Favoriser la biodiversité dans son jardin, c'est simple comme bonjour

Avec tout votre talent de jardinier, si les petits animaux et insectes ne vous apportent pas leur contribution, votre jardin sera moins riche en fleurs et en fruits. Alors comment faire pour favoriser l'aide de tous ces petits contributeurs animaliers

Le jardinier amateur ou spécialiste que vous êtes conçoit d'abord son jardin selon son envie : plutôt potager, verger, plutôt décoratif ou un peu tout à la fois. En fonction de vos objectifs, vous allez prendre soin de votre sol, l'enrichir, bichonner vos légumes ou tailler vos rosiers. Mais il est désormais de bon ton de réfléchir aussi à votre apport personnel à la biodiversité : " Ne te demande pas ce que ton jardin peut faire pour toi, mais demande-toi ce que tu peux faire pour ton jardin", pourrait se dire le jardinier qui paraphrase John Fitzgerald Kennedy. (Article initialement publié le 20/01/2022)

Notre ami Éric Charton, expert jardinier et chroniqueur du podcast "on sème fort", a une vision très large du jardinage. Au gré de ses rencontres, il est amené à répondre aux nombreuses questions des jardiniers en mal de conseils. Notamment sur la biodiversité.

Voyez grand, voyez plus large

Et oui, au même titre que vous n'êtes probablement pas le seul habitant de votre rue, votre jardin a, lui aussi, ses voisins. Et si vous menez une quête vers plus de biodiversité, ce n'est pas à l'échelle de votre jardin qu'il faut la penser, mais à celle de votre rue, de votre quartier, voire votre village entier. Votre environnement ne s'arrête évidemment pas au niveau de votre muret d'enceinte ou de votre grillage. Prenez du recul. Sortez de votre cadre habituel. Vous n'avez pas la chance d'avoir un arbre, siège de biodiversité par excellence, mais votre voisine oui ; alors pas de panique, votre parcelle bénéficiera de ses bienfaits aussi. Les oiseaux insectivores qui y nichent sauront venir débarrasser vos petits fruitiers des voraces limaces en les becquetant. Vous les nourrissez, votre voisine les abrite. Une histoire de partage des tâches. Très tendance. Eric traduit cela à sa manière : " Quand on est un oiseau, on ne va pas manger là où on va dormir, tout comme le jardinier". Un sens aigu de l'observation.

Installez des zones refuges

Le grand principe pour accroître la présence de micro et macrofaunes dans nos environnements, consiste à créer des zones refuges différenciées. Toutes ces zones ne pourront pas être présentes dans votre seul jardin. D'où l'intérêt de les penser en mode rue ou quartier. 

Les différents habitats à créer, ou préserver sont les suivants :

      • Une zone de paillis de biodéchets (feuilles mortes, broyats de petits branchages,...)
      • une zone de prairie fleurie ou de fauche
      • une zone de haies vives (bosquet, petite friche, trogne,...)
      • des espaces " secs", comme des petits tas de pierres sèches, des murets, des galets
      • des espaces " humides" (mares, bassins, trous d'eau temporaires ou permanents,...)
      • un tas de bois, bien aligné ou en vrac ou un simple amas de branche
      • et enfin pour le côté déco, des nichoirs, abris ou hôtels à insectes.

Ainsi insectes volants et marchant, oiseaux, batraciens et autres lézards trouveront refuge chez vous.

Cela va sans dire, si vous vous lancez dans ce dessein écologique, la règle première est de n'utiliser que des techniques alternatives aux engrais et pesticides de synthèse. Rappelons que depuis le 1er janvier 2019, les jardiniers amateurs peuvent utiliser les produits de biocontrôle, les produits utilisés en agriculture biologique portant la mention Emploi Autorisé au Jardin (EAJ) et les produits dits à faible risque.

Il ne vous reste donc qu'à faire le tour du pâté de maisons enjardinées et à bien observer. Y a-t-il trop de zones bétonnées, minérales ? Y a-t-il assez d'arbres, et de quelles espèces ? Et ce voisin, qui n'entretient pas son espace, finalement, ne vous offre-t-il pas cette zone en friche, bien utile à tous ? Une façon de réinterpréter votre appréciation des espaces. Eric Charton y va de sa petite anecdote : il menait récemment un groupe dans les rues d'un quartier de Sélestat (Bas-Rhin), observant les jardins et les aidant à repérer avantages et inconvénients des espaces.

Arrivé devant un jardin plutôt mal entretenu, c'est-à-dire pas vraiment en mode Picobello, selon l'expression d'Eric, ni façon Edward aux mains d'argent- il en détaille à voix haute les intérêts pour la micro faune de tout le quartier. Surgit alors, de derrière une vaste haie dudit jardin, la bouillonnante propriétaire qui, s'adressant à son mari s'exclame " Tu vois chéri, le monsieur dit qu'on sert à quelque chose dans le quartier !" Une scène qu'on imaginerait bien dans quelques comédies de voisinage.

Tu vois chéri, le monsieur dit qu'on sert à quelque chose dans le quartier !

Une dame cachée derrière sa haie

Une fois votre inspection de quartier terminée, définissez avec les habitants qui vous entourent une répartition des espaces. Un espace de petits arbustes fruitiers sera suffisant pour accueillir les petits organismes de certains insectes, mais ne suffira pas à lui seul à attirer la macro faune. Si, dans le quartier, personne ne dispose d'un bassin ou d'une mare, créez une zone humide temporaire, autrement appelée jardin de pluie. Il apportera une biodiversité spécifique avec de petits batraciens, utile à toute la zone. Le voisin du bout de la rue chauffe sa maison au bois : grand bien vous fasse, les tas de bois sont des lieux refuges pour de nombreux insectes. Les arbres, taillés comme les trognes de saules têtards, ou non taillés avec leurs strates arborescentes, sont d'excellentes zones de biodiversité. Les rocailles sont des lieux d'accueil des lézards.

 Et peut-être que le vieil abri de jardin branlant, tout de guingois, que vous rêvez de voir s'effondrer, peut-être que vous allez le regarder autrement. Car il offre abri aussi aux petits rongeurs et c'est mieux qu'ils se réfugient là plutôt que dans vos combles, non ? Enfin, si vous souhaitez fabriquer vous-même votre hôtel à insectes, espérant accueillir l'abeille solitaire, Eric vous suggère de choisir un rondin de chêne ou un autre bois non fibreux. Percez-y un trou à la mèche jusqu'à ce que le bois brûle un peu afin que le trou soit le plus lisse possible. C'est ainsi que l'abeille préfère son abri. 

Une dernière chose, si l'entente avec vos voisins le permet, éviter de murer vos jardins : nos amis hérissons ne savent pas escalader les murets ni les palissades d'enceinte, un grillage légèrement rehaussé leur permettra de passer tranquillement d'une zone refuge à une zone de nourrissage. Tout au jardin est affaire d'échange, d'interdépendance et d'interaction. Cette solidarité naturelle vous fera peut-être voir différemment vos rapports avec l'entourage géographique et ses habitants petits et grands ! Peut-être que les querelles du type "c'est à vous de tailler vos haies, non ça dépasse chez vous" peuvent tomber aux oubliettes avec cette nouvelle approche des espaces. Ou peut-être pas, mais qui ne tente rien… Comme le dit Eric :" La complexité simplifie la relation humaine."

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