"Ils sont à bout de force" : une quarantaine de chauffeurs de bus d'un sous-traitant de la CTS en arrêt maladie

Depuis le lundi 4 septembre, plusieurs lignes de bus sont perturbées dans l'Eurométropole de Strasbourg. Des conducteurs du dépôt d'Illkirch-Graffenstaden, employés par l'entreprise Keolis, sont en arrêt maladie. Ils alertent sur des baisses de salaire et des conditions de travail détériorées.

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Le mouvement social dure depuis trois jours. À la surprise des usagers, et de la CTS (Compagnie des Transports Strasbourgeois), une quarantaine de bus n'ont pas pu circuler lundi 4 septembre, jour de rentrée. Depuis, les cars scolaires et les lignes 12, 22, 31, 41, 42, 43, 44, 45, 57, 62, 63 et 64 sont fortement perturbés. 

À l'origine de ces difficultés, un mouvement social chez Keolis-Striebig, une entreprise sous-traitante de la CTS. Ces conducteurs de bus sont répartis dans différents dépôts du Bas-Rhin, à Illkirch-Graffenstaden, Strasbourg, Molsheim et Brumath. "Entre 40 et 45 chauffeurs du dépôt d'Illkirch sont en arrêt maladie depuis lundi", explique Jason Munchetty-Chendriah, porte-parole du mouvement et responsable syndical Force Ouvrière (FO).

"Ils n'en pouvaient plus, ils sont à bout de force, à bout de souffle."

Jason Munchetty-Chendriah, responsable Force Ouvrière

La situation est floue puisque ces agents ne sont pas en grève. Selon Jason Munchetty-Chendriah, il faut voir ces absences comme une "alerte sociale". "Ils sont allés voir les médecins qui ont décidé en fonction de leur état de santé", rapporte le syndicaliste, également conducteur de bus.

"Une perte de 300 euros brut par mois"

La raison de ce mal-être au travail ? Un salaire qui baisse et des conditions de travail qui se détériorent, selon Jason Munchetty-Chendriah. La quarantaine de chauffeurs absents, qui travaillent tous pour le dépôt d'Illkirch, dénoncent également un traitement inégal par rapport à leurs collègues de Strasbourg. 

Tout a commencé en 2021. "C'est d'abord la prime casse-croute, d'environ 7 euros par jour, qui nous a été enlevée du jour au lendemain", se souvient Jason Munchetty-Chendriah, leur porte-parole. Depuis, ces chauffeurs en colère scrutent leur fiche de paie avec attention. Au fil des mois, ce sont plusieurs lignes du bulletin et autant d'avantages sociaux qui ont disparu, toujours selon le représentant FO. 

"Ils se sont arrangé pour nous enlever aussi les paniers repas (environ 9 euros), et la prime kilométrique, pourtant à Strasbourg, ils en bénéficient encore", s'indigne Jason Munchetty-Chendriah. 

"Depuis deux ans, on a perdu 300 euros brut par mois sur la fiche de paie. Alors que tout augmente avec l'inflation, nos salaires baissent."

Jason Munchetty-Chendriah, responsable Force Ouvrière

Amplitude horaire et coupures

Le mouvement social entend alerter sur des baisses de salaires, mais aussi sur l'épuisement des salariés. En cause, selon eux : des amplitudes horaires de plus en plus importantes depuis 2022, par exemple de 7h à 19h, avec des coupures dans la journée. "Quand vous avez une heure de coupure, vous n'avez pas le temps de rentrer chez vous, alors vous restez au dépôt, mais vous n'êtes pas payé", témoigne Jason Munchetty-Chendriah.

Selon lui, les chauffeurs strasbourgeois sont épargnés par ces coupures, ce qui leur permet d'avoir une moindre amplitude horaire dans la journée.

Du côté des cars scolaires, les conducteurs d'Illkirch regrettent de n'être payés qu'à 50% lorsqu'ils attendent une classe partie à la piscine ou à la cantine. Pareil pour les conducteurs des navettes électriques Flex'hop (transport à la demande) : "Ils ne sont pas payés à 100% lorsque la voiture est en charge, pourtant ils doivent surveiller le véhicule et ne pas s'éloigner", s'indigne Jason Munchetty-Chendriah.

"On ne transporte pas de la marchandise, on transporte des personnes, on a une responsabilité."

Jason Munchetty-Chendriah, responsable Force Ouvrière

Un rythme de travail qui entraine des problèmes de santé et d'anxiété chez les chauffeurs, selon leur représentant. "Ça devient très très compliqué, certains font des insomnies, d'autres ont beaucoup maigri."

"Une action regrettable"

Face aux absences simultanées de plus d'une quarantaine de chauffeurs lundi, l'entreprise Keolis - Striebig dit avoir "été surprise par une telle action un jour de rentrée scolaire". "Dès que les tensions ont commencé, la semaine dernière, des échanges ont eu lieu, mais a aucun moment il n'a été évoqué une grève ou des arrêts maladies", assure-t-on chez Keolis.

Le syndicat FO, quant à lui, soutient qu'il alerte la direction sur la situation depuis plus de deux ans. Dans un courrier datant de 2021 que France 3 Alsace a pu consulter, Jason Munchetty-Chendriah interpellait en effet l'entreprise. Il assure ne pas avoir reçu de réponse à ses "nombreux courriers"

Des échanges en cours

Interrogée par France 3 Alsace sur la différence de traitement entre les salariés de Strasbourg et ceux d'Illkirch, Keolis-Striebig n'a pas souhaité entrer dans les détails. L'entreprise assure qu'elle ne pratique "aucune discrimination entre les salariés des différents sites".

"Ce sont des revendications sociales internes sur des règles propres à l'activité qui peut être différente d'un centre à l'autre."

Keolis - Striebig

Par ailleurs, le groupe s'interroge sur la date de cette mobilisation. "On est dans un contexte d'élections professionnelles qui arrivent mi-novembre, le syndicat FO n'est pas représenté, ceci explique peut-être une volonté d'être représenté", conclut l'employeur. 

Impossible pour le moment de savoir si les perturbations se poursuivront dans les prochains jours. Keolis-Striebig précise que "des échanges sont en cours avec les différentes parties pour essayer de trouver une solution et sortir de cette difficulté".

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