Le RC Strasbourg, qui a évité de justesse la relégation en fin de saison dernière, s'est bien renforcé cet été et son entraîneur, Thierry Laurey, espère "faire mieux" que la quinzième place obtenue, à l'arraché, en mai dernier.
Un gardien belge, Matz Sels, un défenseur central serbe, Stefan Mitrovic, deux milieux de terrain, Ibrahima Sissoko (ex-Brest) et Adrien Thomasson (ex-Nantes), voilà qui devrait solidifier l'effectif de Laurey et compenser le retour inévitable de Martin Terrier à Lyon. Sels et Mitrovic ont un souvenir commun: le titre de champion de Belgique 2015 avec La Gantoise. Ce tandem reconstitué peut devenir l'un des maillons forts du Racing, histoire d'éviter une série noire comme celle qui a plombé la saison des promus alsaciens: aucune victoire de la 26e à la 36e journée.
Pendant sa longue carrière de joueur, de Valenciennes à Montpellier, via l'OM, Sochaux et le PSG, Laurey a souvent bataillé. Idem comme entraîneur: à 54 ans, il entamera le 11 août à Bordeaux une deuxième saison consécutive dans l'élite. Du coup, forcément, sa cote grimpe dans le microcosme du football français. "Sincèrement je m'en fous, je ne suis pas carriériste", répond-il, alors qu'il sera en fin de contrat en juin 2019. "J'ai passé l'âge de me gargariser. Tu te grattes le nombril à 20 ans mais après... A mon âge, j'ai envie de réussir, mais je prends du recul avec tout ça." Avec trois relégations, un licenciement, 21 mois de chômage mais aussi quatre montées en L2 et L1, le parcours du technicien alsacien n'a pourtant pas été un long fleuve tranquille.
Le métier d'entraîneur a vite été une obsession pour le natif de Troyes. A 18 ans, il débute comme joueur pro à Valenciennes mais passe déjà ses premiers diplômes. En 1998, à Montpellier, dès la fin de sa carrière de joueur, il devient l'adjoint de Jean-Louis Gasset. "Sur le terrain je l'appelais le cerveau. C'est le type de joueur sur lequel tu pouvais t'appuyer, je savais qu'il deviendrait un bon entraîneur", a confié l'actuel coach de Saint-Etienne.
Coups de gueule et punchlines
Rudi Garcia, son homologue à Marseille, a fait chambre commune avec Thierry Laurey à Clairefontaine en 2006 pour passer le DEPF (Diplôme d'entraîneur professionnel de football). Ils se sont également affrontés à plusieurs reprises durant leur carrière de joueur. "Sur le terrain, il réfléchissait déjà comme un entraîneur", explique le technicien marseillais. Aujourd'hui, il a persévéré et bien lui en a pris car son travail a payé. Il a tout pour continuer dans ce métier." Pour continuer dans la même veine, un nouveau chantier difficile se présente à lui avec un seul objectif: le maintien, pour un club revenu rapidement sur le devant la scène après un dépôt de bilan en 2011.
"Ce sera encore dur cette saison pour nous, prévient Laurey. Etre dans les dix premiers, ce serait miraculeux. Si on termine 12e ou 13e ça me va. L'essentiel est de faire mieux." L'année dernière, Laurey a aussi fait parler de lui pour ses coups de gueule et ses punchlines tranchantes. "C'est pas la fête foraine. Ils ne vont pas venir au marché de Noël, les mecs. A part si vous leur payez du vin chaud et qu'ils sont un peu torchés. Je ne vois pas comment on va y arriver", lançait-il aux journalistes à la veille de la réception du Paris SG en décembre. Le lendemain, par un froid glacial, le RCSA faisait tomber Neymar et l'ogre parisien (2-1) pour la première fois de la saison dans un stade de la Meinau en fusion: Laurey, ou l'art de trouver les mots pour motiver ses troupes !