grave et incurable
- la souffrance physique et/ou psychique doit être constante, inapaisable et insupportable
- la demande du patient doit être répétée dans le temps, doit être volontaire, sans pression extérieure.
La docteure Guiliana Zandona (médecin soins palliatifs), entourée d'une infirmière et d'une psychologue, reçoit ce jour-là une dame âgée et malade. Elle est venue accompagnée de son époux. Tous sont là pour l'écouter. Écouter sa demande de fin de vie, sa dernière volonté.
Une séquence forte en émotions. Pour expérimenter au fond de soi que la mort fait bien partie de la vie.
Un reportage de Maxime Meunier et Isabelle Griffon
"Enquêtes de région : à saute-frontières" à voir en intégralité ici