Grève de la faim des militants anti-GCO de Strasbourg : "ce n'est pas un jeûne, c'est un combat "

Les anti-GCO se sont donnés rendez-vous ce mercredi 31 octobre place Kléber. Ils étaient une petite centaine venus soutenir les grévistes de la faim qui entament aujourd'hui leur 10e jour de jeûne. De combat.

Ils ont les traits tirés de ceux qui mènent un dur combat. Ils ont aussi le regard de ceux qui ne renonceront pas. Je les retrouve assis sur des fauteuils pliants, trop faibles pour rester debout dans le froid. "Ils", ce sont les grévistes de la faim qui fêtent aujourd'hui un drôle d'anniversaire: leur dixième jour sans manger. Témoignages.
 

 

"Faibles dans nos corps..."

Je rencontre d'abord Jean-Jacques Spiess. Chapeau sur la tête, droit dans ses bottes, l'homme a l'air gaillard. Un peu trop au vu de la situation."C'est normal, je suis un petit nouveau. J'ai commencé la grève lundi. Trois jours sans manger, à boire de l'eau et de la tisane, ça va. D'autant que j'ai l'habitude du jeûne thérapeutique." Le président de l'association Arbres ( Association Ried Bruche pour le respect de l'environnement près de Strasbourg) a remplacé Jean-Jacques Pion. Forfait pour raison médicale. "On remplace un Jean-Jacques par un Jean-Jacques. Jean-Jacques (l'autre) a 79 ans, il a tenu une semaine, il était trop faible. C'était devenu dangereux."
 

Christine Ludes, elle, est sur les rotules. Ou plutôt assise, "les cheveux en bataille, excusez-moi" sourit-elle. "On ne veut pas qu'il arrive quelque chose à nos collègues. On a insisté pour qu'il s'arrête. Il a fait tout ce qu'il a pu. Se lancer là dedans à 79 ans, moi je suis admirative." Gustave Bourlier, combattant de la première heure comme Christine a lui aussi démissionné, "raisons familiales".
 

Ils sont donc huit aujourd'hui sur les dix de départ mais un autre comparse devrait les rejoindre sous peu. "Non, ces désistements ne nous mettent pas un coup au moral. Pas du tout. Le groupe c'est très important, on se soutient, on s'épaule. On fait chacun de notre mieux" rajoute-t'elle. 

Tous s'accordent sur l'extrême fatigue. Christine a perdu six kilos "Je me permets un café de temps en temps" rougit-elle. Maurice Wintz neuf. Michel Dupont quatre. "Seulement quatre kilos, mais j'étais déjà pas gros, j'avais pas de graisse à perdre. Du coup, ça tire sur les muscles et j'ai besoin de beaucoup de repos. Mais ça va." Sa fille venue lui apporter du réconfort, l'enlace, en pleurs.


Ma fille et ma compagne sont inquiètes. Me voir dépérir c'est dur. C'est normal. Mais on est suivi médicalement et il faut ce qu'il faut.

 
 

"...Forts dans nos têtes"

"On est faibles dans nos corps mais forts dans nos têtes", résume le vice-président d'Alsace Nature, Maurice Wintz. " Je suis fatigué mais motivé. C'est tout ce qui compte". Christine de renchérir "Ce n'est pas un jeûne, c'est un combat. C'est ce qui donne la force de tenir. On est tous des combattants à notre manière, nous on ne triche pas.
 

Au bout de trois semaines, il parait que les organes sont touchés. On est prêt à aller jusque là.
 

Un combat qui semble bien illusoire tant l'affaire semble pliée. "Tant que ce n'est pas perdu, on peut encore gagner", philosophe Michel Dupont." On continue pour une durée indéterminée, on verra bien dans quel état on sera."
 


"Oui c'est mal engagé", admet pourtant Maurice Wintz.  
 

C'est mal engagé mais on sème des graines pour le futur. 
 

"Quand on en est à s'affamer pour une cause, c'est qu'on ne défend pas simplement un pré carré. Ça va plus loin. C'est pour le futur. D'ici 2050, il fera 50° en Alsace, il faut éviter cela. Le GCO est un symbole du combat que l'on doit mener. Contre le tout voiture, pour la nature et l'environnement. Le but c'est d'alerter l'opinion publique et les responsables politiques sur les enjeux climatiques, pour changer les modes de vie. Le GCO est emblématique de ce que, justement, il ne faut pas faire. Il faut faire changer les mentalités: manger, produire, se déplacer ... pour laisser une planète saine à nos enfants, à nos petits enfants." 
 
 

"L'occasion pour Macron de montrer qu'il est humain"

Tous leurs espoirs, les grévistes, les placent désormais dans la visite d'Emmanuel Macron à Strasbourg dimanche 4 novembre.

Notre dernier recours

"Si Macron ne fait pas de signe vers nous, lâche Christine, c'est qu'il s'assied sur le climat et que tout ses beaux discours c'est du vent. Trump au moins est honnête, il ne donne pas de leçons au monde entier."

Les grévistes de la faim demande au Président un moratoire et à terme l'abandon du projet. Courtoisement, ils l'ont invité à venir boire une tisane (ou de l'eau) dimanche."Pour le moment on n'a pas de réponse. Peut-être qu'en visitant la cathédrale il aura une illumination. Et puis comme, il semble vouloir donner depuis peu un visage humain, proche du peuple, hé bien c'est l'occasion de le montrer" ironise Maurice. Et Michel de s'amuser: "Comme lui est fatigué par son travail et nous par notre grève, qu'il vienne donc se reposer avec nous. Passer une nuit avec nous. On sera Parc de l'Etoile à partir de 15 heures."  Une nuit à l'Etoile: on peut toujours rêver mais une tisane sans sucre, ça ne se refuse pas.
 
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